Dockx, Steppé, Mollet, Goossens, de Merode

La Belgique est un petit pays qui a toujours battu les statisticiens en étant capable de sortir des champions décade après décade. Pas d’installations extraordinaires, pas de ministère des Sports, pas de support public, pas de grosse habitude de sport actif …mais des performances. Le Belge adore le sport. Surtout devant la télé avec de la bière (sponsor de la plus grosse fédé du pays, il faut le faire!) et des chips. Quand les Diables jouent, les spectateurs sont assez passifs. Et les ministres peuvent toujours aller se montrer au stade sans se faire chambrer, allez savoir pourquoi.

Il y a toujours eu des Merckx, des Reiff, des Van Himst, des Wilmots, des Clijsters, des Ickx, des Saive, des Geboers, des Deburghgraeve, etc. Des cracks dignes de grands pays du sport. Cela étant, il y a sans nul doute une disproportion entre le total de grands dirigeants internationaux belges et le nombre de champions. Nous avons un nombre incroyablement élevé de dirigeants sportifs dans les cénacles internationaux.

Pour l’instant, on place un compatriote à la présidence du Comité International Olympique et un autre à la présidence de la Commission Médicale de la FIFA, les Docteurs Rogge et D’hooghe pour ne pas les citer.

Mais gare! Si nos champions ont du souffle, il n’a pas fait bon être dirigeant prestigieux cette année. Cela a commencé avec le décès de Jean Dockx. L’ex-international d’Anderlecht s’était reconverti dans le scouting international et avait de plus en plus voix au chapitre sur le plan de la direction technique des Mauves. Une grande maison de football qui a aussi enregistré la disparition d’ Eugène Steppé, le génial secrétaire général des sixties, quand les Bruxellois trustaient les titres et avaient un jour aligné leur onze de base en équipe nationale. Steppé avait aidé à tenir la Coupe d’Europe des Clubs Champions sur les fonts baptismaux et quitta le club lorsque Constant Vanden Stock accéda à la présidence en 1971. Il se qualifiait volontiers de poète mais projetait toujours son club sur la scène européenne. Grâce à lui, les parcours raccourcis des Anderlechtois en Coupes d’Europe se prolongeaient par des matches amicaux inoubliables, qui ont énormément contribué à la renommée internationale du club. Steppé plaça aussi Anderlecht sur l’orbite du professionnalisme: sans bonnes bases, le « champion du monde des matches amicaux » n’aurait pas commencé à gagner des coupes d’Europe les années suivant son départ…

L’olympisme belge a également perdu deux de ses figures de proue en 2002: Raoul Mollet et Alexandre de Merode. Le premier était officier et avait la passion sportive chevillée au corps. En tout cas mieux que le percuteur de son pistolet, qui le laissa lâchement tomber en plein pentathlon olympique à Berlin 1936. Mollet fut président du Conseil International du Sport Militaire et président du Comité Olympique Belge. Comme Steppé, il rêvait beaucoup (il avait d’ailleurs été préparateur physique à Anderlecht à cette époque) et donna aux CISM et COIB la possibilité de se développer grâce à ses qualités de coach. Il choisissait bien ses hommes et leur faisait confiance. Sous des dehors de grand seigneur, il n’avait qu’un culte: celui des athlètes. Et Mollet était devenu un grand dirigeant parce qu’il était toujours resté sportif. Il rageait de vieillir, tant cela lui ôtait du bonheur à transpirer dans son survêtement qu’il choisissait souvent blanc.

De Merode lui ressemblait beaucoup pour ça, tout en sacrifiant au rite du tabac qui devait l’emporter. Il a réussi la gageure de diriger la commission médicale du CIO en étant docteur en… droit. Il a aussi réussi, évidemment, parce qu’il s’investissait totalement dans cette passion, ne devant pas travailler. Mais c’était un amateurisme très professionnel qui lui permettait une totale indépendance d’esprit, chose essentielle à sa fonction de pourfendeur planétaire du dopage.

John Goossens est également parti jouer ailleurs cette année. Surtout grand patron fan de sport, il ne s’est investi dans la direction sportive que récemment en devenant administrateur du COIB et puis président du RACB. Mais il a surtout été, au gré de ses attributions patronales, un des sponsors les plus éclairés du sport belge en associant, à ses choix, campagnes publicitaires et communication interne basée sur la participation de son personnel. Il exploitait de la sorte toutes les possibilités du sponsoring et cela lui suffisait; il restait toujours d’une discrétion parfaite.

John Baete,

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