Les Dragons peuvent compter sur deux avants étrangers qui ont faim de buts.

Lors de ses deux premiers matches du deuxième tour, Mons a inscrit huit buts, soit plus de la moitié de la production offensive des matches aller (14). Et pourtant s’il y a un secteur du jeu qui n’a pas bougé d’un iota dans le réaménagement montois, il s’agit bien de la ligne d’attaque. On n’y prête attention seulement maintenant, mais les deux attaquants font pourtant partie des (très rares) joueurs qui ont su tirer leur épingle du jeu dans le naufrage rouge et blanc. Au point d’être devenu une des paires les plus complémentaires de notre championnat et de faire parler la poudre, maintenant que le jeu montois a retrouvé toutes ses vertus offensives.

Contre St-Trond, c’est Nicolas Goussé qui a trouvé la cible deux fois. A Beveren c’était au tour d’ Aliyu Datti désormais meilleur buteur du championnat. D’un côté un Français de 29 ans, débarqué au stade Tondreau avec des statistiques intéressantes après avoir écumé les pelouses de Rennes, Troyes et Guingamp où il s’était fourvoyé. De l’autre un Nigérian de 22 ans, qui après avoir appris l’italien au Milan AC, à Monza et à Sienne, a abouti au Standard où on l’a confiné au rôle de remplaçant de luxe. Leur faim de football leur sert de point commun, comme le fait d’être prêté, l’un par Guingamp, l’autre par le Standard. Sans oublier une certaine revanche à prendre sur un monde du football décidément un peu trop impitoyable. Goussé veut prouver qu’il n’est pas encore fini et Datti veut enfin emmagasiner du temps de jeu et montrer au Standard qu’il valait mieux qu’un statut de faire-valoir.

C’est sans doute cette fraîcheur mentale qui leur a permis de ne pas sombrer avec leurs coéquipiers lors d’un premier tour catastrophique. Et finalement, quoi de plus normal que de trouver deux canonniers sévissant Avenue du Tir. Portrait des deux attaquants du RAEC Mons.

Aliyu Datti, le Nigérian qui ne craint pas le froid

Débarqué à Mons en début de saison, Aliyu Datti s’est emparé cette semaine du maillot de meilleur buteur.  » Pour Mons, c’est très bien sur le plan de la visibilité « , explique le directeur général Alain Lommers.  » Cela prouve qu’en football, tout est possible « , ajoute le Nigérian.  » Je suis évidemment content d’avoir atteint le nombre de 10 buts mais je suis aussi satisfait de compter jusqu’à présent trois assists car peu importe que ce soit moi ou un autre qui inscrive les buts. On doit simplement avancer en groupe. C’est d’ailleurs sur cette base que marche mon entente avec Nicolas Goussé. Si je me retrouve en meilleure position que lui, je tente ma chance mais si je vois qu’il est mieux placé et qu’il peut faire quelque chose du ballon, j’essaie de le lui céder. Je suis heureux quand je marque mais encore plus quand l’équipe repart avec la victoire « .

Sur et en dehors du terrain, Datti dévoile ainsi une image généreuse. Cela ne l’empêche pas de s’inscrire de plus en plus en fossoyeur des formations adverses. Comme si toutes ces années à se lamenter sur le banc avaient aiguisé son appétit de matches et de buts.  » C’est la première fois de ma carrière que je dispute autant de rencontres d’affilée. Il n’y a qu’à Monza que j’avais joué autant (26 matches). J’évoluais plutôt dans la ligne médiane, ce qui expliquait que je ne marquais pas beaucoup. Et puis, j’ai été stoppé par une blessure. Au Standard, j’ai essayé de montrer ce dont j’étais capable mais je devais me satisfaire d’un rôle de remplaçant « .

Pourtant, le Nigérian ne veut pas parler de revanche.  » Je désire simplement m’améliorer et je n’en veux pas au Standard de ne pas avoir cru en moi. Le club liégeois disposait de nombreuses possibilités avec Sambegou Bangoura et Alexandre Kaklamanos et cela n’était pas évident de s’imposer. Ici, à Mons, j’ai l’occasion de jouer et de montrer ce que je peux faire. Chaque joueur a besoin de cela pour sa confiance « .

Désormais, le sourire est revenu dans le groupe.  » Au premier tour, on commençait les rencontres battu d’avance. Or, un match dure 90 minutes et même si on est mené à la mi-temps, on sait qu’il reste 45 minutes pour arracher la victoire. L’état d’esprit n’est plus le même. Et nous disposons désormais de plus de talent dans le groupe. Le milieu de terrain s’est renforcé, ce qui nous permet d’obtenir davantage d’occasions. Nous ne sommes plus les seuls à animer l’offensive. Les médians sont plus présents en zone de conclusion et les défenseurs n’hésitent plus à monter « .

Avec Nicolas Goussé, l’entente est parfaite sur le terrain.  » Il joue normalement plus en retrait que moi mais cela nous arrive souvent de permuter. Ainsi, chacun peut se retrouver à un moment ou un autre en position de tir ou à l’inverse en position d’effectuer la passe décisive. Chacun sait que j’aime bien partir de loin car j’apprécie les espaces. Sous la conduite de Sergio Brio, l’équipe évoluait de façon beaucoup plus défensive mais cela ne me dérangeait pas car on pouvait alors surgir souvent du milieu de terrain et faire parler sa vitesse sur des longues balles « .

Datti dribble plus fréquemment, cherche les espaces et prend sa chance plus facilement. Goussé décroche plus souvent, sollicite les combinaisons et aime recevoir le ballon dans les pieds.  » C’est vrai que j’apprécie avoir un rôle plus libre « , confirme le Nigérian.  » Et je me déporte assez facilement sur le côté gauche. Nicolas joue un peu dans le même registre que Zvonimir Boban que j’ai côtoyé à l’AC Milan et qui se plaçait derrière les attaquants. Il est capable de garder le ballon et quand il le reçoit, il sait directement ce qu’il va en faire et comment il va parvenir à se créer une occasion. Il sait guider le ballon et éliminer un défenseur en dribblant si nécessaire « .

Pourtant, il n’affirme pas former avec Goussé le meilleur duo :  » Chaque équipe possède sa paire. Regardez Anderlecht avec Aruna Dindane et Mbo Mpenza « .

Nicolas Goussé, l’attaquant trop peu égoïste

Le Français n’a pas connu la préparation montoise et a vécu l’affaire Brio avec un certain recul.  » Je n’ai rien à dire sur le technicien italien puisqu’il m’a fait confiance tout de suite « . Mais de problème d’adaptation, il ne fut guère question pour l’enfant de Thouars, aujourd’hui citoyen de Valenciennes. Avec six buts et un assist en 12 rencontres, il rentre dans une bonne moyenne même s’il avoue que l’appétit vient en mangeant :  » Je peux faire mieux, notamment en termes de buts. J’aurais pu en inscrire davantage. Je suis resté sur une belle série. Pendant quatre rencontres, j’ai fait trembler les filets. Et on sait que, pour un attaquant, marquer, c’est essentiel. Ainsi, il faut avoir l’envie. Quand je sors d’un match et que je n’ai pas marqué, je ressens un goût de trop peu et encore plus, lorsque l’on a gagné 4-0 comme à Beveren. Je me dis alors û On en a inscrit quatre et tu n’as pas été capable d’en mettre un au fond. Je n’ai pas de préférence sur la manière de marquer. On prend le ballon comme il vient. Evidemment, si on arrive à faire le beau geste et à placer le ballon dans la lucarne, c’est encore mieux. Quand je loupe un goal tout fait, je me demande pourquoi j’ai choisi l’option d’assurer avec le plat du pied plutôt que de tirer en force « .

Pourtant, le Français n’est pas le type de joueur qui ne pense qu’à lui :  » On m’a reproché en France de ne pas être assez égoïste. Certains attaquants accompagnent le ballon dans le but quand c’est un autre qui a tiré juste pour être crédité de la réalisation. Je ne suis pas comme cela « .

Face à la vivacité de Datti, Goussé propose la temporisation et la vista :  » L’entraîneur me demande de décrocher pour garder le ballon entre les deux lignes et ne pas le perdre trop vite quand on attaque. Par contre, lorsque nous sommes menés, comme ce fut le cas en Coupe face au G. Beerschot, il me demande de monter d’un cran. Je dois aussi rechercher la profondeur. Mis à part cela, il me laisse beaucoup de liberté. J’essaie d’être toujours en mouvement, de bouger et de créer l’espace. C’est à moi à sentir le jeu et à agir selon le défenseur que j’ai sur le dos. C’est souvent dans les dix premières minutes que l’on se rend compte de la tactique à adopter. Quand je décroche, je vois ce que le défenseur fait. Si je m’aperçois qu’il me marque et qu’il est toujours là au bout d’un certain temps, je sais alors que je dois chercher l’espace « .

Et comment juge-t-il son entente avec Datti ?  » Je sens ce qu’il va faire. Quand il reçoit le ballon, je sais ce qu’il va proposer. Je sens comment il va jouer, comment il va se déplacer, je sais quel appel il va effectuer. Car un appel peut aussi libérer de l’espace pour le joueur en possession du ballon ou pour un autre. On décroche souvent car quand on est attaquant, on ne peut pas toujours faire la même chose. Nos lignes sont plus resserrées qu’au temps de Brio. Quand on procédait par de longs ballons vers l’avant, on se retrouvait parfois à deux contre cinq et on ne pouvait pas faire grand-chose. Désormais, on se crée davantage d’occasions. Le milieu nous apporte plus de soutien et il y a moins d’espace entre les lignes. Cependant, j’ai toujours dit que les joueurs présents dans le noyau avaient de la qualité. Ce qu’il leur manquait, c’était du mental. Prenez Philippe Billy. Il ne s’est pas transformé du jour au lendemain. Or, désormais, il fournit de bonnes prestations au back droit « .

Stéphane Vande Velde

 » Nous ne sommes plus les seuls à ANIMER L’OFFENSIVE. Même les défenseurs montent  » (Aliyu Datti)

 » Quand on est attaquant, on ne peut PAS TOUJOURS FAIRE LA MÊME CHOSE  » (Nicolas Goussé)

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