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Duckens Nazon

Longtemps sur une voie de garage, le Franco-Haïtien de 26 ans revit depuis quelques semaines à Saint-Trond Et revient sur son parcours de globe-trotteur.

1. Avant le Beerschot, ton dernier but remontait au 16 février 2019, avec St. Mirren contre Aberdeen, en D1 écossaise, il y a près de deux ans. Soulagé?

Oui, énormément, même si j’avais entre-temps marqué avec la sélection ( le 18 novembre 2019, contre le Costa Rica, ndlr), mais ce n’est jamais la même chose. Cela n’a pas le même impact, disons. Bref, je pense que ce soulagement, il transparaît dans mes buts. Le joueur que vous voyez là depuis peu, c’est un revanchard qui a une faim terrible de montrer ses qualités. Donc oui, ces deux buts contre le Beerschot et le Standard ont constitué une vraie bouffée d’air frais pour moi parce que j’ai vraiment beaucoup souffert ces deux dernières années. Je suis fier de n’avoir jamais rien lâché. Et de prouver aujourd’hui que je sais toujours marquer des buts. Ce qui a toujours été ma force.

2. Force que Marc Brys, actuel entraîneur d’OHL, n’avait visiblement pas décelé en début de saison dernière chez toi, à Saint-Trond. Qu’est-ce qui n’allait pas avec ce coach-là?

Moi, je n’ai personnellement jamais eu de problème avec lui. Peut-être lui en avait-il avec moi, mais il en m’en a jamais parlé. Je crois que nous ne sommes pas deux grands communicants, donc je n’ai jamais eu des réelles explications, et je n’en ai jamais demandé, mais force est de constater qu’il ne devait pas trop apprécier mon style de jeu. Mais moi, j’ai toujours su que j’avais le niveau pour réussir en Belgique, donc je ne voulais pas partir. J’aurais pu, mais je voulais prouver que malgré la concurrence, j’avais ma place dans cette équipe.

3. Ton style de jeu atypique raconte avant tout celui d’un backpacker formé en France, passé par le Portugal, l’Inde, l’Écosse et les divisions inférieures anglaises, devenu international haïtien. Tu es fier de ce parcours?

Je suis tellement heureux d’avoir connu toutes ces cultures, surtout, d’avoir pu saisir les différentes opportunités qui se sont présentées à moi, d’avoir eu ce courage-là. En Angleterre, j’ai découvert la magie des fans, des stades, de cette religion qu’est le football dans les divisions inférieures. À Coventry et Oldham, mais même à Wolverhampton, c’est toute la ville qui pue le football. Dans ces bleds-là, tu peux jouer en D4 et être considéré comme un gros joueur, c’est grisant. Pareil, en Inde, d’ailleurs. Là-bas, je jouais à domicile dans un stade de 72.000 places, devant la huitième plus grosse affluence mondiale! On dit que le cricket est le sport numéro un en Inde, c’est vrai, mais en quatre mois à Kochi, une ville de deux millions d’habitants, je n’ai jamais pu sortir de mon hôtel sans qu’on me demande une photo. Ce n’est pas la même ferveur qu’en Angleterre, mais elle est réelle aussi.

4. Le week-end prochain, tu vas disputer ton premier derby limbourgeois. Est-ce que cela signifie encore réellement quelque chose pour des joueurs comme toi qui ont parcouru le monde?

J’ai disputé très peu de derbies dans ma vie. Chez les jeunes, quelques-uns, dans le Morbihan. Avec Vannes, puis Lorient, parce que j’ai joué pour les deux équipes. J’ai même joué pour Laval, qui est aussi dans le même coin. Bref, rien ne dit que je ne jouerai pas pour Genk un jour, hein ( rires). Non, mais sérieusement, un derby, cela ne se joue pas, ça se gagne. C’est comme une finale. Au club, on en parle depuis un petit temps déjà et c’est un match qu’on veut surtout gagner pour nos supporters. Encore un peu plus dans le contexte actuel.

5. Les matches d’octobre et novembre 2020 ayant été annulées dans la zone CONCACAF, tu ne débuteras pas comme prévu les éliminatoires pour le Mondial 2022 avec la sélection haïtienne dans quelques jours. Haïti à la Coupe du monde, c’est possible?

Je pense qu’on fait désormais partie des équipes qui comptent, oui. Je rêve d’être le nouvel Emmanuel Sanon, une icône chez nous puisque le seul Haïtien à avoir marqué en Coupe du monde ( lors de la seule participation des Grenadiers en 1974, ndlr) et qui a la particularité d’avoir joué au Beerschot dans les années 70.

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