Du filet à la pêche

Les goûts, les couleurs, les oeuvres caritatives, les héros, les passions, les angoisses, les images fortes du meilleur Mauve de la saison.

Silvio Proto intime, ça donne ceci… Louisiane, Brabant wallon et business avec Jova Il consacre énormément de temps à la construction de sa maison à Braine-l’Alleud depuis l’automne. Plus jeune, il a travaillé sur des chantiers avec un oncle plafonneur : c’est un peu son domaine. Il devrait emménager durant l’été. C’est une maison en ossature bois (griffée Mi Casa) comme on en voit notamment en Louisiane, avec plusieurs balcons. Il disposera de 660 m2 habitables. Sa demeure actuelle, dans le même quartier, vient d’être mise en vente sur le web. Milan Jovanovic, qui aimerait garder un pied-à-terre en Belgique, est intéressé.  » Ma femme et moi venons de la région de Charleroi « , dit Proto.  » Nous n’imaginions pas nous installer dans le Brabant wallon, maintenant nous ne nous pourrions plus vivre ailleurs.  »

Messi, Casillas et Cech dans sa salle de jeux

Il y aura du beau monde aux murs de la salle de jeux. Il la tapissera de maillots échangés avec des adversaires. Lucas Biglia lui a ramené d’Argentine une tunique portée par Lionel Messi en équipe nationale. Avec Anderlecht ou en équipe belge, il a procédé à des échanges avec d’autres gros morceaux : Iker Casillas, Pepe Reina, Djibril Cissé, Luis Garcia, Petr Cech, Frank Lampard, Raul. Il a offert le maillot de Luca Toni à Guillaume Gillet, fan du Bayern. Silvio Proto n’est pas obsédé par cette collection mais il la compléterait volontiers avec un dessus de Gianluigi Buffon. Casillas et Buffon sont les gardiens qui l’inspirent le plus, il a aussi un faible pour Hugo Lloris. Quand il était gamin, le premier maillot non officiel qu’il a reçu était celui de Walter Zenga. Plus tard, on lui a offert celui d’Angelo Peruzzi.

Aux grilles de l’école avec Matias et Magali Suarez

Les Mauves que Silvio Proto et son épouse Barbara côtoient en dehors du stade sont essentiellement Guillaume Gillet, Lucas Biglia et Matias Suarez. Ses enfants et ceux du Soulier d’Or sont à la même école à Braine-l’Alleud. Les Suarez habitent dans le Brabant flamand mais ils voulaient un établissement francophone pour leurs enfants. Barbara Proto et Magali Suarez passent également pas mal de temps ensemble. Parmi ses anciens coéquipiers, Silvio a gardé des contacts notamment avec Thomas Chatelle, Mbo Mpenza (ils sont partis deux fois en vacances ensemble), Alexandre Bryssinck (ils sont parrains l’un chez l’autre) et Benoît Daniel, qu’il a tous deux connus à La Louvière.

La pêche mais pas en mer à cause d’un traumatisme

Silvio Proto adore pêcher, il y va régulièrement avec Georges Tichoux, ami intime et restaurateur à Lillois. Mais il ne pêche jamais en mer.  » J’ai peur depuis que j’ai vu quelqu’un se noyer devant moi lors de vacances en Sicile, quand j’étais gosse. C’était un homme d’une quarantaine d’années, son pied est resté bloqué dans un trou, c’était la panique, les secouristes nous ont écartés. Je ne sais pas s’il est finalement mort ou pas ! Cela a été un vrai traumatisme. Ma peur des océans vient de là. Je ne ferai jamais une croisière. Impossible. Et en avion, je me sens mal pendant tout le temps où on survole la mer. Je ne peux m’endormir que quand on est au-dessus de la terre ferme. Ça ne me déplairait pas de faire un saut en parachute mais j’ai peur de l’avion.  » Il combat quand même ses craintes pour faire de longs voyages en couple ou avec les enfants : Egypte, New York, Ile Maurice. La République Dominicaine est au programme de cet été.

Futur semi-marathonien

Les hobbies sportifs du gardien d’Anderlecht sont le tennis, le squash et le jogging. Après sa carrière, il voudrait faire l’un ou l’autre semi-marathon. Il ne pense pas au marathon :  » On ne maîtrise plus son corps dans les derniers kilomètres, ça m’effraie un peu.  » Il était aussi fan de quad dans le passé mais cette activité est interdite par le Sporting et il a revendu sa machine. Autre projet d’après-carrière : prendre des cours de cuisine.

Jamais de foot à la télé

Le Bayern, Barcelone, Dortmund, le Real : Silvio Proto n’a vu aucun des matches de demi-finales de Ligue des Champions. Il a juste suivi un quart parce qu’il était invité en studio. Il ne regarde du foot à la télé que les soirs de ses matches, s’il n’arrive pas à trouver le sommeil. Dans ces cas-là, il lui arrive aussi de jouer en ligne à la PlayStation avec cinq ou six autres Mauves, parfois en pleine nuit. Ses programmes sont plutôt des séries, des émissions d’aventures style Koh Lanta, des reportages animaliers ou une télé-réalité avec du contenu comme Top Chef.

Neurosciences cognitives et comportementales…

Barbara a un diplôme de secrétaire de direction et une formation de maquilleuse. Elle s’occupe par exemple de Madame Suarez, chanteuse, lorsqu’elle a un shooting. Elle suit actuellement une formation en  » neurosciences cognitives et comportementales  » : c’est l’étude des pensées et des comportements en fonction des différentes parties qui composent notre cerveau.

Thomas Chatelle comme prof de politique

Silvio Proto rencontre de temps en temps le bourgmestre de Braine-l’Alleud mais n’a jamais été approché par un parti. Il s’intéresse à la politique grâce à Thomas Chatelle.  » Nous étions souvent dans la même chambre lors des mises au vert. Anderlecht jouait surtout le dimanche soir, alors nous étions devant la télé à midi et il m’a fait découvrir les débats de politiciens. J’y ai pris goût à ce moment-là.  »

Aucun trophée à la maison

Quatre titres de champion, deux Coupes de Belgique, quatre Supercoupes, trois fois Gardien de l’Année, auteur du plus beau but de la saison avec le Beerschot : cela fait un paquet de trophées, de médailles. Mais Silvio n’a rien chez lui. Tout est chez ses parents, où sa mère a transformé son ancienne chambre en petit mémorial.  » Ils conservent tout, ils veulent un maillot de chaque saison, des paires de gants,… Tout ce que j’ai gagné restera chez eux, ils en ont plus besoin que moi.  » Révélateur de l’attrait qu’il porte à ses prix individuels : son trophée de Gardien de l’Année 2012 est toujours dans son armoire du vestiaire.

OEuvres caritatives

Silvio Proto et sa femme ont été repérés à l’Hôpital des Enfants Reine Fabiola (Bruxelles) à Noël l’année dernière, ils y ont distribué des jouets et des friandises. Une initiative personnelle. Dans le passé, d’autres joueurs d’Anderlecht avaient mis sur pied des actions du même style, notamment Guillaume Gillet et Jonathan Legear. Pour financer ses projets, il se débrouille : il y consacre une prime de victoire, il vend un maillot aux enchères, il contacte des fabricants de jeux, il fait appel à la marque de gants qui le sponsorise,…

Menaces armées sur ses parents

Les parents de Silvio Proto sont bénévoles au FC Charleroi. Son père était trésorier jusqu’en mars dernier. Il ne veut plus de cette responsabilité depuis qu’ils ont été agressés dans la buvette par deux hommes armés et cagoulés qui leur ont réclamé une importante somme d’argent.

Marqué à vie par les cris de Wasyl

Quand on le questionne sur les événements de sa carrière qui l’ont traumatisé, Silvio Proto en relève quatre.  » Marcin Wasilewski qui gueulait comme si on lui avait arraché une jambe, dans le local des kinés à la mi-temps, après le tacle d’Axel Witsel. Il n’avait pas été embarqué directement à l’hôpital, il fallait d’abord le conditionner et arrêter l’hémorragie parce qu’il perdait énormément de sang.  » Aussi ceci :  » Ma blessure au genou. J’avais mis des mois à m’en remettre, et quand je suis redevenu opérationnel, j’ai dû patienter longtemps sur le banc parce que Daniel Zitka était bien installé dans le but.  » Pour terminer, deux décès :  » José Lago, le responsable du matériel d’Anderlecht. Nous étions très proches. Et l’enterrement du petit garçon de Dieumerci Mbokani a été un autre moment terrible. Tout le noyau était là. Voir ce petit cercueil, la désolation de Dieu et de sa femme, ça nous a tous énormément marqués.  »

Conseil des joueurs

Proto fait partie du conseil des joueurs du Sporting. Quand il doit y avoir une discussion entre la direction et le noyau, ça passe par lui. Il est généralement accompagné par Guillaume Gillet et Lucas Biglia.

Réseaux sociaux

Il est sur Facebook mais n’y est pas très actif. Comme amis, il n’accepte que des personnes dont il est très proche. Depuis trois mois environ, il a aussi un compte Twitter. Mais pour lui, ce ne sera jamais un outil de polémiques.  » Je poste rarement, et quand je le fais, c’est pour remercier nos supporters par exemple. Je reçois régulièrement des insultes de fans d’autres équipes, je ne réponds pas, je les bloque directement. Après cela, ils ont encore le culot de se plaindre, de dire que je suis une petite nature sous prétexte que je ne les accepte plus.  » Il a rarement reçu des critiques dans la presse mais n’a jamais réagi dans ces cas-là.  » Il y a quelques années, un journaliste a écrit que j’avais arrangé des matches quand j’étais à La Louvière. Alors que les matches truqués ont eu lieu quand je n’y étais plus. Dans un premier temps, je me dis : -Il faut que j’aille mettre une bonne gifle à cet imbécile. Mais très vite, je retombe.  »

Superstitions

Proto et les superstitions, c’est une histoire longue et intense mais il n’a jamais voulu donner de détails. Son rituel commence le matin des matches et comporte de nombreuses étapes. Il avoue seulement qu’il foule toujours le terrain avec le pied droit d’abord. Et quand il va vers son but juste avant le coup d’envoi, il sprinte dans le rectangle puis saute pour frôler la transversale avec la tête.  » Il y a des joueurs du noyau qui sont encore bien plus superstitieux que moi, qui ont leurs petites manies pendant toute la semaine, qui dorment toujours avec le même slip la veille des matches par exemple.  »

Kenzo, Téo

Les prénoms de ses fils sont inscrits sur ses gants et aussi tatoués sur ses poignets. Dans son dos, il a fait inscrire le prénom de sa femme en japonais.  » Assez haut, verticalement, le long de la colonne. Quand le tatoueur touchait les os, c’était horrible.  » Il sait qu’il ne s’est pas fait arnaquer. Un soir de match contre le Standard, alors qu’il était torse nu dans le couloir des vestiaires, il a entendu :  » Barbara ?  » C’était Eiji Kawashima qui lisait tout haut !

Sponsoring

Silvio Proto a trois sponsors personnels : Nike, Uhlsport (gants) et McDavid (protections que des rugbymen et gardiens de but portent sous le maillot et le short). Il participe occasionnellement à des actions organisées par ses sponsors. Récemment, il s’est par exemple rendu à un stage mis sur pied par Uhlsport dans la région de Lokeren.

PAR PIERRE DANVOYE

 » Un type s’est noyé devant moi : je suis traumatisé par les océans. « 

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