DRAGON ou félon ?

Si on croit ses détracteurs, l’adjoint de l’Albert serait un agent double : bons baisers du Tondreau…

Geert Broeckaert attire tous les reproches comme l’euro. Broeckaert a fait partie du projet  » Enzo Scifo  » et il porte sa part de responsabilités dans les problèmes montois. La T2 ne le nie pas mais, secoué par les reproches, il préfère ne plus s’exprimer et bosser.

A Mons, ce n’est plus un secret, comme on nous l’a dit,  » Scifo a été bombardé de l’extérieur dès le début de la saison : après la défaite contre Charleroi, Mogi Bayat n’a plus cessé d’expliquer au président Dominique Leone qu’il devait changer de coach « . Broeckaert n’était pour rien dans ces attaques de l’agent de joueurs. La semaine passée, Leone a téléphoné à Michel Lecomte pour défendre Broeckaert et tout le staff montois réduit en miettes sur le plateau de la Tribune.  » Pour nous, tout ce qui a été dit à propos de Geert est scandaleux « , relève Dimitri Mbuyu, le conseiller sportif des Dragons.  » Notre T2 est un employé du club, comme c’est le cas des autres membres du staff technique. Nous avons mis cette structure au service d’Enzo. Il faut quand même savoir que Broeckaert avait chaudement recommandé Scifo à Mons. Les résultats de cette saison expliquent la fin de notre collaboration avec notre ancien T1. Geert a un contrat avec Mons, pas avec Scifo. Il était normal que ce clubman reste chez nous.  »

Pour Mbuyu, Broeckaert n’entretient aucune ambition comme coach en chef. A 52 ans il est trop tard, c’est tout au plus un T1 intérimaire.  » Geert n’est pas l’oeil de Moscou, l’espion de la direction : cela ne tient pas la route « , remarque encore Mbuyu. Un ancien coach de Mons, Rudy Cossey, actuel T2 de Lokeren, témoigne dans ce sens-là :  » Il ne m’a pas planté de couteau dans le dos. Pour moi, il a été un adjoint loyal. T2, ce n’est pas un poste facile car il faut aussi s’occuper de ceux qui jouent moins, les motiver sans leur faire de promesse. Celui qui reste après un échec est vite soupçonné d’avoir manoeuvré dans l’ombre pour garder sa place : ce n’est pas l’image que j’ai de Broeckaert.  »

Comme pour chaque disque, il y a la plage A et plage B. Dennis Van Wijk est passé au Tondreau et a bossé avec Broeckaert. Son commentaire a été très bref :  » Ce sujet de conversation ne m’intéresse pas : posez vos questions au président Leone.  » Merci, à bientôt, on a compris. On nous avait dit que Broeckaert et Van Wijk ne se parlaient plus. L’intervention de Van Wijk résonne comme une confirmation. On défend un gars qu’on apprécie, ce que Van Wijk ne fait pas. Scifo se mure dans le silence pour le moment : c’est, disent ses amis, à la presse d’expliquer le comment et le pourquoi de ce qui est arrivé à Mons. A propos de Broeckaert, certains éléments de réflexion lui seraient parvenus aux oreilles. Scifo, cela semble évident, ne prendra pas Broeckaert comme T2 dans un autre club. Si le T2 montois se pose la question, la réponse est claire : il a perdu un ami. On lui reproche  » son côté girouette qui se place toujours dans les sens du vent « .

 » Son manque de caractère sautait aux yeux  »

Cet ancien milieu de terrain a un long parcours en D1 : CS Bruges, Mouscron, 375 matches de championnat, vainqueur de la Coupe de Belgique, une sélection en tant que Diable Rouge contre la RDA, aux côtés de Scifo d’ailleurs, en 1990. A Bruges, il a fait partie des meubles. Du temps de son passage là-bas, René Taelman se souvient de  » cet ouvrier qualifié qui était sous l’emprise du coach précédent, Georges Leekens, et qui en tant que joueur important ne fit rien pour me défendre : son manque de caractère sautait aux yeux « .

Même son de cloche à Mouscron. Un Hurlu de l’époque qui tient à garder l’anonymat nous précise :  » Broeckaert est tout simplement un petit qui a réussi une belle carrière de joueur, il faut le dire. Son talent était réel mais il a ajouté quelques petites trahisons à ses recettes du succès. C’est facile, discret, pas dangereux pour lui : quelques mots à gauche ou à droite et on se met à l’abri avant l’arrivée de l’orage. De plus, il était très estimé par le président Jean-Pierre Detremmerie qui appréciait son côté clubman. Comme c’est le cas de Leone, il me semble. En fait, les joueurs se méfiaient de lui car ils soupçonnaient un côté félon dans son caractère. A mon avis, il n’a pas les épaules pour dézinguer un coach mais quand c’est nécessaire, il roule pour lui…  »

Leone aurait reçu des rapports alarmants dès le début de la saison. Des regards indépendants soulignaient la  » perte de l’esprit montois, de l’envie d’aller au charbon « . Le président leur a répondu qu’il savait tout cela. Mogi Bayat, qui a ses entrées dans le vestiaire, a-t-il été le seul bourreau de Scifo, victime expiatoire du club ?  » Non, il ne faut pas chercher de tels poux sur la tête à Broeckaert « , nous a-t-on rappelé à Mons.  » Ce n’est pas Machiavel, cet homme n’a pas l’envergure qu’on lui prête. Si on le critique maintenant, on aurait alors dû l’encenser pour la merveilleuse saison passée. Mons a vendu ses deux derniers grands buteurs, Perbet et Ibou. Les renforts sont arrivés tardivement : ce n’est pas de la faute de Broeckaert qui aide le T1 et ne s’occupe pas de la politique générale du club.  »

A Mouscron toujours, où il ne compte pas que des amis, certains le qualifient d’anguille :  » Mine de rien, il a le bras long. Sans éveiller l’attention, il a quand même démoli des coaches auprès de la direction. Un T2 recommande aussi des joueurs : c’est un poste important. En cas de débâcle, il devrait payer la note, comme le T1. Broeckaert est toujours là…  » Mbuyu tient à le défendre :  » Je ne comprends pas ces attaques injustes à son égard. Geert se donne à fond pour Mons et c’est ce qui compte.  »

PAR PIERRE BILIC – PHOTO: IMAGEGLOBE

Scifo ne prendra pas Broeckaert comme T2 dans un autre club.

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