Duchâtelet doit se regarder dans le miroir

Vendredi dernier, quand les supporters du Standard se sont rebellés et révoltés, Roland Duchâtelet s’est-il remis en question ? Un moment donné, le président du Standard s’est-il demandé s’il appréhendait vraiment la culture si spécifique de ce club ? A-t-il passé en revue sa gestion et son style de management ? A-t-il effectué le bilan des dix millions d’euros investis en 14 joueurs, qui n’ont pas apporté la moindre plus-value, alors qu’à l’aube de la saison, il parlait encore avec conviction de très bons transferts entrants ? Que lui est-il passé par la tête quand il s’est porté garant d’un entraîneur, Ron Jans, qu’il a finalement renvoyé alors que les joueurs avaient ouvertement pris sa défense ?

Que pense maintenant Duchâtelet de l’objectif qu’il avait formulé en début de saison, à savoir une place dans le top trois ? A-t-il, lui, l’homme d’affaires à succès, fin stratège, réalisé une analyse franche de ce qui n’a pas marché ? Se demande-t-il s’il possède un bagage sportif suffisant et s’il s’est entouré des bonnes personnes ? Quel regard porte un président sur des supporters qui se distancient publiquement de leur club et en fustigent le mauvais fonctionnement par banderoles interposées alors qu’ils comptent parmi les plus fidèles du pays ? Mais surtout, quelle crédibilité a-t-on encore quand on continue à parer toutes les critiques en de telles circonstances ? Il est grand temps que le président du Standard se regarde dans le miroir au lieu de nier les problèmes.

Le Standard a tenté de faire revenir le calme en embauchant Mircea Rednic. Après pareille accumulation d’erreurs, il reste à espérer que l’ancien joueur a été soigneusement analysé. Ici encore, la responsabilité échoit à Roland Duchâtelet, le maître sous la direction duquel Jean-François de Sart a été rétrogradé au rang d’exécutant, sans mot à dire. Cette situation n’a d’ailleurs pas empêché le directeur technique de déclarer maladroitement, la semaine dernière, que Ron Jans n’avait pas prodigué d’entraînements assez durs.

Roland Duchâtelet a essayé de moderniser la structure du Standard par ses remaniements mais, pour un club de football, le terrain reste l’unique réalité. Pour le gérer, on a besoin de professionnels. Duchâtelet a pris l’aspect sportif en mains, se surestimant complètement. Beaucoup de gens s’étonnent de sa méconnaissance du football et de son mode de pensée. Ainsi, après la victoire du Standard contre Anderlecht, Duchâtelet a triomphé, y voyant la confirmation de sa gestion des transferts alors qu’avant ce même match, la tête de Ron Jans était déjà sur le billot et qu’on avait déjà discuté d’un successeur potentiel. Mais le quotidien continue à déterminer le fonctionnement de nombreux clubs.

Le Club Bruges a également été secoué quand Bart Verhaeghe a surgi dans le vestiaire, après la défaite contre Newcastle, pour y faire part de son mécontentement. L’entraîneur venait, dans son analyse, de juger que l’équipe avait livré un bon match et s’était créé suffisamment d’occasions. Leekens est coutumier de ce genre de déclarations et il a l’art de tourner à son avantage ce qui ne va pas. Après sa défaite contre Lokeren, il n’a certes pas eu tort de vanter la mentalité du noyau mais il a soigneusement omis d’évoquer le manque de ligne dans le jeu. Leekens adore se placer dans la peau de l’outsider mais cela ne sied pas à un club qui veut reconquérir le titre, après huit ans de disette.

Le jeu développé par Anderlecht suscite aussi quelques soucis. Il ne reste plus grand-chose de la réanimation entreprise par John van den Brom. Les Mauves ont perdu en qualité et continuent à gaspiller leurs occasions de but. Pourtant, le Néerlandais ne doit pas se faire de tracas, pour le moment, alors que Bob Peeters et Trond Sollied viennent d’être limogés.

En cette période de Toussaint, il n’est d’ailleurs pas invraisemblable que le cimetière des entraîneurs s’agrandisse. Au Lierse, Chris Janssens vacille. Le capricieux président Maged Samy lui reproche de ne pas jouer assez offensivement. C’est étrange car le Lierse n’a pas les joueurs requis pour ce style de jeu. À Waasland Beveren, Dirk Geeraerd a du mal à gérer la pression. Samedi, après son revers 0-2 face à Zulte Waregem, quand un journaliste lui a demandé s’il croyait encore au maintien, il s’est fâché et a quitté la salle de presse. Il paraît donc lui aussi dans ses petits souliers.

PAR JACQUES SYS

 » Leekens a l’art de tourner à son avantage ce qui ne va pas. « 

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