» Dries réussirait partout…  »  » Denis doit rester à Anderlecht ! »

L’attaquant du PSV et le défenseur d’Anderlecht sont amis depuis la maternelle. Ces deux Louvanistes se retrouvent chez les Diables Rouges.

« Nous avons fréquenté la même école, nous avons joué au Stade Louvain puis à Anderlecht. Nous avons passé presque toute notre jeunesse ensemble « , résume Dries Mertens (25 ans).

Denis Odoi (23 ans) poursuit :  » Comme Dries a un an de plus, nous n’avons pas toujours été dans la même classe ni la même équipe mais nous étions presque toujours ensemble en dehors. Nous avons des amis communs et quand Dries en a le temps, il me rejoint à Louvain. « 

Comme ce mercredi après-midi, dans un établissement de la Grand-Place. Dehors, le vent souffle en rafales, sous une alternance de pluie et de timides rayons de soleil, un peu comme la conversation. Dries Mertens est certainement le plus modéré. Même dans cette double interview avec son ami d’enfance, le joueur du PSV reste sur ses gardes, craignant une phrase mal comprise. Il se tait carrément lorsqu’on aborde des sujets délicats. Denis Odoi, lui, aime rire et il est spontané.

Le comportement Twitter des deux copains révèle bien les différences de leurs personnalités : tandis que Dries a surtout recours au réseau social pour afficher son respect à l’égard des supporters, de ses coéquipiers et de son club, d’une manière très pragmatique, Denis a tendance à jouer avec Twitter, comme il y a quelques semaines, quand il a posté une photo de sa jambe plâtrée. Une blague, apparemment.

 » J’ai immédiatement téléphoné à Denis « , explique Dries.  » Je me suis demandé ce qui se passait. Je ne comprends pas bien l’humour de la situation mais bon… « 

Denis, lui, rigole :  » J’ai trouvé ça marrant. « 

Durant votre adolescence, étiez-vous déjà si différent, l’un sérieux, l’autre blagueur ?

Mertens : Tout à fait.

Odoi : Foutaises ! Dries me ressemblait mais il était plus subtil. Je me faisais punir alors que lui et Sven Kums, qui était avec nous à l’école de sport de haut niveau de Louvain, s’en tiraient toujours.

Une fois, Denis a été suspendu une semaine après vous avoir taclé, Dries, mais il affirme que vous avez simulé. Une belle preuve d’amitié…

Mertens : C’était un tacle fautif.

Odoi : J’ai dû passer la semaine à l’étude pendant que les autres s’entraînaient mais cela m’a été profitable, en fin de compte : j’ai enfin pu faire tous mes devoirs !

 » Avec les Diables, j’ai été étonné par le niveau de Denis « 

Denis, était-ce difficile d’accepter que Dries soit toujours le meilleur ?

Odoi : Pas du tout. C’était Dries le grand talent, pas moi. Je ne considérais pas que nous étions au même niveau.

D’un autre côté, en arrivant à Anderlecht après des passages à OHL et à Saint-Trond, vous avez démontré que votre image de plaisantin dissimulait beaucoup d’ambition.

Odoi : Quand j’ai dû quitter Genk, OHL m’a offert une issue. Il venait de monter en D2. Moi, je voulais avant tout étudier et éprouver du plaisir en jouant au foot. J’ai été titularisé à Louvain et ensuite, j’ai eu l’opportunité d’évoluer en D1, à Saint-Trond mais jamais je n’ai établi de plan de carrière. Je pensais jouer en D3, gagner un peu d’argent et poursuivre mes études, c’est tout.

Mertens : Moi, j’ai toujours voulu être pro. Tout petit, je me baladais partout avec un ballon et je ne parlais que de ça. Quand j’ai un objectif, je m’y concentre à 100 %. A Gand, j’ai dû effectuer un choix entre le football et les études, j’ai opté pour le sport. Peu après, j’ai mis le cap sur les Pays-Bas, ce qui a été la meilleure décision de ma carrière. Je me suis retrouvé en D2, à AGOVV Apeldoorn. J’ai enfin pu vivre pleinement pour le football et j’ai aussi appris à me débrouiller tout seul.

Dries, cette saison, vous avez déclaré que c’était surtout la manière dont vous aviez connu le succès qui vous comblait.

Mertens : Oui. On ne nous a pas fait de cadeau. Tous les deux, nous avons dû nous battre. Nous avons effectué un pas en arrière pour mieux sauter. Je ne pense pas qu’Anderlecht soit la dernière étape de Denis. Je suis convaincu qu’il va jouer davantage la saison prochaine et devenir titulaire à l’arrière droit.

Il doit donc rester à Anderlecht ?

Mertens : Absolument ! Partir maintenant serait stupide. Il doit prouver qu’il n’était pas un mauvais choix. Je le lui ai encore dit il y a à l’avant-dernier rassemblement des Diables Rouges, son niveau m’a étonné. Denis possède vraiment les qualités requises pour Anderlecht. Peut-être a-t-il simplement eu de la poisse : il a pris une carte rouge lors de la première journée puis Wasilewski a marqué plusieurs buts importants.

 » A Anderlecht, je ne suis pas le même « 

Pourtant, les Pays-Bas constitueraient peut-être une nouvelle chance pour lui aussi. Or, Heerenveen le convoite…

Odoi : Je n’effectuerai aucune déclaration à ce sujet. Le club m’a déjà tapé sur les doigts parce que j’avais fait part à la presse de mon mécontentement d’être sur le banc.

Mertens : Ce n’était pas malin. Il ne faut pas parler mais agir. Je pense que Denis l’a compris.

Le fait de passer autant de temps sur le banc à Anderlecht a-t-il un impact sur votre moral ?

Odoi : Naturellement. J’ai beaucoup appris sur moi-même. A Saint-Trond, on s’amusait beaucoup. A Anderlecht, c’est… différent. Je n’ai pas toujours été le même.

Mertens : On le remarque à de nombreux détails. Il a changé, il a compris que de nombreux facteurs influencent la vie. Mais je suis certain que son heure va arriver. Denis a un problème : il peut évoluer à tellement de postes différents qu’un entraîneur aime le garder sous la main. Dans cette optique, il est un remplaçant idéal puisqu’on peut le lancer partout. Je pense cependant que l’arrière droit est son meilleur poste et qu’il doit se focaliser sur cette place. Il est capable de défendre tout en se débrouillant bien offensivement. Il peut éliminer un homme, délivrer une passe.

Odoi : Anderlecht m’a embauché pour ce poste, je pense, mais l’essentiel est de jouer. J’ai occupé de nombreuses positions à Saint-Trond car j’avais un excellent niveau comparé aux autres. Evidemment, les attentes sont supérieures à Anderlecht.

Mertens : A Saint-Trond, il a même été numéro dix ! Il m’a envoyé un sms, une fois : -Dries, tu dois voir, j’ai délivré une de ces passes ! Incroyable.

Odoi : Pour cela, il faut vraiment être en confiance. Je l’ai compris cette année. Il y a évidemment un fossé entre Saint-Trond et Anderlecht. Ici, l’arrière reçoit peut-être trois ou quatre ballons car devant lui, de nombreux joueurs sont capables de réaliser une action. A Anderlecht, il faut d’abord se concentrer sur ses tâches défensives.

Votre pas en avant, Dries, a été plus positif : vous avez brillamment débuté, marquant plusieurs buts, et vous avez été sur un nuage.

Mertens : Je le suis toujours. Je suis ravi de mon transfert. Nous venons de remporter la Coupe des Pays-Bas. Dommage que nous n’ayons pu nous mêler à la lutte pour le titre mais personnellement, je reste sur une bonne saison.

Odoi : J’ai assisté au match du PSV contre Roda, où Dries a marqué quatre buts. Super ! Nous savions que cela ne continuerait pas mais il fallait savourer le moment. Il est important de prendre un bon départ, de montrer ce qu’on vaut et de gagner le respect des supporters. En fait, Dries est un bon footballeur et il réussirait dans n’importe quelle formation.

 » Aux Pays-Bas, on procède beaucoup par les ailes « 

Le PSV a constitué un passage un cran plus haut pour vous !

Mertens : Utrecht misait davantage sur le groupe, sur la pression collective alors que le PSV recèle plus de qualités individuelles, qu’il essaie d’exploiter. Nous cherchons davantage à jouer homme contre homme : donnez-nous le ballon et nous réaliserons une action décisive.

Et vous êtes-vous réconcilié avec votre poste sur l’aile ?

Mertens : Oui car on procède beaucoup par les flancs aux Pays-Bas.

Vous gagnez bien votre vie, désormais. Regrettez-vous parfois l’insouciance de votre jeunesse ? Etes-vous ennuyé de devoir prendre garde à ce que vous postez sur Twitter, par exemple ?

Odoi : Cela concerne plus Dries que moi-même. Je ne pense pas intéresser les gens tant que ça. Je ne suis pas une figure connue d’Anderlecht, alors que Dries est réputé. Parfois, je regrette quand même que le football ne soit plus seulement un plaisir pur.

Mertens : J’aime que ma vie privée le reste alors que Denis prend les choses plus à la légère. Il faut faire attention à ce qu’on dit et à ce qu’on fait. Tout le monde, presse, supporters et club sont à l’affût de détails. On m’aime ou on me déteste. Je suis susceptible d’être pris en grippe par les supporters. Or, plus on en révèle sur soi, plus on prête le flanc aux critiques. Je suis donc très prudent.

Odoi : Mes tweets sont plus personnels. Tout le monde peut savoir ce que je viens de me préparer à manger, par exemple. Mais je ne révèle pas tout quand même. Et pour Dries, l’impact de ses paroles est nettement plus important que durant sa première saison à Utrecht.

Mertens : Il y a des gens qui sont toujours négatifs.

PAR MATTHIAS STOCKMANS -PHOTOS: IMAGEGLOBE/ HAMERS

 » J’ai beaucoup appris. A Saint-Trond, on rigolait. A Anderlecht, c’est… différent.  » Denis Odoi

 » Signer aux Pays-Bas a été la meilleure décision de ma vie.  » Dries Mertens

 » Le club m’a déjà tapé sur les doigts : j’avais fait part de mon mécontentement d’être sur le banc ! » Denis Odoi

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