Dortmund Uber Alles

Champion sortant, Dortmund semble bien armé pour reconduire son titre d’autant que le Bayern n’est pas au mieux et que le reste de la meute coince.

Forces. On craignait voir le Borussia pillé après la formidable campagne 2010-2011 qui le vit remporter sa septième Bundesliga, il n’en fut rien. Seul Nuri Sahin quitta le Westfalenstadion (rebaptisé le Signal Iduna Park) pour le Real à l’intersaison. Et malgré une entame de championnat difficile, Dortmund tourne au super depuis son élimination de la Ligue des Champions au premier tour. Les nombreuses blessures ( Neven Subotic, Sven Bender, Sebastian Kehl ou Mario Götze) qui ont touché l’effectif n’ont en rien altéré la marche en avant du champion en titre. Le Borussia 2011-2012 rime toujours avec jeunesse et foot offensif : un flanc gauche Marcel SchmelzerKevin Grosskreutz percutant, des techniciens Shinji Kagawa-Götze (actuellement sur la touche) à la baguette et le Polonais Robert Lewandowski pour terminer le travail. Derrière, c’est du costaud également avec un axe central parfaitement huilé entre l’élégant Mats Hummels et le rugueux Subotic.

Faiblesses. Plus question d’effet de surprise pour le Borussia qui est attendu chaque semaine le couteau entre les dents. Un statut qui fut d’ailleurs difficile à assumer en début de saison puisque la bande à Jurgen Klopp entama le championnat sur un inquiétant 4 sur 15. La suite fut d’un autre tonneau : le Borussia a repris son rang patiemment en engrangeant notamment sept points sur neuf face à ses trois plus proches poursuivants. Reste que la fin de parcours s’annonce explosive. Entre la 30e et la 32e journée, le Borussia reçoit les visites du Bayern et de Mönchengladbach et s’en va défier Schalke sur ses terres. Un joli programme concentré sur 10 jours. Dortmund rêve toujours du doublé Coupe-championnat dont le dernier remonte à la saison 1995-1996 mais peut aussi tout perdre.

On n’en parle pas assez ! La Pologne se cherchait un porte-drapeau en vue de son Euro, elle l’a trouvé avec Lewandowski. L’avant de pointe est la révélation de la Bundesliga 2011-2012 alors que la saison dernière, il devait se contenter d’un statut de remplaçant. La blessure de Lucas Barios à la Copa America a fait le bonheur de l’ex-attaquant du Lech Poznan qui n’a pas trainé en chemin : sept buts sur les dix premières journées ont définitivement relégué le buteur paraguayen au rang de supersub. A seulement 23 ans, Lewandowski est le prototype de l’avant complet, capable d’éliminer un homme et de mettre la balle au fond avec une facilité déconcertante.

Coaching. C’est un véritable phénomène. De par ses résultats, de par sa personnalité. Klopp est peut-être la plus grande star du Borussia, c’est en tout cas celui qu’on voit le plus tant il est démonstratif le long de la touche. Mais au-delà du show, typiquement coach teuton, la marque Klopp c’est cette faculté à transfigurer son équipe, à lui transmettre toute son énergie. Son arrivée en 2008 coïncide avec la fin des heures sombres du club. Après avoir fait monter Mayence pour la première fois de son histoire en Bundesliga, Klopp s’est attelé à redonner son lustre d’antan aux Jaune et Noir. Et ça n’a pris que trois ans pour atteindre le Graal avec en prime des jeunes, dont plusieurs du cru, et un foot généreux et offensif. Ils sont près de 80.000 à le remercier toutes les deux semaines.

Forces. Plus que partout ailleurs, la culture de la gagne est inscrit dans l’ADN du club bavarois. Alors quand on s’immisce dans ses plans, comme le Borussia l’an dernier, le Bayern décide généralement de frapper fort à l’intersaison afin ne plus connaître pareille mésaventure. Ce fut le cas après le sacre de Stuttgart en 2007 ou de Wolfsburg en 2009 avec dès la saison suivante un titre à la clé. Cette fois, les Bavarois ont ramené le meilleur gardien allemand, Manuel Neuer pour 22 millions et le défenseur international Jérôme Boateng, qui moisissait sur le banc à City. Rien que du lourd pour solidifier une défense qui prenait l’eau la saison dernière. Vous y ajoutez un milieu physique et un trident offensif ( Arjen Robben-Mario Gomez-Franck Ribéry) détonnant et vous vous dites que vous êtes lancés vers un 23e sacre national. D’autant que Ribéry se rachète une conduite après une saison 2010-2011 à oublier.

Faiblesses. Le Bayern est cette saison capable du meilleur comme du pire à l’image de Robben dont le comportement agace de plus en plus. Qualifié de joueur de cristal pour ses périodes de méforme et ses très nombreuses blessures, l’ailier hollandais n’est plus que l’ombre de celui qui brillait les saisons précédentes multipliant les actions décisives. Cette saison, le Néerlandais continue à la jouer perso mais sans grand résultat. Actif à seulement 18 reprises, la direction bavaroise semble avoir tiré un trait sur l’élégant gaucher comme le prouve le transfert du jeune suisse, Xherdan Shaqiri en vue de la saison prochaine. De son côté, Franz Beckenbauer n’a pas hésité à taxer Robben d’égoïste. D’autres tensions seraient palpables au Bayern. La défaite lors du match aller à Bâle en Ligue des Champions aurait fait éclater le vestiaire. Pas de doute, le sobriquet FC Hollywood est bel et bien respecté.

On n’en parle pas assez ! Il n’est pas le joueur le plus élégant mais sa présence est capitale dans le jeu des Bavarois. Bastian Schweinsteiger est depuis 2010 le boss de la sélection allemande et du Bayern. Capable de défendre, de rythmer le jeu, et d’actionner la grosse bertha, Schweini personnifie le milieu de terrain moderne. Mais cette saison, son apport est limité. En cause, deux blessures qui l’ont écarté des terrains plusieurs semaines. Une première à la clavicule début novembre qui l’a laissé sur le flanc jusqu’à la trêve, la seconde aux ligaments de la cheville droite début février. Preuve de son importance, la Bayern a régulièrement tourné carré lors de ses absences. Bonne nouvelle pour les Bavarois, Schweinsteiger est de retour. Et il devrait reprendre l’équipe en mains.

Coaching. On ne lui l’a fait plus. Plus de trente années de coaching, deux championnats allemands, la Ligue des Champions avec le Real, plus de 1.000 points glanés en Bundesliga, Jupp Heynckes a le CV impressionnant. Successeur de Louis van Gaal cet été, l’ex-attaquant du Borussia Mönchengladbach en est à son troisième séjour au Bayern Munich. S’il connaît la maison, rien ne lui saura pour autant pardonné. Le titre est une obligation et tout autre résultat devrait lui faire prendre la porte. Le président, Uli Hoeness et Heynckes ont beau être les meilleurs amis du monde, le Bayern n’est pas réputé pour faire place aux sentiments. La pression est donc forte sur les épaules de Jupp dont le coaching est critiqué par bon nombre d’observateurs.

PAR THOMAS BRICMONT – PHOTOS : IMAGEGLOBE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire