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Échec et stop

Le 17 mars, le tournoi des candidats de la Fédération internationale des échecs (FIDE) a débuté. Il semblait être le seul événement sportif d’envergure mondiale à ne pas être reporté.

Pas de football, de cyclisme, de basket, de base-ball… D’un coup, le tournoi des candidats de la FIDE, à Iekaterinbourg, est devenu le principal événement sportif du mois de mars. Ce qui a inévitablement suscité des discussions.

D’abord, quelques précisions sur le tournoi en question : huit joueurs de niveau mondial, qui se sont qualifiés l’année précédente, s’affrontent pour déterminer qui pourra disputer une ou plusieurs parties en automne, pour le titre mondial, contre le tenant du titre, le Norvégien Magnus Carlsen. Les huit joueurs sont donc candidats à un match contre Carlsen, d’où le nom de l’épreuve. Le tournoi regroupe trois Russes, deux Chinois, un Américain, un Français et un Néerlandais.

Les trois Russes jouent donc à domicile : c’est là une belle occasion pour le berceau des échecs de viser un nouveau titre mondial. En outre, au début du tournoi, le 17 mars, le virus ne semblait pas s’être propagé en Russie. On a donc décidé de ne pas annuler la compétition. Cette décision n’a pas ravi tout le monde. Les huit grands maîtres des échecs ont émis des doutes et l’ancien champion du monde russe Vladimir Kramnik était carrément opposé à la tenue du tournoi.

Les organisateurs ont pris de strictes mesures de précaution. Les deux Chinois – leur pays était encore un foyer important de contamination fin février – ont dû rejoindre la Russie plus tôt et ont été placés en quarantaine pendant deux semaines. Tous les joueurs ont été testés et devaient subir un nouveau contrôle en cours de compétition. Ils étaient également soumis à deux contrôles de santé par jour, avec prise de température. Le public n’était pas admis dans la salle. Heureusement, les échecs peuvent être facilement suivis en ligne.

Même si les huit candidats étaient en bonne santé, les conditions pesaient sur le moral de certains d’entre eux. Après quelques tours, le doyen, le Russe Alexander Grischuk (36 ans) se montrait désabusé :  » Je n’ai pas du tout envie de jouer. Au début, j’hésitais mais maintenant, j’en suis sûr. L’ambiance est épouvantable, avec tous ces masques…  »

Sur le plan sportif, un autre Russe a pris l’avantage : Ian Nepomniachtchi (29 ans). Il avait un point d’avance après six tours. À ce stade, il a battu un des favoris, le Chinois Liren Ding (27 ans). Mais lors de l’interview en ligne d’après-match, avec une seule journaliste, il a toussé à plusieurs reprises et a déclaré se sentir mal, ce qui a immédiatement alimenté les plus folles spéculations sur les réseaux sociaux. Le lendemain, Nepo a été battu par son plus proche poursuivant, le Français Maxime Vachier-Lagrave (29 ans). À mi-parcours, les deux hommes étaient en tête, ex-æquo, avec 4,5 sur 7.

Puis il y a eu un coup de théâtre : le jeudi, la FIDE a annoncé l’interruption du tournoi. Pas pour des raisons de santé, mais parce que la Russie interdisait le trafic aérien étranger et que joueurs et officiels ne pourraient donc plus rentrer chez eux. Une décision logique, mais un sale coup pour les nombres amateurs du jeu, qui suivaient le tournoi en ligne, de leur domicile. On ne sait pas encore quand le tournoi reprendra, mais les scores restent acquis.

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