Djibril Cissé

L’avant centre du Pana doit-il faire peur au Standard ?

Positif

Le joueur du Panathinaikos est doté de qualités physiques exceptionnelles et même si ses graves blessures ont quelque peu altéré son explosivité, il reste un attaquant très véloce. Ses premiers mètres sont très rapides mais c’est surtout quand il est lancé que sa puissance s’exprime pleinement. Cette vitesse de course lui permet, dans une compétition grecque où les défenseurs sont moins rapides que dans les grands championnats européens, d’atteindre déjà la vingtaine de goals.

L’ancien Auxerrois possède une excellente frappe du pied droit et son cou de pied imprime une très grande puissance à ses tirs. En fixation face au gardien ou quand il n’est pas face au but, il est aussi capable d’enrouler des shots de l’intérieur du pied avec beaucoup de force. La précision de ses envois lui permet de trouver très souvent le petit filet au deuxième piquet avec des trajectoires rentrantes, le ballon devenant alors quasiment insaisissable pour le keeper adverse.

Sans faire partie des véritables voleurs de but, le Français est très adroit dans le rectangle. Ses qualités physiques et surtout de vitesse l’aident à devancer l’intervention de son adversaire direct et son sang-froid fait le reste. Son vécu lui permet d’anticiper le comportement du gardien et de contourner sa sortie par un ballon placé, voire piqué. Cette adresse lui permet, à 28 ans, de dépasser déjà le total de 130 buts toutes compétitions confondues.

Avec Auxerre, Liverpool, Marseille, Sunderland, le Pana et l’équipe de France, Djibril est doté d’une grande expérience enrichie par la variété des championnats fréquentés. Avec plus de 300 matches au compteur, il parvient à mieux doser ses efforts et à se faire oublier durant des périodes de matches pour surgir au bon moment. A ses débuts, il courait un peu comme un chien fou et parvenait difficilement à prester 90 minutes au même niveau.

Djib’ est très costaud dans les duels grâce à son gabarit (1m82 et 78 kg) et sa force musculaire. Il ose aussi s’engager sans retenue dans les face à face. A ce propos, son mental est de top niveau quand on connaît la gravité de ces deux blessures : il continue à se livrer sans appréhension.

Il ne fait pas partie des footballeurs les plus grands et doit souvent composer avec des adversaires dépassant le mètre 90. Pourtant, il possède un excellent jeu de tête. Sa technique, sa détente et son timing ont été très bien travaillés par son coach Guy Roux qui l’a lancé en Ligue 1 avec Auxerre. Il est capable, comme les maîtres du trafic aérien, de rester en suspension dans les airs et puis de frapper le ballon violemment grâce à une musculature de la nuque très développée.

Négatif

L’ancien marseillais manque clairement d’endurance et cela le freine dans sa capacité à répéter les appels de balle et les sprints. Bien que son expérience lui permette de mieux doser ses efforts, son volume de jeu reste insuffisant. Il parvient à cacher cette lacune quand il fait preuve d’efficacité devant le but. Les actions décisives masquent alors son manque de constance.

Cissé a besoin de beaucoup d’espace pour s’exprimer. La polyvalence ne fait certainement pas partie de ses qualités et le système de jeu choisi par son entraîneur peut lui être néfaste. Dans un 4-4-2 avec un équipier lui libérant des espaces, il est très dangereux. Par contre, il est moins performant dans un 4-3-3, où les postes sont plus figés et les switches moins fréquents.

Bien qu’il donne de bonnes passes et peut enrouler ses frappes du gauche, son deuxième pied n’offre pas les mêmes possibilités que le droit. Ses shots sont moins naturels et il manque d’efficacité en reprise de volée. Il est conscient de ce petit défaut car il lui arrive d’utiliser l’extérieur du droit ou de carrément se remettre sur son meilleur pied pour ne pas se servir du gauche.

Son travail en perte de balle est insuffisant et en tout cas souvent inefficace. Il a tendance à se lamenter sur un raté (une passe ou une frappe) et à oublier la reconversion défensive immédiate. Il réagit à contre-temps et peut ainsi, à certains moments, complètement désorganiser la récupération collective du ballon.

Son jeu à risques et ses appels sur 30-40 mètres ne l’aident pas à guérir une certaine fragilité musculaire. Au niveau des ischios, les petits problèmes sont assez récurrents. Ce qui le place régulièrement dans une situation où il doit se ménager en semaine. Toutefois, il commence à bien connaître son corps et s’arrête à temps afin d’éviter les déchirures.

Djibril manque manifestement de finesse technique. Il éprouve des difficultés dans les petits espaces, les enchaînements après un contrôle quand il subit un pressing intense et les dribbles courts. Sa vitesse lui permet de masquer cette lacune et il cherche dans ces situations à propulser le ballon vers l’espace libre pour se sortir de ce problème.

Le jeu en décrochage fait partie de ses principaux défauts et il subit souvent l’anticipation de son adversaire direct dans cette situation. Mais il préfère de loin rechercher le jeu en profondeur, même si sa manière d’évoluer à hauteur du dernier défenseur pour plonger dans l’espace manque de variété et le rend souvent hors-jeu.

Né en 1963, Etienne Delangre joua comme défenseur au Standard de 1981 à 1992 (267m en D1 et 6b, champion en 82 et 83). Ex-chargé de cours à l’Ecole du Heysel, il coacha de la P1 à la D1 (Charleroi).

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire