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Du foot en séries ?

Je viens de m’abonner à Netflix, c’est la faute à Foot Mag. Je n’en avais jamais eu envie, tant nous sommes déjà submergés, sans cela, par les offres de fictions à la télévision. Et ce n’était pas Netflix qui, par ailleurs, misait sur le football. Mais retournez lire notre magazine du 18 mars dernier. Simon Barzyczak annonçait la diffusion sur la plateforme d’une série en six épisodes consacrée à la naissance du foot en Angleterre :  » The English Game « , que ça s’appelait ! J’ai succombé, j’ai banqué, je ne pouvais pas manquer : les origines du foot, j’adore, j’ai même commis voici dix ans un petit bouquin qui remontait le temps, pour tenter de comprendre d’où nous venaient, et comment avaient évolué, ces sacro-saintes Lois du Jeu qui n’ont jamais cessé d’engendrer du boxon.

Dès l’origine, le foot était voué à générer du professionnalisme, du fric, des rivalités exacerbées.

Ce docu-fiction est fichtrement bien foutu. D’abord le choix de l’époque : l’action démarre en 1879 et c’est judicieux. Car si l’histoire officielle nous a refilé 1863 comme date de naissance du foot, ce n’est qu’en 1877 que les règles furent unifiées, au sein d’une fédé anglaise enfin unique. Le réalisateur Julian Fellowes est, paraît-il, un king des séries, notamment père de  » Downton Abbey « , dont j’ignore tout. Question reconstitution des scènes de jeu, c’est sobre et tiptop : vaste terrain non tracé, gardien de but qui n’a pas encore de maillot le distinguant de ses équipiers, barre transversale qui n’est encore qu’une cordelette, joueurs sans numéro, arbitre immobile en costard sur le bord du terrain… et déjà la compèt’ : alors que le championnat ne sera créé qu’en 1888, la Cup existe depuis 1872 et attise les passions.

Question reconstitution du climat social, c’est léché et particulièrement éclairant. D’une part, les aristos qui ont créé un jeu rien que pour eux, et pour noblement s’époumoner durant leurs temps libres. D’autre part, les prolos de la révolution industrielle (et leurs patrons ! ) qui ont trouvé ce jeu fort chouette, qui souhaitent en découdre, mais manquent de temps libres… et sont déjà époumonés quand surgit parfois l’occasion de rivaliser : d’où l’émergence de faux ouvriers, mais vrais professionnels… qui donneront au peuple du bonheur enlevé aux nantis ! Suivre la trame de ce récit malin qui se refuse à ne voir que de mauvais riches et de bons exploités, c’est comprendre que dès l’origine, notre joli sport était voué à générer du professionnalisme, du fric, des rivalités exacerbées, des transferts incessants.

Je vous recommande donc vivement la série. Quant à moi, l’ayant vue et c’est tout ce que je souhaitais, je me suis d’abord dit que j’allais illico me désabonner de Netflix. Pourquoi m’accrocher ? Mais avant ça, par curiosité, je me suis baladé dans le catalogue… pour y découvrir ahuri d’autres séries footeuses valant peut-être le détour ! D’abord  » Sunderland ’til I die « , un documentaire en deux saisons et quatorze épisodes, j’ai regardé le premier, ça intrigue : ça raconte de l’intérieur la déchéance de ce club historique relégué deux saisons consécutives, de Premier League en 2017, et de Championship en 2018. Puis  » Apache « , huit épisodes inspirés de la vie paraît-il tourmentée de Carlos Tévez, faut que je le voie pour le croire. Et encore  » 21 Thunder « , où il est question d’un club de soccer canadien, ou  » Becoming champions « , huit épisodes pour évoquer les huit pays vainqueurs du Mondial. Et enfin, last but not least,  » Maradona au Mexique  » : sept épisodes à découvrir à tout prix si l’on reste fasciné par le destin en queue de cerise du génial petit gros ! Et y’en a peut-être d’autres. Bref, le désabonnement attendra un peu. Le foot, même quand y’en a plus, y’en a encore. La vie est bizarre.

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