Ecolo vert de rage

Le conseil communal de Mouscron (37 élus) est composé de 15 CDH, 10 PS, 6 Ecolo, 5 MR et 1 FN. Le CDH (5 échevins) et le PS (3) forment le collège échevinal. Et le CDH fournit évidemment le bourgmestre, Jean-Pierre Detremmerie.

Du côté d’Ecolo, principale force d’opposition, on ne mâche pas ses mots quand on évoque la collaboration entre la politique locale et l’Excelsior. Sylvia Vannesche, conseillère communale et secrétaire locale des Verts, réclame des comptes et des explications qui ne viennent pas :  » Notre parti a toujours soutenu le sport pour tous. Si la Ville possède un club de l’élite, il est logique aussi de l’aider, mais il faut alors que cela soit clair, transparent, connu de tous. Or, ce n’est pas du tout le cas à Mouscron. La majorité agit depuis longtemps par à-coups, fait ses petits coups en douce. Jusqu’en 2002, il était tout à fait impossible d’estimer le montant de l’aide communale dont bénéficiait l’Excelsior. Aujourd’hui, c’est un petit peu plus transparent parce que la Région wallonne s’en est mêlée, mais il reste quand même énormément de boulot. Nous savons au moins, maintenant, que la Ville met 14 équivalents temps pleins au service du club û alors qu’il y avait selon nous 39 personnes du staff communal en 2001, pour un montant total de 964.000 euros. Si le plan de gestion imposé par la Région wallonne est respecté, plus aucun agent communal ne devra travailler pour l’Excelsior à partir de fin 2006. Ne me demandez pas ce que font tous ces gens : c’est visiblement secret. Qui fait quoi ? Quand ? Aucune idée. Nous voyons aussi du personnel communal se rendre au stade pour faire des petits boulots qui devraient être payés par le club, mais ces prestations ne sont jamais facturées à l’Excel. Bref, si vous me demandez combien ce club coûte à la Ville, je ne peux pas vous répondre. L’opposition et la population ne voient sans doute qu’une toute petite partie de l’iceberg. Il faut savoir que la Ville prend aussi en charge une bonne part des factures de chauffage, d’eau, de téléphone, de matériel de bureau, de fournitures diverses, etc « .

On comprend que les élus CDH suivent leur chef de file. Mais que fait le PS ?  » Il marche dans le jeu du bourgmestre « , tonne Sylvia Vannesche.  » Et le principal argument de ce petit jeu est le sempiternel : -Mouscron est une vitrine grâce à l’Excel, il faut donc aider le club au maximum. Jean-Pierre Detremmerie répète régulièrement que l’Excel donne beaucoup d’emploi et qu’une faillite mettrait une centaine de personnes au chômage. Je ne suis pas en mesure de dire si ce club serait arrivé en D1 sans les aides communales massives. Tout ce que je sais, c’est qu’un club de première division doit être assimilé à une entreprise et que n’importe quelle entreprise a le devoir d’être viable sans l’apport du politique. Je signale que la Ville de Mouscron est, comme la plupart des communes, endettée depuis très longtemps (avec des emprunts pour un montant total de près de 57 millions !). Nous sommes sous tutelle. Il a fallu l’intervention du CRAC (Centre Régional d’Aide aux Communes), l’organisme de la Région wallonne qui met les communes sous tutelle, pour que l’aide politique devienne un tant soit peu transparente « .

Cette aide politique passe aussi par les prêts qu’accorde l’IEG : l’Intercommunale d’Etude et de Gestion est composée de représentants des communes de Mouscron, Estaimpuis et Comines. Mouscron étant logiquement la commune la mieux représentée à l’IEG, cette intercommunale compte un nombre important de CDH en son sein. Et le président de l’IEG est le président du PS local, qu’Ecolo accuse de marcher dans le jeu du bourgmestre !

Jean-Pierre Detremmerie est souvent allé frapper à la porte de l’IEG pour obtenir des prêts qui ont permis de sauver le club du naufrage.  » Le tout premier prêt accordé à l’Excelsior par l’IEG, en 2000, se chiffrait à 1,25 million d’euros… mais n’était pas remboursable en argent « , explique l’élue Ecolo.  » En guise de remboursement, le club s’engageait simplement à offrir des présences publicitaires (dans le magazine du club et autour du terrain), des repas VIP et des abonnements à l’IEG ! Les prêts concédés par la suite avaient au moins le mérite de devoir être remboursés en argent. Je dois signaler que les échéances ont toujours été respectées. Pour le tout dernier prêt, l’intercommunale a posé certaines exigences : cet argent ne pouvait servir qu’au paiement des salaires et des lois sociales. Elle a aussi obligé des actionnaires du club à se porter garants pour les prêts accordés à la SCRL. C’était un garde-fou indispensable car, sans cela, une faillite du club aurait signifié une perte sèche pour l’IEG. Maintenant, ne me demandez pas qui sont les administrateurs de cette Société Coopérative ou les sommes qu’ils garantissent : c’est un secret d’Etat. Pour moi, c’est surtout un déni de démocratie : on ne veut pas me communiquer ces renseignements alors que je représente Ecolo à l’IEG. Vous voyez comment cela se passe à Mouscron… Je viens d’ailleurs d’introduire un recours auprès du ministre Philippe Courard, ministre de tutelle des pouvoirs locaux et donc des intercommunales « .

Autre légende qui a la vie dure à Mouscron : les entreprises qui souhaitent s’installer dans le périmètre de cette commune sont priées d’aider indirectement son premier club de foot.  » Je n’ai aucune preuve mais c’est tout à fait possible « , conclut Sylvia Vannesche.  » Je suppose que c’est du donnant-donnant. On vous promet d’accélérer votre dossier mais on vous demande en contrepartie de prendre par exemple un panneau publicitaire au Canonnier « .

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