Droits TV : vers un contrat monstre

Si aucun fusible ne pète, les seize clubs de D1 trancheront aujourd’hui au sujet d’un contrat TV assez faramineux. C’est en effet le premier qui pourrait atteindre dix ans (voire plus), c’est le premier depuis longtemps à n’avoir pas dû passer par la procédure des attributions et c’est encore le premier qui est conclu aussi aisément. Jeudi dernier, tous les clubs ont reçu un topo de la situation et les sommes en jeu. Lundi, ils se sont réunis une deuxième fois en présence des deux acteurs principaux, qui ont explicité leurs projets pour le football belge. Aujourd’hui, on devrait prendre une décision. Un moment historique, donc.

La première séance a pris des airs de pathos, les dirigeants n’obtenant pas de noms, seulement des montants. Ils ont dû couper leur gsm et on leur a demandé d’observer le silence ensuite. Mais il y a eu des fuites. Un nom, Telenet (allié de VOO), et une somme, 900 millions pour douze ans. L’autre offre, qui vient de Fox Sports, serait encore plus élevée. Des chiffres qui donnent le vertige : des 55 millions actuels, les clubs passeraient à au moins 75 millions par an. Garantis pendant douze ans, ce qui permettrait d’établir un planning à long terme. D’autre part, les clubs ne se sont pas mal portés avec des contrats à court terme – trois ans – dans le passé. Au début du siècle, les droits TV représentaient 15 millions par an. L’intronisation de la télévision digitale a fait grimper les prix : Belgacom a versé 45 millions par an pour le contrat TV précédant et Telenet y a ajouté près de 25 % puis maintenant 40 %, alors qu’on vit des temps incertains, notamment en ce qui concerne l’évolution de la télévision.

La durée du contrat, à l’image de ce qui se fait aux Pays-Bas, est particulièrement frappante. En douze ans, Fox Sports verse un milliard à nos voisins. Dans le passé, l’auditeur du conseil de la concurrence n’acceptait pas de tels baux, veillant à ce que chacun puisse régulièrement déposer une offre pour un gros contrat, d’où cette exigence d’attributions et de durée limitée des contrats. Dans la pratique, les matches internationaux ont été vendus pour quatre ans et le championnat pour trois ans – une fois pour cinq saisons. Le nouvel auditeur est plus souple et cela profite aux petits clubs. Le G5 s’est engagé sur papier à vendre les droits TV collectivement jusqu’en 2020. Si on conclut un contrat de douze ans, soit jusqu’en 2026, on dépasse largement cette date.

Si le contrat reste aux mains de Telenet (si ce n’est pas exclusif, car on évoque la possibilité d’une union avec Belgacom avec comme conséquence côté francophone toutes les rencontres de championnats diffusées à la fois par Voo et Belgacom), on fermera définitivement la porte à Fox, qui a acheté les droits belges de la Bundesliga à partir de 2015. Si Fox obtient le contrat, un gros bras débarquera sur notre marché sportif et pourra faire des offres pour d’autres droits de retransmission. Belgacom (onze) possède actuellement les droits sur la Primera Division et la Ligue des Champions jusqu’en 2015. Les droits sur l’Europa League, propriété de la VRT et de la RTBf, arrivent à terme au même moment. Telenet a les droits sur l’Italie et sur la Premier League – récemment reconduits jusqu’en 2016. Les droits TV des Diables Rouges sont attribués jusqu’en 2018 à la VRT et à la RTBf qui ont également acquis les matches de qualifications des tournois 2016 et 2018. Avec une sorte de lot numéro deux, Telenet a les droits des autres matches. La Coupe de Belgique est retransmise par les chaînes publiques jusqu’en 2015.

PAR PETER T’KINT

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