Du danger de se laisser aveugler

Etienne Delangre :  » Je suis toujours étonné qu’on se fasse aussi vite un jugement sur un footballeur. Ceux qui alignent quelques bons matches sont directement bombardés comme nouvelles stars. C’est bien pour les joueurs en question car ils s’y retrouvent sur le plan financier, mais je trouve la démarche fort hasardeuse de la part des clubs. Cyril Théréau n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. L’été dernier, Anderlecht a mis le paquet pour le transférer : en se basant sur ce qu’il avait réussi en quatre matches avec Charleroi un an plus tôt, pas en ayant analysé ses matches avec Bucarest. Après cela, on s’étonne d’avoir de mauvaises surprises. Pour moi, Théréau est un bon attaquant pour un championnat de Belgique où des joueurs arrivés de Ligue 2 ou de CFA font la pluie et le beau temps, mais ce n’est quand même pas un super crack de niveau européen. Il y a beaucoup d’erreurs de casting. Travaille-t-on avec de vraies cellules de recrutement ? Je pourrais citer beaucoup d’autres cas de dérives, et pas seulement en Belgique. Souvenez-vous de Laurent Delorge. Il avait joué 10 bons matches à La Gantoise sous Johan Boskamp et cela a suffi pour que Coventry l’achète et lui propose un contrat de cinq ans à 7.500 euros nets par semaine. Sur ses cinq saisons en Angleterre, il a joué 30 matches au total ! On a déjà tendance à faire la même erreur avec Glen De Boeck : sous prétexte que ça marche bien pour lui au Cercle depuis quelques mois, on parle déjà de le rapatrier à Anderlecht. Mais s’il est si bon, pourquoi ce club ne l’a-t-il pas gardé ? Qu’on laisse le temps au temps.

Philippe Vande Walle a gagné les quatre derniers matches de la saison passée avec Charleroi et il n’en a pas fallu plus pour qu’on lui confie l’équipe au début de ce championnat. Et très vite, on s’est rendu compte que ça n’allait pas. Dans beaucoup de clubs, on se laisse aveugler par les événements récents, par ce qui s’est passé sur une période très courte. Michel Preud’homme n’était pas assez bon pour le Standard au moment de son premier séjour d’entraîneur, mais aujourd’hui, on en fait un dieu vivant. Je me sens évidemment concerné par ces jugements hâtifs : à cause d’une expérience de trois mois peu concluante à Charleroi, on m’a collé pour de bon une mauvaise étiquette.

Si je dois désigner les futurs grands de notre championnat, je m’intéresse plutôt à ceux qui montrent de très bonnes choses depuis un bon moment. C’est déjà beaucoup plus fiable de dire que Marouane Fellaini et Axel Witsel ont un gros potentiel. Ce n’est pas seulement sur cinq matches qu’ils se sont mis en avant. Ils sont jeunes, et avec ce qu’ils ont déjà démontré dans la durée, on a le droit d’être optimiste pour eux. On ne peut pas être aussi certain de son jugement quand on parle de météores, de joueurs qui changent trois fois de club en un an et demi. C’est toujours mauvais signe de multiplier les déménagements « .

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