Du talent au RENDEMENT

A nthony Vanden Borre fêtera ses 18 ans le 24 octobre prochain et il n’en avait que 16 lorsqu’il fut appelé à disputer ses premiers matches en D1 au cours de la saison 2003û2004. C’est sans aucun doute son énorme potentiel physique qui lui aura permis de rivaliser si jeune avec des hommes.

Petit Diablotin, on l’avait déjà affublé de surnoms tels que Pitbull ou Terminator. Outre son gabarit impressionnant, il possède une endurance et une capacité d’accélération û avec ou sans ballon û phénoménales. Pur produit de l’école anderlechtoise, il en possède donc toutes les qualités mais aussi tous les défauts : une technique avec ballon û dribbles, passes, contrôles û presque parfaitement maîtrisée. Je dis presque car il subsiste parfois une certaine nonchalance qui altère quelque peu la qualité de ses passes. Paradoxalement ses centres sont un modèle du genre : parfaitement dosés, précis et toujours exploitables.

En revanche, son jeu sans ballon est beaucoup plus approximatif et moins bien assimilé. Le geste défensif notamment. Mais c’est à coup sûr dans le domaine de la maturité tactique qu’il est aujourd’hui le plus perfectible. Ces défauts sont probablement la conséquence assez logique d’une supériorité quasi permanente des équipes d’âge d’Anderlecht dans les différentes compétitions de jeunes.

Placement et replacement sont ses lacunes prioritaires à combler. Mais comme il apprend vite et qu’il a une intuition innée du jeu, je suis absolument convaincu qu’Anthony arrivera à gommer ça rapidement. Car son petit grain de folie et d’insouciance qui ne lui permet pas toujours de bien maîtriser ce qu’il fait ou ce qu’il dit, le libère par ailleurs de toute peur de mal faire. Et quand on le voit, comme contre le Standard, en position haute sur le flanc droit, répéter des infiltrations ravageuses avec ou sans ballon, on se dit que Cafu est encore loin mais qu’on s’en rapproche… L’objectif de demain sera de s’affirmer dans la constance et la durée. C’est là que des questions se posent. Pourra-t-il se donner le temps de mûrir ? Aura-t-il la patience de construire d’abord les fondations de sa carrière ?

Pour peu que je le connaisse, Anthony n’est pas ce joueur difficile à gérer que certains ont complaisamment et injustement dépeint. Plus que d’autres, il a sûrement besoin d’un cadre û de règles û donc de points de repère et de structures pour mieux s’épanouir. Il a surtout besoin de beaucoup d’affectif pour se laisser apprivoiser car son apparence un tantinet rebelle n’est rien d’autre que de la réserve. Il a besoin qu’on aille vers lui. A certains égards, il me fait penser à Eric Cantona qui, depuis toujours, est son idole. Chez lui comme chez le grand Eric, l’immense carcasse dissimule une énorme sensibilité. Même timidité mais aussi même humour. Un authentique pince sans rire. Même soif d’apprendre également ! A condition qu’on leur explique le pourquoi des exigences. Sans cela, c’est le refus qui peut dégénérer en conflit jusqu’à trouver un malin plaisir à donner une fausse image de soi-même.

Anthony semble sur le bon chemin. Tout le monde à Anderlecht le reconnaît et s’en réjouit. On sent qu’il s’assume et se responsabilise de plus en plus. Si la saison dernière était celle de l’éclosion, celle qui s’achève, est celle de la confirmation. Son frère Frank qui veille sur lui comme un second père est convaincu  » que le véritable Anthony est seulement à venir et que sa marge de progression est encore considérable « . L’arrivée de Franky Vercauteren aux commandes est une aubaine pour tous les jeunes, lui dont la maxime est : le talent c’est très bien mais le rendement c’est encore mieux !

par André Remy

SON APPARENCE REBELLE n’est rien d’autre que de la réserve. Il a besoin qu’on aille vers lui.

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