L’ex-Brugeois rêve de jouer pour Barcelone mais dans les semaines à venir, le défenseur central du PSG ne songera qu’au Mondial.

S’il y avait eu il y a un an un classement du défenseur le plus élégant de notre championnat, David Rozehnal (25 ans) eût certainement été nominé, comme le Croate Dario Smoje (Gand) et Vincent Kompany (Anderlecht). Las, l’international tchèque, transféré au Club Bruges en 2003 pour 750.000 euros de Sigma Olomouc, n’a jamais vraiment répondu aux attentes, à cause d’une certaine nonchalance qui a entaché son jeu, entraînant de mauvaises passes, des gaffes et la perte de points précieux. Il a quand même gagné le titre et Marc Degryse a été enchanté de le vendre pour 1,75 million au PSG, où Rozehnal a signé un contrat de quatre ans.

Rozehnal ne conserve que de bons souvenirs de son passage à Bruges…  » Une ville magnifique, que j’adore. Ces derniers mois, nous y sommes retournés à quatre reprises. Surtout, j’y ai beaucoup appris en football. I did a good job. Le Club a été la première grande étape de ma carrière. Grâce à Trond Sollied, j’ai découvert la Ligue des Champions, je suis devenu international tchèque et j’ai évolué sur le plan humain. Il a été un excellent professeur. J’ai obtenu ma chance d’emblée alors que j’étais un parfait inconnu. Je n’ai sans doute pas disputé tous les matches au même niveau mais il m’a conservé sa confiance malgré tout. Il estimait qu’un jeune joueur avait le droit de commettre des erreurs, qu’elles font partie du processus d’apprentissage. Nous sommes des êtres humains, pas des robots. Son approche calme mais résolue m’a beaucoup apporté. Je n’aime pas ceux qui crient pour vous déstabiliser ou tenter d’induire une réaction. Il était respecté et a obtenu de bons résultats. Sollied est un entraîneur à succès. Où qu’il aille, il réussit. La classe pure « .

Il a surtout appris à penser et à agir vite sur un terrain :  » J’ai été obligé de dépasser mes limites. J’ai surtout amélioré mon jeu de position. Globalement, j’ai livré plus de bons matches que de mauvais. On a souvent prétendu que j’étais le chouchou du coach mais je ne suis pas d’accord. On mérite sa place par son travail en semaine, sur le terrain d’entraînement, par rien d’autre « .

Mortelle pression

Rozehnal planifie soigneusement sa carrière. C’est pour cela qu’il a préféré le PSG au FC Cologne.  » Je rêve toujours de me produire pour Barcelone d’ici quelques années. Je possède les qualités et le potentiel requis. Je dois simplement me faire plus régulier et prouver que j’ai le niveau des différentes joutes européennes. Jouer au PSG n’est en rien comparable avec mon expérience brugeoise. La pression est mortelle à Paris. Je suis devenu plus fort mentalement, même si j’ai parfois l’impression que ma tête va éclater (il rit). Nous devons remporter des prix. C’est le message quotidien. La presse et le public ne sont pas vite contents. A la moindre gaffe, vous en prenez pour votre grade. Heureusement que nous avons gagné la Coupe au terme d’une saison turbulente car nous ne pouvons être satisfaits de notre neuvième place « .

Titulaire à 38 reprises, Rozehnal est celui qui a joué le plus de minutes, devant le meilleur buteur, Pedro Miguel Pauleta :  » Mes débuts ont été difficiles. Il faut vraiment être très attentif en France. La vitesse d’exécution est nettement supérieure. Mais je n’ai pas modifié mon style de jeu. Je suis un défenseur qui participe à la relance, qui aime chercher des solutions techniques en exploitant sa vitesse. Je suis devenu plus rusé, j’ai appris une série de trucs importants. Notre entraîneur, Guy Lacombe, est un stratège et un excellent motivateur. Il m’a permis de jouer librement en exigeant que je reste concentré 90 minutes. Je dois encore améliorer ma force dans les duels, dans les contacts durs. J’ai déjà appris beaucoup à l’entraînement… où il faut porter des jambières à cause de la violence des tacles !  »

Un outsider dangereux

Après une longue saison, Rozehnal va maintenant affronter les Etats-Unis, le Ghana et l’Italie, favorite de la poule. En huitièmes de finale, la Tchéquie affrontera peut-être le Brésil :  » Mes muscles aspirent au repos mais ma tête ne pense qu’au Mondial ; je ne veux pas rater notre début. Nous allons être un outsider dangereux. Avec notre coach Karel Brückner nous avons atteint les demi-finales de l’EURO 2004 et on espère faire au moins aussi bien en Allemagne. Karel Poborsky, Pavel Nedved, Jan Koller, Tomás Galásek et Vratislav Lokvenc veulent saisir leur dernière chance de briller dans un tel tournoi. Nous ne rejoignons pas l’Allemagne en touristes. Nous sommes très ambitieux. Nous voulons être la révélation du tournoi en développant un football attractif mais réaliste et divertir les supporters. Si nous évoluons au niveau des playoffs de l’automne dernier, nous ne devons redouter personne « .

La Tchéquie est fragile en défense. Hormis Peter Cech, le gardien de Chelsea, qui a la classe mondiale, les défenseurs ne dépassent pas la moyenne européenne, selon les observateurs. C’est pour cela que Brückner fait jouer son équipe loin de son but et mise sur le sens du but de Milan Baros et sur la solidité de Koller. Le point de vue de Rozehnal est différent.  » Nous sommes fragiles en défense parce que nous pressons notre adversaire dans son camp. Nous devons donc être vigilants et nous appuyer sur de solides automatismes. Heureusement, nous avons une excellente organisation et un très bon sens tactique. Le retour de Dino (Jan Koller) après sa blessure aux ligaments croisés est capital. Il va être notre meilleure arme car il est notre buteur et n’a pas encore d’équipe pour la saison prochaine. Le Mondial constitue un étalage rêvé pour lui. Dino va être notre boussole. Le baromètre de nos forces et faiblesses. Il n’est pas seulement un finisseur. Il est aussi un homme bien démarqué et notre premier défenseur. Le maillon le plus important de l’équipe « .

FRÉDÉRIC VANHEULE

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