Que fait-il à Charleroi alors qu’il est appelé en sélection par Luis Fernandez, encensé par Ohana et le meilleur buteur de l’histoire du foot israélien ?

D udu Biton (23 ans), c’est la nouvelle star israélienne, un attaquant costaud (1m87, 81 kg) arrivé à Charleroi durant le mercato. Premier match en Zèbre le 22 janvier face à Malines.  » Des copains carolos l’avaient vu à l’entraînement et m’avaient conseillé de me méfier « , dit Olivier Renard, le gardien du KaVé.

On présentait alors Biton comme un clone de Cyril Théréau.  » Peut-être par le gabarit mais c’est le seul point commun « , poursuit Renard.  » Théréau multipliait les courses croisées, on le retrouvait au poteau de corner dans son camp puis dans le rectangle d’en face. Biton est un vrai attaquant de rectangle. Je ne dis pas qu’il ne bouge pas, mais il est clairement là pour marquer des buts. Il me fait beaucoup plus penser à Giuseppe Rossini qu’à Théréau ou Habib Habibou.  »

Après 50 minutes ce soir-là, Biton secouait les filets de Renard. But annulé pour hors-jeu contestable.  » J’ai déjà eu un paquet d’attaquants devant moi, et sur une phase pareille, il y en a beaucoup qui auraient hésité, tergiversé. Biton n’a pas eu besoin de deux secondes pour se décider et expédier la balle dans mon goal. « 

Confirmation par Shlomi Arbeitman, son pote compatriote de La Gantoise. Ils se connaissent depuis leur formation dans la même académie, Beitar Nes Tubruk.  » Nous n’étions pas dans la même équipe parce que je suis un peu plus âgé « , dit Arbeitman.  » Mais nous étions souvent ensemble. Biton va vite, il a une technique au-dessus de la moyenne et il en impose physiquement. Il va lui falloir quelques semaines encore pour trouver ses marques. Je sais de quoi je parle : en arrivant à Gand l’été dernier, j’ai ramé, tellement tout était différent. C’est moins technique et plus physique qu’en Israël, il y a les ravages de la solitude, le handicap de ne pas connaître la langue, l’obligation de découvrir un nouveau cadre de travail, des coéquipiers qu’on ne connaît pas, un coach dont on ne sait rien.  »

Mais qu’est-ce qu’il a, ce Dudu ? Qu’est-ce qu’il a fait avant de venir chez nous ? Ancienne icône israélienne de Malines et actuel sélectionneur des -19 de son pays, Eli Ohana sait tout sur le nouveau Zèbre :  » Il a cassé la baraque au début de cette saison en marquant 12 buts en 14 matches avec l’Hapoel Petach Tikva, une des plus petites équipes. Une énorme surprise. Il a le potentiel pour réussir plus haut qu’en Israël. Il n’est pas spécialement spectaculaire, il ne slalome pas à travers une défense pour marquer. Il est simplement à la bonne place pour conclure. Son positionnement est exceptionnel. Il a aussi un bon tir à distance et sait reprendre des ballons de la tête. Son pourcentage de concrétisation lors du premier tour de notre championnat est entré dans l’histoire : vu le niveau de son club, il n’a pas eu 50 occasions.  »

Charleroi débourse 500.000 euros et son club ne reçoit presque rien

Dudu Biton est ainsi entré dans les grâces de Luis Fernandez, le coach de l’équipe A israélienne.  » Mais ce n’est pas encore gagné pour lui car le Français doit déjà avoir appelé une soixantaine de joueurs en six mois « , rigole Ohana.  » Il devra confirmer en Belgique pour rester international.  » Et l’échec de Biton au Maccabi Tel-Aviv en début de carrière ?  » Il était trop jeune, il n’avait aucune expérience et il partait donc battu d’avance dans ce club où la pression est énorme « , se souvient Ohana.  » Il s’est relancé dans une petite équipe, l’Hapoel Ra’anana, qui a entre-temps basculé en D2.  »

Rédacteur en chef des pages sportives du quotidien israélien Yedioth Ahronoth, Amir Peleg résume le récent buzz Biton :  » Après 16 matches, l’Hapoel Petach Tikva avait marqué 14 buts : 12 par Biton, les deux autres étaient des own-goals. Il a donc été le seul buteur de son club entre mi-août et fin décembre ! Et donc, ça a fait du foin quand on a entendu qu’un club belge voulait le transférer. Pour l’Hapoel, c’était hors de question. La direction a demandé au coach de mettre Biton sur le banc, histoire de le faire réfléchir. L’entraîneur a obéi et Biton n’a pas joué deux matches d’affilée. Personne d’autre n’a su scorer, évidemment. Biton a alors retrouvé sa place et a repris sa marche en avant.  »

Et pourquoi Petach Tikva ne voulait pas le laisser partir ? Très simple. Peleg :  » Son contrat stipulait qu’il pouvait partir pour une somme limitée, et surtout, que la plus grosse partie de ce montant irait à l’académie qui l’avait formé. Donc, Petach Tikva avait tout à perdre. Et a tout perdu ! Charleroi a fait un good deal.  » Abbas Bayat a sorti 500.000 euros et a fait signer Biton jusqu’en juin 2013.

 » Il vaut un big club en Belgique « , lance Alon Mizrahi, meilleur buteur de l’histoire du championnat israélien avec plus de 200 goals. Aussi une quarantaine de sélections. Il connaît très bien le phénomène carolo :  » Je donne des entraînements individuels aux attaquants de l’équipe nationale A, c’est comme ça que j’ai travaillé avec Arbeitman puis Biton. Je les prenais deux fois une heure et demie par semaine pour des séances de positionnement, de reprises et de tirs. Il leur arrivait de frapper 200 fois au but sans interruption. Biton peut devenir la nouvelle star de l’équipe nationale. Tout devant avec Arbeitman car ce sont deux vraies pointes. Elyaniv Barda ne sera pas une menace pour eux car ici, il est plus considéré comme un numéro 10, le gars qui anime les attaques mais ne les conclut pas lui-même.  »

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTO: BELGA

Biton a été le seul buteur de Petach Tikva entre mi-août et fin décembre !

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