» Do more, do more, do more… « 

Du haut de ses 22 ans et de ses 193 cm, l’Américain s’est imposé comme un des meilleurs défenseurs de D1 parce qu’il en fait toujours plus.

Vendredi, face à Bruges, le Standard a vu ce qu’il lui manquait pour intégrer le top du championnat de Belgique. Il a vu également s’envoler ses derniers espoirs de titre.  » Il faut être réaliste. Il y a deux équipes au-dessus du lot. Le reste devra lutter pour la troisième place « , expliquait Michel Preud’homme à l’issue de la rencontre.

Devant une défaite à l’allure de débâcle (1-4), les mines étaient renfrognées. Troisième défaite consécutive toutes compétitions confondues avec à la clé encore de nombreuses lacunes criardes. Une attaque qui ne fait pas le poids, un milieu de terrain submergé et une défense qui a fini par rompre devant les vagues brugeoises. Car Bruges a gagné grâce à son organisation sans failles.  » Ce ne sont pas les attaquants adverses qui ont fait mal mais le milieu. Ils surgissaient pour faire nombre et personne ne les suivait « , commentait Eric Deflandre.

Bruges n’a jamais perdu son organisation, laissant passer les quelques moments de tourmente (en début de seconde mi-temps) avant d’asséner le coup de grâce au Standard. En encaissant son deuxième but, le Standard pliait définitivement.  » Nous avons manqué d’agressivité à certains moments. Nous n’avons pas su réagir et dominer l’adversaire « , analysait Gonzague Vandooren. Au point de lâcher la défense qui ne savait plus où donner de la tête. Même certains joueurs pourtant excellents jusque-là étaient poussés à la faute comme Ogushi Onyewu sur le dernier but :  » J’ai fait une erreur. Mon intention était de remettre le ballon à Vedran Runje. J’ai simplement raté ma passe « . Pourtant, très à l’aise en première mi-temps avec des interceptions impeccables et une relance souvent juste, Onyewu a montré que cette défense ne pouvait pas supporter le poids de toute l’équipe. Pourtant, l’Américain de 22 ans jouait devant une partie de l’assemblée acquise à sa cause puisque ses parents avaient fait le déplacement depuis Washington DC.

La défense a souvent été abandonnée par le reste de l’équipe. Au point de se retrouver systématiquement en infériorité numérique…

Ogushi Onyewu : Quand on parlera de la rencontre, on verra que le Standard a encaissé quatre buts et on mettra en cause la défense. On ne peut pas être satisfait de la ligne arrière, c’est certain, mais on a perdu en équipe. Quand on défend, on doit défendre en équipe. On a eu beaucoup trop de pression derrière. Et Bruges a su nous pousser dans nos derniers retranchements. Cette défaite résulte d’une mauvaise organisation et d’une mauvaise concentration.

Qu’est ce qui a manqué au Standard pour rivaliser avec les Brugeois ?

On ne peut pas laisser une équipe comme Bruges jouer de cette façon. On les a laissé développer leur jeu. Bruges a su mettre la pression en deuxième mi-temps et une fois qu’ils ont marqué le deuxième but, ils ont eu la confiance dans leur camp. Nous, on a manqué d’agressivité.

Tu as finalement vite réussi à t’imposer en défense.

Au début de saison, c’était une nouvelle équipe. Nous avions besoin de jouer ensemble, de nous connaître pour nous faire confiance mutuellement. Moi, j’avais certaines difficultés. Pas seulement moi d’ailleurs. Ivica Dragutinovic et moi n’avions jamais joué ensemble. Nous ne nous connaissions pas. Mais maintenant, chacun connaît le jeu de l’autre.

Une très bonne défense

L’apport de joueurs d’expérience comme Deflandre et Léonard a-t-il joué dans ton intégration ?

Bien sûr que c’est important d’être entouré de joueurs avec un tel vécu. Pour passer un palier, on a besoin de cette expérience. Un match peut se jouer sur des détails et c’est important pour moi de pouvoir compter sur de tels joueurs. Chacun d’eux donne de la voix pour me guider. Je parle souvent avec Dragutinovic de ce qui pourrait être meilleur dans mon jeu.

Et finalement, mis à part le match contre Bruges, vous avez réussi à construire une des meilleures défenses de Belgique ?

Au début, on ne l’aurait jamais cru. On connaissait pas mal de problèmes car, mis à part Dragutinovic, toute la défense était nouvelle. Même le gardien avait changé. Et il fallait donc trouver son rythme de croisière. Le match contre Genk fut un tournant de la saison car défensivement, ce fut la première fois que nous nous sommes montrés solides derrière. Depuis lors, la ligne arrière est pratiquement restée inchangée, ce qui a permis d’instaurer une certaine stabilité.

Toi aussi, tu es monté en puissance depuis Genk et Bochum…

Plus je joue, plus j’acquiers de la confiance. J’essaie alors des trucs que je n’essaierais pas si je n’avais pas confiance. En plus, l’apport des autres défenseurs et l’appel de l’équipe nationale ont également renforcé mon jeu. J’essaie d’apporter de la consistance à mon football. Un défenseur se doit de toujours réaliser une bonne prestation. Il doit être régulier sans avoir des hauts et des bas. Et je m’efforce d’atteindre cette régularité.

L’équipe nationale t’aide-t-elle à remplir cet objectif ?

Bien sûr. Jouer pour les Etats-Unis me donne confiance en mes moyens. J’ai pu parler avec des joueurs de l’équipe nationale qui m’apprennent également le métier.

Quelle est la grande différence défensive entre La Louvière et le Standard ?

Sans aucun doute, l’expérience. A La Louvière, mis à part Thierry Siquet, toute la défense était jeune. Derrière le ballon, on était une des meilleures équipes mais on ne peut pas comparer les deux clubs. La saison passée, La Louvière jouait de façon plus défensive qu’offensive. Tandis qu’au Standard, on doit aller vers l’avant.

Pourtant, on a l’impression que les victoires du Standard reposent avant tout sur la solidité défensive ?

La défense a la pression mais j’aime cette pression. Elle nous oblige à prester à un haut niveau. Mais c’est vrai qu’on oublie de prendre des risques. On joue trop prudemment en pensant qu’on ne prendra pas de buts. A chaque rencontre, le rôle de la défense est de préserver son goal comme celui de l’attaque est de marquer.

80 % du match se joue dans la tête

Que manque-t-il au Standard pour rivaliser avec Bruges et Anderlecht ?

Nous devons encore apprendre beaucoup. Et le plus vite possible car on a des échéances importantes comme la Coupe UEFA et Anderlecht. Je ne pense pas que le problème se situe au niveau physique mais c’est plutôt le mental qu’il faut améliorer. Nous avons beaucoup de jeunes joueurs mais il y a de la qualité dans le noyau. Au football, tu peux courir pendant tout un match. Ce n’est pas suffisant : 80 % du match se joue dans la tête. Tu dois rester concentré sinon tu perds. Je crois que l’on peut battre Anderlecht sur un match. Ce qui nous manque, c’est la régularité.

Avec ta taille, ne pourrais-tu pas être plus présent sur les coups francs ?

On y travaille. Nous devons apprendre à mieux exploiter ces occasions. Je pourrais ressembler à un joueur comme Daniel Van Buyten mais je m’efforce avant tout d’être Onyewu et pas Van Buyten. Je ne peux pas encore être satisfait de ce que je suis. Je dois encore être meilleur. Cependant, je sens une amélioration par rapport au joueur que j’étais il y a deux ans.

Est-ce qu’il y a déjà un style Onyewu ?

Ce n’est pas à moi à le dire. Ce que je peux dire sur moi, c’est que je suis calme. Je ne panique jamais. Il s’agit sans doute d’un héritage de ma culture africaine. Relax, don’t stress, no pressure. Par contre, je crois que ma culture américaine m’a appris à travailler et encore travailler, à être ambitieux. Do more, do more, do more.

Tu es aussi physiquement très fort…

J’ai toujours été grand mais quand j’étais plus jeune, j’étais vraiment maigre. A 17-18 ans, j’ai commencé la musculation.

As-tu facilement surmonté la pression inhérente au Standard ?

Oui, je pense. Je connaissais déjà la pression à Metz. Lors de ma première saison, je débarquais des Etats-Unis. Ce ne fut pas facile à gérer d’autant plus que pendant six mois, je n’ai pas du tout joué. J’ai dû me contenter des entraînements. Après ces six premiers mois, un jour je jouais, puis je disparaissais du noyau. Puis, j’ai décidé de venir en prêt à La Louvière pour pouvoir jouer. Je savais qu’il s’agissait d’un plus petit club mais je voulais faire le mieux possible. Je ne pensais pas que j’allais jouer à La Louvière car la défense centrale était occupée par les deux joueurs les plus expérimentés (Siquet et Georges Arts). Je pensais que j’étais reparti pour une expérience similaire à celle de Metz. Mais heureusement, l’entraîneur a décidé de me donner ma chance. La saison dernière fut importante pour moi. Elle m’a construit une confiance et m’a fourni de l’expérience.

Première sélection en USA A

Le Standard constitue-t-il un aboutissement ?

Non. Certains joueurs sont satisfaits d’avoir signé un contrat ici. Et cela ne les pousse pas à viser plus haut. Je me plais bien à Liège mais je veux évidemment aller le plus haut possible. Ne pas me satisfaire de ce niveau.

Un objectif pointé en début de saison a déjà été rempli : être repris en équipe nationale A.

Oui. Ma première sélection est tombée contre le Panama. Et en plus, c’était à Washington DC, ma ville d’origine. J’avais beaucoup de supporters et de gens de ma famille. J’ai disputé les dix dernières minutes et j’ai marqué un goal. J’avais de bonnes sensations et j’étais heureux de pouvoir montrer ce dont je suis capable. Ce n’est pas facile de faire ces longs périples. Mais c’est mon job et je ne suis pas la première personne à le faire.

Pas déçu de n’avoir pas été retenu d’abord par le Nigeria ?

C’est trop tard maintenant. Mon meilleur ami, Peter Odemwingie, a eu cette chance. Moi pas. Mais les Etats-Unis sont également une grande équipe. On l’a vu lors de la dernière Coupe du Monde.

L’engouement pour le soccer aux Etats-Unis est grandissant. Il suffit de regarder CNN…

CNN Europe est une chaîne différente de CNN USA. Aux Etats-Unis, ils ne passent pas de soccer. La grande chaîne sportive, c’est ESPN et de temps en temps, il y a quelques images de soccer. Très rarement. La culture américaine, cela reste d’abord le football américain, le basket, le hockey sur glace et le baseball.

Stéphane Vande Velde

 » Je suis RELAX ET AMBITIEUX, africain et américain  »

 » On n’est pas régulier mais ON PEUT BATTRE ANDERLECHT  »

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