Du Messi pour Bruges

Portrait de ce petit génie du Barça B, qui a signé pour trois saisons au Club.

« L ionel Messi, Gerard Piqué, Cesc Fabregas et Victor Vazquez étaient l’épine dorsale de l’équipe. Nous évoluions en 3-4-3. Piqué occupait l’axe défensif, Cesc l’entrejeu derrière Messi et Vasquez, le numéro neuf. Trois actions sur quatre venaient du tandem Messi-Vazquez. La cantera n’a jamais eu de meilleur duo.  » Ces propos sont d’ Alex Garcia, qui a dirigé cette brillante équipe des 15/16 ans de Barcelone en 2002-2003, balayant toutes ses rivales. Trois de ces footballeurs sont devenus des stars mondiales… et Vazquez, surnommé le Gitan à cause de sa peau sombre et de ses longs cheveux se produira pour le Club Bruges la saison prochaine.

Vazquez est timide mais souriant. Il n’hésite pas à formuler sa pensée. Son talent a éclaté quand il avait dix ans. Depuis 1993, un tournoi national qui réunit toutes les équipes U12 des clubs de Primera Division, le Torneo Nacional Alevín de Fútbol 7. Barcelone l’a remporté six fois, notamment en 1997, où Vasquez a été élu meilleur joueur. Or, parmi les participants, on retrouvait Fernando Torres, Juan Mata, Andres Iniesta, Fabregas. Messi n’étant pas encore arrivé…

Fabregas a défini Vasquez en un mot dans El Periódico :  » Goal. En catégories d’âge du Barça, c’est lui qui marquait le plus. Nous pensions qu’il atteindrait le firmament et je l’en crois toujours capable. Il n’a que 24 ans. Il était le meilleur.  »

Vasquez, qui s’épanouit au milieu droit ou dans l’entrejeu axial offensif, n’a pourtant pu gagner sa place en équipe-fanion. Guillermo Amor, directeur de l’école des jeunes au terme de sa carrière, ne s’étonne pas de la stagnation du futur Brugeois :  » Ce n’est pas une honte, compte tenu de la qualité de l’équipe ces dernières années. Il était un des meilleurs techniciens de l’équipe B.  »

Pep Guardiola a aligné Vazquez à plusieurs reprises en 2008-2009, l’année du triplé. Il est entré en action contre Recreativo Huelva et en Ligue des Champions contre le Shakhtar Donetsk (défaite 2-3). Le 8 février 2009, le destin a frappé. Dans le match du Barça B contre la Villarreal B, un défenseur lui a décoché un coup à la cheville droite et son genou s’est tordu. Le médian a été opéré par le Dr. Ramon Cugat, chirurgien orthopédiste auquel Barcelone envoie ses cas les plus graves. Son diagnostic a été terrible : il s’agissait d’une fracture compliquée.  » Pourra-t-il encore jouer un jour ? ». Le monde de Vazquez s’est effondré. Guardiola tente de lui remonter le moral en lui promettant que son contrat sera renouvelé et l’incite à £uvrer d’arrache-pied à son retour.  » Un jour, tu recevras ta chance « .

La revalidation de Vazquez s’étend sur plus d’un an. Il passe un mois dans le plâtre puis quatre à l’hôpital, sous la direction d’un physiothérapeute. Ensuite, il travaillera encore neuf mois au club. Sa revalidation est ponctuée de hauts et de bas. Un de ses tatouages date de cette époque :  » Only the strongest survive « .

 » Il a souffert « , témoigne Thiago Alcantara, son coéquipier au Barça B.  » Mais il reste un joueur de Primera Division.  »

Le retour

7 décembre 2010, Camp Nou, peu avant 22 h 30. Adriano renverse le jeu en direction de Victor Vazquez, qui sprinte, parcourt quelques mètres avec le ballon et, de l’extérieur du rectangle, le place à côté du gardien Sergei Ryzhikov. Barcelone, déjà assuré de la première place de sa poule en Ligue des Champions, affronte Rubin Kazan. La joute n’a plus d’importance et Guardiola a ménagé la plupart de ses titulaires. Le but de Vazquez, qui a remplacé Jeffren, blessé, à la 13′, est le deuxième de la soirée. Barcelone s’impose 2-0. C’est le premier but officiel de Vazquez en équipe fanion. Il le fête avec son copain Messi, également entré en cours de partie.

Vazquez semble avoir enfin forcé la porte de l’équipe première mais en janvier, il se re-blesse à la cheville et passe encore quelques semaines à l’infirmerie. Le Club Bruges aurait-il acheté un joueur fragile ? Non, selon Javier Estepa, journaliste à Marca.  » Il est solide. Il a simplement eu de la poisse « .

Amor est plus prudent :  » Il a toujours joué pour le même club. Evoluer dans une autre équipe, dans un pays différent requiert un temps d’adaptation. Le fait qu’il ne soit habitué qu’à notre style de jeu n’est pas un problème car la gamme tactique et technique de nos joueurs est suffisamment étoffée pour qu’ils s’adaptent à d’autres systèmes de jeu. Fabregas, un médian typiquement barcelonais, a largement fait ses preuves à Arsenal, dans un autre registre… « 

Une affaire en or ?

Pourquoi un footballeur de cette qualité, convoité, entre autres, par Arsenal, Blackburn, le Deportivo La Corogne, Almeria et le Sporting Gijon, a-t-il jeté son dévolu sur le Bruges ? Estepa :  » Les offres d’Angleterre n’étaient pas sérieuses et les équipes espagnoles de bas de classement ne l’intéressent pas car il ne veut plus se retrouver en D2. Vazquez a besoin de continuité. Il veut jouer et est assuré d’une place de titulaire au Club Bruges. Il ne marque certes plus aussi aisément qu’en catégories d’âge mais il est devenu l’homme des passes décisives. « 

MATTHIAS STOCKMANS & STEVE VAN HERPE – PHOTO: REPORTERS

 » A 15/16 ans, il n’y avait pas meilleur duo que Messi-Vazquez… « 

Alex Garcia, coach des jeunes du Barça

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