Dossiers hors jeu

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Sportivement, tout va bien. Le point sur les coulisses avec Yvon Hudsyn et Roland Louf.

Où en est La Louvière six mois après les rumeurs de déménagement, de fusion, d’absorption, voire de disparition pure et simple à brève ou moyenne échéance ? Sur le terrain, les Loups confirment leur campagne clôturée par la victoire en Coupe de Belgique. Ils ont récemment rappelé, aux gens de Genk, qui ils étaient : moins d’un an après avoir été éliminés en Coupe par les gars du Tivoli, les Limbourgeois ont de nouveau bu la tasse, en championnat, face au même adversaire. Tout va-t-il donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Une chose est sûre : l’état général de la RAAL est en nette évolution positive par rapport à ce qu’il était il y a un an.

Yvon Hudsyn, directeur commercial du club depuis décembre 2001, et Roland Louf, le manager, font le point sur les principaux dossiers extra-sportifs. Hudsyn est un homme de l’ombre de notre football. Il fut, pendant dix ans, l’agent exclusif des droits de merchandising et de promotion de l’Union Belge. Il fit aussi une courte incursion au Sporting de Charleroi, où il avait été amené par Enzo Scifo. Les deux hommes avaient appris à se connaître à la fédération, à l’époque où Scifo faisait les beaux jours des Diables Rouges. Ils sont restés très proches.  » Enzo était notre meilleur vecteur promotionnel quand j’étais à la fédération « , rappelle Hudsyn. Sera-t-il le prochain catalyseur commercial des Loups ? Il nous a en tout cas rappelé, récemment, qu’une collaboration n’était pas à exclure :  » Je me suis impliqué hier à Charleroi, pourquoi ne le ferais-je pas, demain, à La Louvière ? »

Yvon Hudsyn n’a entrepris aucune démarche en ce sens mais est chaud comme la braise.  » La venue d’Enzo à la RAAL est l’une de ces idées qui dorment dans un coin de ma tête depuis pas mal de temps « , lance-t-il.  » Après son échec à Charleroi, je l’ai laissé se reposer. Mais, en revenant de plus en plus souvent à nos matches, il prouve qu’il ne renie pas ses racines. En faisant avec nous le déplacement de coupe d’Europe à Porto, il a séduit les sponsors qui nous accompagnaient. Sa seule présence était un fameux plus. J’ignore s’il a vraiment l’intention d’aider la RAAL concrètement, dans un futur plus ou moins proche. Je suis trop ami avec lui pour aller lui en parler. Mais je suis preneur. J’irais le chercher à pied comme il serait autrefois allé à pied au Heysel pour jouer avec l’équipe nationale « .

Le contrat d’Ariel Jacobs

On devine que la prolongation du contrat d’ Ariel Jacobs figure parmi les actuelles priorités du club. Le bail en cours vient à échéance en juin 2004. Roland Louf donne la tendance :  » Nous avons déjà abordé plusieurs fois la question depuis le début de la saison. Trois contrats importants se terminent à la fin de cette campagne : ceux d’Ariel Jacobs, de son adjoint Patrick Wachel et de l’entraîneur des Espoirs Zorislav Kovac. Nous avons prévu de les revoir tous les trois en janvier. Je me doute que Jacobs sera convoité sur le marché des coaches, mais je ne suis pas inquiet pour autant. Il sait où et avec qui il travaille. Entre gens corrects et de bonne composition, je pense qu’il est possible de trouver un accord « .

Le sponsoring

Il faudra attendre les prochaines semaines pour chiffrer les retombées de la victoire en Coupe de Belgique et de la première participation européenne. Les entreprises établiront prochainement leurs budgets publicitaires pour 2004.  » La victoire en Coupe nous a permis de fidéliser pas mal de sponsors, mais pas d’en gagner beaucoup de nouveaux « , signale Hudsyn.  » Au niveau local, je ne me fais de toute façon plus guère d’illusions : nous avons tout écumé, en devant tenir compte du fait que Charleroi et Mons nous font une forte concurrence. C’est au niveau national que nous cherchons à décoller. Pour les marques nationales, le Heysel a peut-être été considéré comme un événement ponctuel. Entre-temps, nous avons confirmé notre niveau et notre visibilité en coupe d’Europe. Cela pourrait nous valoir de nouveaux contrats dans les prochaines semaines ou les prochains mois. Et, si nous confirmons par un bon championnat, notre crédibilité franchira un cap supplémentaire qui devrait se répercuter sur les chiffres de sponsoring « . Un fait étonnant est à épingler : Toyota sponsorisait, l’an dernier, à la fois La Louvière et St-Trond. Soit les deux finalistes de la Coupe. Mais cette marque n’a organisé aucune action lors de l’apothéose. Bizarre ! En attendant, c’est Daewoo qui exposera la Coupe dans son stand lors du prochain Salon de l’Auto, Toyota ayant délaissé le sponsoring sportif pour le sponsoring musical.

Actuellement, le sponsoring représente environ 30 % du budget de La Louvière.

Les assistances

Le nombre d’abonnés n’a guère évolué par rapport à la saison dernière. Par contre, l’assistance moyenne a augmenté de près d’un millier de personnes. Parce que les Loups ont déjà joué trois gros matches à domicile (Mons, Charleroi, Genk), ou un effet de la bonne tenue de l’équipe et d’un jeu plus attrayant qu’autrefois ? Sans doute un peu des deux.  » De quinzaine en quinzaine, on remarque en tout cas que le public se manifeste de plus en plus spontanément « , dit Roland Louf.

La transformation du stade

Il n’y aura pas à discuter : si le Tivoli ne dispose pas de 5.000 places assises en août 2005, La Louvière ne pourra plus s’y produire en championnat. On en compte actuellement 2.500.  » Le projet de rénovation du stade avance « , signale Hudsyn.  » Personnellement, je préférerais entendre avancer une grue qu’un simple projet… Or, 2005, c’est demain. Le dossier est dans les mains de la Ville. Les rapports entre les autorités communales et le club sont excellents, mais il manque encore des faits concrets « .

Roland Louf ajoute :  » Jean-Claude Van Cauwenberghe a promis des subsides régionaux et la procédure d’adjudication a été lancée. Croisons les doigts. Si tout avance normalement, les travaux devraient commencer en mars 2004. La phase 1 concerne uniquement la mise en conformité du stade. Nous aurions alors 5.000 places assises et toutes des tribunes couvertes. Mais il reste pas mal de points à régler. La Ville veut que nous lui donnions des garanties d’occupation, elle ne veut plus de menaces de déménagement. De notre côté, nous voudrions d’autres garanties : le lancement de la phase 2 des travaux dès que la phase 1 sera bouclée. La phase 2, c’est l’aménagement d’une tribune horeca, d’espaces VIP, de vestiaires, de salles de soins, de bureaux, etc. Nous avons besoin de cette phase 2 pour pouvoir gagner de l’argent avec notre stade « . Bref, la Ville se concentre sur la conformité pendant que la direction pense d’abord à la rentabilité. Chacun ses soucis ! Autre élément de la discussion : le club perdra inévitablement de l’argent pendant les travaux de la phase 1 : moins de places disponibles, moins de buvettes, moins d’espaces publicitaires, etc.

L’horeca

Le match La Louvière-Benfica, à Charleroi, a convaincu les dirigeants d’une réalité qu’ils connaissaient déjà : avec des installations plus accueillantes qu’un chapiteau de fortune, ils feraient exploser leur chiffre d’affaires horeca.  » Nous avons servi près de 700 repas ce soir-là « , indique Yvon Hudsyn.  » Dans notre chapiteau, nous sommes limités à 290 couverts. Faites le compte, en sachant que nous devons payer une location élevée pour ce chapiteau et qu’il faut déplacer tout le matériel de cuisine lors de chaque match. Une vraie salle intégrée dans le stade serait synonyme d’importantes recettes supplémentaires. Notre chapiteau est convivial, il y règne une ambiance tout à fait particulière, mais les recettes sont beaucoup trop limitées « .

Centr’Action

Cette association créée par des entreprises locales en fin de saison dernière, quand Filippo Gaone menaçait de déménager ou de fusionner, a apporté les 125.000 euros prévus. Aujourd’hui, son aide se manifeste de différentes façons û et plus par des apports financiers directs. Ces chefs d’entreprises viennent aux matches avec leurs invités et organisent diverses actions : feu d’artifice, défilé de soutien aux travailleurs de Ford Genk, animations musicales, etc. Le seul return, pour eux, est la conclusion éventuelle de nouveaux contrats avec les prospects qu’ils amènent au Tivoli.

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