DUCHÂTELET ET L’AFFAIRE BATSHUAYI

La saga du transfert de Michy Batshuayi est une autre pièce du dossier et permet de mieux comprendre la politique de Roland Duchâtelet. La version officielle met en lumière le jusqu’au-boutisme du président liégeois à convaincre le meilleur buteur actuel de rester à Sclessin jusqu’en fin de saison et jette surtout l’opprobre sur le nouvel agent de Batshuayi, Christophe Henrotay, réduit en charpie dans un communiqué le 8 janvier.

Or, ce dossier semble bien plus complexe que le manichéisme imposé par la direction du Standard. L’arrivée d’Henrotay comme agent de Batshuayi a bouleversé les plans de Duchâtelet qui, jusqu’alors, maîtrisait parfaitement la situation. Car, Batshuayi vaut aujourd’hui de l’or et chaque partie en est consciente et veut tirer la couverture à soi au maximum.

Tout remonte à la revalorisation de contrat octroyée à la grande promesse du Standard à la fin de l’été.  » Ce contrat a été élaboré de façon à ce que la loi de 1978 ne soit plus utilisée « , explique Duchâtelet. Ce nouveau contrat majoré contient une clause assez bizarre qui prévoit que Batshuayi peut partir pour 8 millions tant que Duchâtelet est président, et pour 5 millions d’euros sous un autre président. Le propriétaire du Standard n’a pas voulu nous expliquer cette clause.  » Je conçois que cela peut paraître assez bizarre « , a-t-il cependant concédé.

Cette clause soulève énormément de questions. Soit Duchâtelet veut que la vente du joueur ne profite qu’à lui, soit il veut mettre un caillou dans la chaussure de son successeur. Car comment comprendre autrement une clause qui fait dépendre le prix de départ à la présence ou non de Roland Duchâtelet ? A moins que cette clause n’ait été voulue par l’entourage du joueur, misant sur une revente du Standard dans l’année. Mais cette hypothèse est rejetée par la famille du joueur.

Autre problème : la validité de cette clause. Comme le joueur est actuellement meilleur buteur, sa valeur s’est envolée sur le marché. Duchâtelet se mord donc les doigts de ne pas avoir mis une clause de départ plus élevée. A l’heure actuelle, plusieurs clubs estiment que mettre 8 millions d’euros sur la table pour Batshuayi constitue une excellente affaire. Duchâtelet s’en rend compte et affirme à ses interlocuteurs que cette clause n’est plus valide. C’est ce qu’il a dit aux émissaires de Benfica en janvier en affirmant que le prix du joueur était fixé à 12 millions d’euros.

Sur quoi se basent ses arguments ? Le contrat, outre cette clause, comprend un alinéa qui affirme que  » le Standard se réserve le droit de refuser de rompre le contrat.  » Et voilà comment le joueur se retrouve piégé par son contrat alors qu’il pensait en toute bonne foi en signant le document que le prix de sa clause suffisait à un club pour s’assurer un départ.

L’arrivée d’Henrotay change cependant la donne. Cet agent a ses ouvertures sur le marché international et depuis son arrivée dans le jeu de quilles, Duchâtelet a perdu de l’emprise sur le dossier. Il a tenté une contre-attaque en tentant de salir publiquement Henrotay.

Deux jours après son communiqué virulent envers Henrotay, le président du Standard rentrait lui-même en contact, via Katrien Meire, juriste arrivée au Standard en début d’exercice et placé peu après à Charlton, avec Robert Elstone, CEO d’Everton pour dire que toute négociation devait passer par lui. Cela signifie-t-il qu’il ouvrait la porte à une vente du joueur ? En homme intelligent et avisé, Duchâtelet n’a pas pu penser une seconde que cette tentative allait échapper à Henrotay, très proche du président des Toffees, Bill Kenwright. Et s’il s’agissait simplement de tracer son pré carré et de montrer à l’agent de Batshuayi qu’il était plus coriace et qu’il pilotait les négociations ?

Si Duchâtelet était prêt à discuter avec Everton et Benfica, il s’est immédiatement opposé au projet de vente du joueur à un club anglais qui profiterait à Anderlecht, par crainte des réactions du public de Sclessin. Il sait pertinemment bien qu’une arrivée de Batshuayi à Anderlecht aurait ravivé la haine des supporters à son égard (et les menaces qui vont avec), ce qu’il a voulu éviter à tout prix.

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