DUR à avaler

Licencié par la Gantoise, Mustapha Oussalah a été prêté par le Standard à Eupen.

Eupen a, en début de saison, éprouvé moult difficultés à trouver son rythme. Résultat : l’entraîneur, Claudy Chaudeheid, en a fait les frais. Il a été remplacé par Marc Grosjean, qui n’a apparemment pas encore pu résoudre tous les problèmes. En effet, le club frontalier occupe une place dans les profondeurs du classement. Dans l’espoir d’un redressement, Vladimir Voskoboinikov (22 ans) et Mustapha Oussalah (23 ans) sont venus enrichir le noyau. Ce dernier, joueur du Standard qui avait été prêté à La Gantoise, est malheureusement connu pour son altercation avec l’international algérien Abdelmalek Cherrad. Les deux joueurs ont été licenciés…

Revenons quelque peu en arrière. Peux-tu résumer l’incident qui s’est produit avec Cherrad ?

Mustapha Oussalah: Je ne préfère pas pour l’instant. Cette affaire n’est pas encore clôturée. La procédure au tribunal est en bonne voie. Je dirai juste que je n’ai fait que me défendre contre une agression.

On imagine aisément que ta vie a changé du tout au tout.

Evidemment ! J’étais joueur pro, j’habitais dans un appartement à Gand et je me plaisais énormément dans ce club. J’ai dû rentrer chez mes proches. Une des conséquences de cette affaire tient dans le fait que ma famille en a subi un coup. Tout le monde était presque en pleurs à l’annonce de mon limogeage. Mes parents n’allaient pas très bien et mon frère et ma s£ur étaient choqués. Le plus dur a été de se réveiller après la première nuit passée dans la maison familiale. Le matin, j’ai vu le visage de mon père et cela m’a beaucoup blessé. Il était triste pour moi et moi pour lui. J’avais acquis une certaine indépendance et me voilà de retour chez mes parents. Mais je suis persuadé que je jouerai à nouveau en D1. Je réussirai pour ma famille !

Comment as-tu vécu les critiques ?

Mal. Mais dorénavant, je ne les prends plus en considération. Récemment à Eupen, j’ai entendu des supporters parler de cette affaire dans mon dos. Ça ne fait pas plaisir mais je m’y suis accoutumé. Mes proches et mes voisins n’ont pas modifié leur attitude vis-à-vis de ma personne. Ils me connaissent et ont confiance en moi.

Après ton licenciement, tu t’étais longuement entretenu avec Michel Preud’homme. Qu’a-t-il dit durant cette entrevue ?

Durant le premier rendez-vous, il a voulu ne pas aller trop vite pour ne pas prendre de décision hâtive. Il m’a conseillé de me calmer et de me reposer chez moi afin que je retrouve mes esprits. Il m’a affirmé qu’il me rappellerait. C’est ce qui s’est passé et je suis retourné le voir avec mon avocat. On envisageait de me transférer dans un autre club de D1 car on avait des contacts. Le Standard voulait me prêter mais les présidents intéressés se sont finalement montrés rétifs à un éventuel transfert étant donné l’affaire. On a donc opté pour un prêt à Eupen pour que j’aille me changer les idées. Quand le transfert fut conclu, j’ai reçu des offres concrètes de la part des dirigeants réticents au départ.

S’entraîner pour oublier

Tu es resté deux mois et demi inactif. Comment as-tu vécu cette période ?

C’était très délicat. J’avais tellement envie de retrouver les terrains. Je suis très satisfait d’avoir obtenu un transfert à Eupen. Le comité exécutif devait prendre en considération l’altercation mais s’est montré clément et a donné son accord pour mon transfert. Je me posais beaucoup de questions. J’étais certain du fait que j’allais parvenir à trouver un accord avec une formation avant le 31 janvier, date de clôture du mercato. Mais il y avait la fédération… Finalement, mon avocat et moi étions très étonnés car j’avais déjà été transféré une fois cette saison, du Standard à La Gantoise.

Beaucoup s’accordent à dire que tu n’as pas encore atteint ton meilleur niveau et que tu souffres d’un excès pondéral.

Ils ont raison. Mes prestations s’améliorent tout doucement. A Eupen, j’ai plus de temps libre. Ce qui est logique. J’ai donc demandé au Standard la permission de m’entraîner avec les Espoirs. Il a immédiatement marqué leur accord. Ça fait très plaisir de retrouver quelques sensations. Mais se n’est pas encore génial. Pour le moment c’est surtout moralement que j’éprouve encore des difficultés. L’altercation avec Cherrad et ses conséquences sont encore présentes dans mon c£ur et dans ma tête. Je fais preuve de relativisme. Il y a toujours plus grave… Mais je ne peux oublier la douleur physique que j’ai ressentie. Georges Leekens n’aurait pas dû laisser les choses se dérouler de la sorte. Il y a donc eu une erreur de l’entraîneur et par la suite, de la direction. Celle-ci a pris la décision de me virer en ayant peur.

Cette histoire constitue-t-elle un gros coup de frein à ta carrière ou juste un inconvénient ?

J’espère que les conséquences sur celle-ci seront minimes. Je m’amusais vraiment beaucoup à Gand. L’ambiance était excellente. J’y ai eu plein de fous rires. Je considère que je ne recommence pas à zéro… mais plutôt à un ou deux sur dix, si on peut dire. J’ai déjà acquis une certaine expérience en D1.

En pensant à Turaci

Comment envisages-tu ton avenir ?

En fait, je me suis fixé l’obligation d’évoluer l’an prochain dans un club de l’élite. J’y crois et j’aurai à nouveau des contacts. Pour l’instant, je suis à l’entière disposition de Marc Grosjean et d’Eupen. Je veux aider la direction qui fait tout pour qu’on reste en D2. Pour ma carrière, je prends comme exemple mon ami d’enfance Onder Turaci. Il évoluait au Standard et a été transféré à Fenerbahçe, en Turquie. Il y a réussi et est devenu une pièce maîtresse de l’équipe. Il roule en BMW M3 ! Je suis vraiment content pour lui. Il s’est imposé dans un championnat dont le niveau est incomparable avec celui de la Belgique. Notre D1 n’a pas un niveau technique excellent mais physiquement, on travaille beaucoup.

Espères-tu aussi un transfert étranger ?

Non, je suis très fort attaché à la Belgique. Je n’ai pas encore envie de m’expatrier. Ici, ma famille est toujours présente pour me soutenir dans les moments difficiles. Mon père continue à me conseiller pour que je me fraye un chemin. Il m’a tout le temps supporté. Quand il a vu que je possédais certaines qualités footballistiques, il a tout fait pour m’encourager. Quand j’étais petit, il était toujours au bord du terrain. Si je joue au foot, c’est d’abord pour ma famille et pour moi, ensuite. Mon père était si fier de pouvoir voir le nom Oussalah sur la feuille de match ou sur une vareuse. Ça lui faisait chaud au c£ur. J’imagine qu’il était ravi quand le public de Gand scandait notre nom. Mais bon, c’est du passé et je pense qu’il est encore fier de moi quand je monte sur le terrain en D2…

Justement, comment ça va ?

Je commence peu à peu à connaître le groupe et à m’adapter. Nos prestations commencent à devenir satisfaisantes mais cet élan a été freiné par les conditions climatiques. Nos terrains ont été tous recouverts de neige et Marc Grosjean s’est démené comme un diable pour nous trouver un endroit propice aux entraînements. Parfois au complexe de Blégny mais il y avait d’autres clubs également. Ce qui a posé problème ! Notre situation était assez précaire mais Grosjean a prêché un peu dans le désert avec ce climat. En plus, il espérait nous donner plus d’entraînements que les autres équipes de D2 afin de travailler plus professionnellement ! Je suis persuadé qu’Eupen parviendra à se sauver. Notre coach fait tout pour nous motiver et provoquer un déclic. Il nous inculque la rage dont on doit faire preuve sur le terrain. C’est un coach très efficace qui parle énormément avec ses joueurs. Il a la parole facile et ne mâche jamais ses mots. C’est capital pour des jeunes comme nous.

Comment évoluez-vous tactiquement ?

Grosjean adapte logiquement ses choix aux autres formations. Mais le 4-4-2 revient de manière récurrente. Personnellement, j’évolue sur l’aile gauche en tant que milieu. On attend de moi que je cavale sur la ligne. Je suis évidemment chargé de délivrer de nombreux centres.

Tim Baete

 » Je pense que mon père EST ENCORE FIER DE MOI « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire