DOMINIQUE CORNU

Le champion du monde Espoir du contre-la-montre découvrira le peloton professionnel dans quelques mois.

D ominique Cornu a 21 ans et va effectuer ses grands débuts professionnels chez Predictor-Lotto en 2007. Il piaffe d’impatience à cette idée, même s’il ne peut dissimuler un brin d’appréhension.

A deux reprises, il avait dû se contenter de l’ingrate quatrième place lors de championnats internationaux pour jeunes. Lors du dernier championnat du monde à Salzbourg, il était déterminé à saisir sa dernière chance de médaille. Pour s’y préparer, il a couru de petites courses par étapes, en écoutant son corps :  » Avant Madrid en 2005, je m’étais entraîné en fonction du contre-la-montre, en roulant derrière un vélomoteur, mais ça ne me convient pas. C’est très dur, physiquement et mentalement, et ça m’a davantage cassé qu’autre chose, comme en témoigne ma décevante 11e place. Je peux tenir le même rythme longtemps, j’ai une endurance innée « .

Son père, un spécialiste du VTT, lui a communiqué sa passion alors qu’il avait 12 ans. En Juniors, il a participé aux cham-pionnats d’Europe tout en débutant sur piste et sur route. Ce grand gars d’un 1m96 est souple et n’aime pas utiliser en permanence les grands braquets. Sa taille l’a incité à abandonner le VTT en première année Espoirs :  » Je voulais gagner ma vie avec mon sport. Sur la scène internationale, mes mensurations constituaient un handicap en VTT, même si cette discipline reste ma passion. En forme, je pèse 77 kg. C’est peu pour ma taille mais beaucoup pour un cycliste, même si je ne suis pas mauvais en côte « . Habitué à courir seul, il préfère tout naturellement les épreuves contre le chrono aux pelotons.

Cornu a abandonné l’école de sport de haut niveau qui venait d’être fondée.  » J’étais le seul coureur présent sur la scène internationale. J’étais donc régulièrement absent mais je ne bénéficiais pas de cours de rattrapage. Je n’ai pas accepté qu’on m’oblige à doubler. En plus, l’entraîneur, depuis limogé, n’avait aucune expérience en cyclisme « .

Pas peur du dopage

Ce n’est pas le cas de son mentor actuel, José DeCauwer. L’ancien sélectionneur, qui s’occupe maintenant des jeunes de Predictor-Lotto, lui a appris toutes les facettes du professionnalisme, lui faisant découvrir le pulsomètre, la diététique. Il sait aussi comment traiter son poulain car, comme tous les cyclistes, Cornu souffre, sur son vélo. Durant ces longues séances et même en course, il est parfois en proie au doute.

 » Alors, il faut qu’on pique mon ego, qu’on m’incite à mon-trer que je suis le meilleur. Il ne faut pas être trop gentil avec moi. Critiques et insultes me motivent. J’ai tendance à être un peu nonchalant. José m’a appris à souffrir « .

Après une brève parenthèse, Cornu est revenu à la piste l’année dernière. Il a participé aux championnats d’Europe et du monde, il a disputé quelques épreuves de Coupe du Monde. Le champion couve un rêve, indépendamment de sa jeune carrière pro : courir l’épreuve de poursuite aux Jeux Olympiques de Pékin. Après le Mondial de Majorque, il va grappiller les points nécessaires à sa qualification. Réaliste, il ne veut pas se fixer d’objectif plus concret.  » En deux ans, je peux apprendre beaucoup. Je suis très reconnaissant à Predictor-Lotto de me laisser poursuivre cet objectif et d’y adapter mon programme. Je ne devrai pas consacrer beaucoup de temps à ces courses de qualification. Une petite semaine suffira et ensuite, je reprendrai la route, qui demeure mon objectif majeur « .

Sur route aussi, le jeune coureur a beaucoup à apprendre. En plus des épreuves contre le chrono, il souhaite progresser dans les tours et les classiques. Pour cela, il devra gagner en puissance. Dominique Cornu estime qu’il lui faudra deux ans :  » Que puis-je dire maintenant ? Je ne connais pas encore le milieu professionnel. J’ignore l’ampleur du fossé que je devrai combler. Je n’ai qu’un point de comparaison : le Mondial de Salzbourg. Nous avons emprunté les dix premiers kilomètres du parcours des professionnels. J’avais le deuxième meilleur temps mais ensuite, je n’avais plus que 30 km, contre 40 pour les pros. Quel sera mon chrono si je parcours la même distance qu’eux ? »

Ambitieux, Cornu n’est pas prêt à tout pour concrétiser ses rêves et ses objectifs. Longtemps, il a craint le milieu professionnel à cause du dopage :  » Il y a 15 ans, je pensais qu’on était presque obligé d’y avoir recours. Entre-temps, les équipes sont devenues plus propres et le dopage est isolé. Soyons clairs : je préfère me chercher un autre boulot que d’être obligé de me doper. Et si les produits interdits font la différence entre un leader et un valet, je préfère rester un porteur d’eau toute ma carrière. Sacrifier sa santé n’a aucun sens « .

ROEL VAN DEN BROECK

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire