Dominguez :  » Henin-Clijsters, c’est Noah-Leconte « 

Consultant pour France Télévisions durant Roland-Garros, Patrice Dominguez est l’auteur de L’amour du tennis, Abécédaire. Il jette un regard critique sur notre tennis.

Il n’y a pas de trace de Justine Henin ou Kim Clijsters dans votre abécédaire.

Patrice Dominguez : Je le regrette un peu. Des mots ont été supprimés par l’éditeur ou ont fait l’objet d’un oubli de ma part. Justine, j’aurais pu la décrire comme l’une des meilleures joueuses sur terre battue. Un revers merveilleux, une intelligence qui lui a permis de dépasser les limites de son petit gabarit,…

Et Clijsters ?

Une magnifique personnalité dans un tennis qui en manque cruellement. Son histoire est exemplaire. Elle devient maman, reprend sa carrière et gagne trois levées du Grand Chelem. Elle incarne une valeur de stabilité au moment où la place de numéro 1 mondiale n’est pas claire. Le palmarès de Caroline Wozniacki en Grand Chelem reste vierge. On a l’impression qu’on assiste à un passage de flambeau mais que la génération suivante n’est pas prête. Si Clijsters reprenait la tête de la hiérarchie, le monde du tennis féminin retrouverait un peu de logique aux yeux de bon nombre d’observateurs.

La reconversion d’Henin pourrait passer par les médias. C’est la bonne solution pour elle ?

Pourquoi ne ferait-elle pas une bonne consultante ? Surtout si elle manifeste la même passion qu’elle avait pour le jeu. Elle doit juste savoir que c’est un rôle qui ne s’improvise pas. On doit partager son analyse sans être aigri, sans tenir des discours nostalgiques du genre  » c’était mieux à mon époque « . Le tennis change. En bien ou en mal. Un consultant évolue donc avec son temps.

Clijsters a toujours été adorée par le public et la presse belge. Avec Henin, les rapports ont été plus conflictuels alors qu’elle est aimée des Français ! Comment vous l’expliquez ?

Quand un pays a deux champions au même moment, on ne les traite pas de la même manière. En France, on a connu un phénomène similaire avec Yannick Noah et Henri Leconte. Le premier était le chouchou des Français, le second était décrié. Pourtant, Leconte recevait un super accueil quand il se produisait à Wimbledon. Peut-être que Clijsters a plus de succès grâce à son caractère enjoué, sa maternité, son ancienne love story avec Lleyton Hewitt…

Aujourd’hui, Wickmayer prend le relais ?

Ce passage de flambeau assure le relais, l’éclosion d’autres talents. Par contre, chez les hommes, avec le retrait progressif des frères Rochus, la transition n’est pas encore visible. Mais cela ne m’inquiète pas. Steve Darcis est talentueux et la formation belge est bonne.

PAR SIMON BARZYCZAK

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