Du balcon du Sporting

Un immeuble donne une vue imprenable sur la pelouse du Sporting de Charleroi. On vous raconte.

Des business seats. Mais en dehors du stade. Plus précisément au dixième étage d’un immeuble voisin, chez Gisèle et René-Pierre. Bon, dit comme ça, objecterez-vous probablement, ça n’a pas l’air des masses sexy. Et pourtant… Ce mercredi soir, sur le coup de 20 h 30, c’est de cet appartement haut perché que nous avons décidé d’assister à Charleroi-Malines. Pour ne rien gâcher, les convives présents fêtent l’anniversaire de l’un des leurs. Ambiance et cotillons. Autre chose que l’atmos-phère feutrée des loges officielles à sponsors et cadors locaux, on vous le dit ! Bière pour tout le monde, whisky-coca obligatoire et carabiné pour l’intrépide auteur de ces lignes, pistolets au jambon et biscuits dans un coin, écran 16/9 pour les gros plans et les commentaires. Tout y est. On est bien. Les joueurs paraissent petits, de si haut, mais c’est à peu près ce que doivent ressentir 50 % des socios du Barça quand ils se rendent au Camp Nou. Point de Messi ici, restons mesurés, mais des Carolos plutôt en jambes, malgré des débats assez équilibrés. Sur le balcon, où les premières sèves piquantes de l’hiver finissent de rappeler qu’on est à Charleroi et pas à Barcelone, René-Pierre nous explique un peu le topo.

 » Nous, on est seulement locataires. On ne fait pas partie des riverains qui avaient porté plainte à l’époque de la construction de la nouvelle tribune, pour l’Euro 2000. On s’est installés bien après. Une partie de ces riverains est d’ailleurs décédée depuis 1999, vu que l’immeuble est habité par pas mal de vieilles personnes. Certaines, il faut le dire, n’avaient plus du tout de soleil avec la tribune installée pour l’Euro. Avant qu’on la démonte, on ne voyait d’ailleurs rien au terrain. Maintenant, c’est différent. On voit parfaitement les matchs, le temps qu’ils reconstruisent un toit. Et ça donne ce genre de soirées placées sous le signe de la convivialité.  »

Fan du Sporting depuis toujours, René-Pierre aurait tort de ne pas en profiter. Un avis que ne partagent pas vraiment des supporters qui, de temps à autre, se retournent, lèvent les yeux au ciel et… insultent les habitants du dixième étage !  » Foutez le camp, crapules, nous ont-ils déjà crié. Ils voient en nous des gens qui profitent et regardent les matchs gratuitement. Je comprends que ce n’est pas gai pour eux de ne pas avoir de toit, surtout avec l’hiver qui approche. Mais ce qui arrive n’est absolument pas de notre faute.  » La vue, en tout cas, est imprenable.  » Ils devraient mettre les deux juges de touche ici, avec des talkies walkies « , lance malicieusement l’un des convives. Sur le pré, Charleroi prend l’avantage via Pollet. René-Pierre, dont la carrure fait davantage penser à Philippe Albert qu’à Zakaria Bakkali, y va alors d’une tape sur l’épaule bien virile :  » Tu nous as porté chance !  » Y’a pas de quoi.  » Tu vas prendre un petit coup sur l’goal quand même ! ? « , demande un autre participant à notre photographe. Non peut-être ! Le hic, c’est qu’on ne leur porte pas tant chance que ça, puisqu’après avoir mené 2-0, le Sporting se fait rejoindre par Malines.  » Bon retour à Bruxelles, et tu reviens quand tu veux, foot ou pas foot « , nous salue René-Pierre. On vous le disait, c’est autre chose que dans les business seats officiels.?

PAR GUY VERSTRAETEN – PHOTOS: THIERRY PORTIER

 » Tu vas prendre un petit coup sur l’goal quand même ! ? « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire