Dominique Delhalle sur la crise des prix sportifs

Le 14 décembre, le Sportif, la Sportive, l’Espoir et l’Equipe de l’année seront désignés par la presse du pays. La VRT diffusera la cérémonie et la RTBF proposera un résumé.

Tom Boonen ne fait pas partie des nominés. A cause de ses comportements borderline : cocaïne et suspensions de permis ?

Dominique Delhalle (vice-président de l’aile francophone de l’association des journalistes sportifs) : C’est difficile à dire. Avant, les administrateurs dépouillaient eux-mêmes les bulletins mais depuis une demi-douzaine d’années, les résultats arrivent chez un huissier. Lui seul sait qui a voté pour qui. Je pense cependant que les dérapages du coureur ont joué. Il y avait trois cyclistes dans la présélection des 30 nominés. Stijn Devolder a gagné Paris-Roubaix mais a raté son Tour de France. Philippe Gilbert a remporté Het Volk et Paris-Tours mais en début et en fin de saison. Puis, il y a Boonen. L’année cycliste n’a pas été terrible et ces trois personnes se sont retrouvées au même niveau. Sauf que, au moment de voter, les journalistes ont probablement écarté Boonen du fait de ses problèmes.

A l’heure où l’on parle de plus en plus de sport communautarisé, ce prix remis par des journalistes a-t-il encore de la valeur ?

Oui. Nous sommes quatre francophones et quatre néerlandophones à désigner les nominés. C’est l’occasion d’aller à la rencontre de l’autre communauté et de découvrir des disciplines méconnues. Si, en Flandre, le duathlon et la boxe thaï remportent un grand succès, personne ne connaît Muriel Sarkany.

Les journalistes francophones sont-ils aussi nombreux que les néerlandophones à voter ?

Ils sont de 5 à 10 % moins nombreux.

L’événement indiffère plus les francophones ?

Quand nous établissons la présélection, il y a plus de Flamands choisis, avec des athlètes actifs dans des disciplines que les journalistes francophones suivent moins. L’effet de proximité joue.

Cette année, le Mérite Sportif n’a pas été remis. Parce que l’année sportive n’a pas été bonne ?

Je ne comprends pas cette décision. Remettre le prix une seule fois à un sportif est une force et une faiblesse. Ce n’est pas parce que des athlètes ne remportent pas une médaille d’or aux JO qu’ils ne réalisent pas de performances. Et on préfère patienter en évitant de voter trop tôt pour un talent qui ne percera pas. Mais je rappelle qu’on avait agi de la sorte en 1967 en partageant le prix entre Ferdinand Bracke et Eddy Merckx. On voit ce qu’il est advenu de Merckx…

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