Duel communal

Bruno Govers

Les relations entre le Sporting et sa commune sont-elles meilleures que l' »affaire des 57 millions » du week-end dernier l’a mis en lumière?

Le vendredi 23 février passé, un échange de vues entre la direction du RSCA, représentée par le président Roger Vanden Stock, le secrétaire-général Philippe Collin ainsi que le manager Michel Verschueren et la nouvelle majorité communale anderlechtoise, au rang de laquelle on retrouvait, notamment, le bourgmestre Jacques Simonet et l’échevin des sports André Drouart, déboucha sur la constitution de quatre groupes de travail focalisés sur autant de thèmes : les finances, l’infrastructure, l’intégration socio-sportive et les nuisances.

Les finances

Michel Verschueren : « Le Sporting ristourne actuellement une somme de douze millions, équivalant à la taxe sur les spectacles. A ce montant s’ajoutent encore les trois cent mille francs de loyer mensuel pour l’utilisation du centre des jeunes à Neerpede. C’est un total des plus appréciables à l’heure où la plupart des entités étrangères bénéficient, au contraire, de subsides de la part des autorités compétentes ».

André Drouart : « Le débours du club, calculé sur une période d’un an, devrait même être plus conséquent cette fois, entendu que ladite taxe est calculée au prorata des recettes et correspond, à peu de choses près, au dixième des droits d’entrée perçus : 12 millions pour des recettes de moins de 115 millions, 14 millions quand elles se situent au-delà de ce montant, 16,7 millions si elles dépassent les 130 millions et 19 millions si elles sont supérieures à 155 millions. Or, ce plafond a été dépassé en l’an 2000, vu les droits d’entrée en Ligue des Champions. Il ne peut être question, toutefois, comme certains médias en ont fait état de 57 millions, équivalant aux 19 millions initiaux, additionnés d’une amende portée au double de cette somme. En effet, il s’agit ici d’une taxe communale et non d’une dette fiscale. Dès lors, si le Sporting acquitte le montant dû, il sera en règle aux yeux de notre administration.

Quoi qu’il en soit, cette somme de 22 millions, grosso modo, représente un total pour ainsi dire similaire aux coûts engendrés, pour l’administration communale, en matière de sécurité et de propreté publiques. Nous ne sommes pas réfractaires du tout, au niveau de notre autorité, de reconsidérer vers le bas la quote-part du RSCA. En échange, il faut toutefois que le Sporting revoie lui aussi sa politique, à l’échelon de ses jeunes pousses, entre autres » (voir notre cadre).

L’infrastructure

Michel Verschueren : « Dans un premier temps, nous avions envisagé un accroissement de la capacité du stade mais compte tenu des coûts et de la faisabilité de l’entreprise, c’était peut-être présomptueux de notre part. D’autant plus qu’avec une enceinte de vingt-huit mille places, nous sommes parés en championnat, où notre moyenne frise les vingt-quatre mille personnes. En réalité, il n’y a qu’en Ligue des Champions que nous aurions été quelque peu à l’étroit cette saison et cette situation risque évidemment de se répéter. Un déménagement au stade roi Baudouin, pour les besoins de cette compétition, est hors de question. Non seulement pour des raisons de commodité vis-à-vis de nos supporters et tous ceux qui nous soutiennent par le biais de la location des loges et des business seats mais aussi pour des raisons de points de repères en ce qui concerne les joueurs. Ils sont tous habitués au Parc Astrid et même si le plateau du Heysel ne constitue nullement une inconnue pour nos internationaux, je crois qu’ils ont davantage d’affinités avec nos installations qu’avec celles de la cuvette du Centenaire. Par contre, là où des changements s’imposent, c’est en matière de bureaux. Car tant au niveau de la billetterie que de l’administration et du fan-shop, nous commençons à nous sentir à l’étroit. C’est pourquoi une expansion du côté de la salle Simonet nous paraît hautement souhaitable ».

André Drouart : « Nous ne voyons aucun obstacle majeur à la démolition de la salle Simonet, dans la mesure où, sans échelles de corde, bômes et espaliers, elle n’est pas idéale comme salle de gymnastique pour les élèves des athénées du coin comme Théo Lambert ou Joseph Bracops, par exemple. En outre, comme salle réservée à la pratique du football en salle ou au basket, elle a fait indéniablement son temps aussi puisqu’elle n’est pas davantage pourvue de vestiaires spacieux que d’une cafétéria. Aussi, un nouveau hall faisant à la fois le bonheur des écoles et des adeptes d’activités indoor est le bienvenu. Vu la surface requise pour la construction de cet outil, il est tout à fait envisageable de prévoir sur le même emplacement la place nécessaire pour l’aménagement des bureaux demandés par la direction du Sporting. Comme les établissements scolaires ainsi que le club y trouveraient tous deux leur compte, il me semble normal que les frais soient à la fois supportés par la commune et le RSCA lui-même. Reste à déterminer dans quelles proportions à présent ».

L’intégration socio-sportive

André Drouart : « En tant que club professionnel, le RSCA fait figure, indéniablement, d’entreprise commerciale, génératrice à la fois de recettes et d’emplois. A ce sujet, il est regrettable que le club fasse appel à une société privée -Manpower en l’occurrence- dans le but d’engager du personnel, alors qu’il n’y a pas moins de six mille personnes sans emploi, dont 20% de vingt ans, sur le territoire de la commune. Il existe, à Anderlecht, une agence locale pour l’emploi ainsi qu’une mission sociale qui s’occupe de l’insertion socio-professionnelle des chômeurs. Pour beaucoup, une occupation au Sporting serait assurément assimilée à un honneur. Dès lors, nous espérons que la direction du club nous prêtera une oreille attentive en ce sens. En retour, la commune est tout à fait disposée à faire un geste aussi. Il tombe sous le sens, par exemple, que pour les curieux ou les touristes, le stade Constant Vanden Stock est un lieu de pélérinage, au même titre que la Maison d’Erasme, le Musée de la Gueuze ou le Béguinage. Aussi, pourquoi ne détacherions-nous pas l’un ou l’autre représentants de la commune auprès du RSCA afin de satisfaire tous ceux qui désirent entreprendre une visite des lieux? »

Les nuisances

André Drouart : « Depuis 1983, les riverains ont payé un lourd tribut aux diverses phases de rénovation du stade Constant Vanden Stock. Si le Sporting crée un nouveau chantier, suite au remodelage de la salle Simonet par exemple, nous aimerions qu’il fasse un geste envers ces personnes pour les tracas subis. De son côté, la commune planche sur un projet également, de nature à alléger sensiblement les nuisances : la construction de parkings le long des sorties 14 et 15 de l’E19, avec l’instauration de navettes en direction du Parc Astrid. C’est une manière comme une autre, pour la commune, de prouver que tant le club que les citoyens anderlechtois lui tiennent à coeur ».

Bruno Govers

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