Dites TOï

Pour renforcer leur défense, les Loups ont misé sur l’expérience et la bonne humeur du Français.

Ce bon début de saison, il le savoure mais sans verser dans l’euphorie car l’expérience le lui interdit. Mais comme tout joueur louviérois cette saison, il sait qu’il a apporté sa pierre au bon début de saison de sa formation.

A 31 ans, Geoffray Toyes (prononcez toï) revit après une saison noire à Nancy. Il sifflote et chambre ses partenaires.  » C’est quelqu’un qui est toujours de bonne humeur et qui respire la joie de vivre « , explique Gunther Van Handenhoven,  » A Metz, alors que moi je suis toujours un peu endormi le matin, il se chargeait de me réveiller en me chahutant sans cesse. Ici, il a repris ses habitudes d’antan « .

Au sein d’un groupe jeune û 23 ans de moyenne d’âge û il doit faire figure de guide.  » Le groupe avait perdu pas mal d’anciens avec les départs de Thierry Siquet et Georges Arts et c’est pour cette raison que je l’ai contacté « , explique Albert Cartier.

Toyes de préciser :  » Je connaissais l’entraîneur pour avoir officié sous ses ordres à Metz. Il m’a appelé deux jours après son intronisation à La Louvière. Il m’a expliqué son projet en partant du principe qu’il fallait d’abord donner à cette équipe une bonne base défensive. Je lui ai dit que j’allais réfléchir et trois semaines plus tard, il est revenu à la charge et je lui ai donné mon accord pour pousser plus loin les transactions « .

Chapitre I, Bordeaux

Son accent du Médoc trahit ses origines bordelaises :  » Ma carrière a vraiment débuté là-bas chez les Girondins. J’étais issu du centre de formation et en 1994, je disputais à Furiani contre Bastia mon premier match professionnel « .

Il restera six ans dans le Sud-Ouest.  » Je me suis inscrit petit à petit dans le onze de base. Je faisais partie de la génération des François Grenet, Yannick Fischer et Franck Histilloles et j’ai eu la chance de jouer dans la grande équipe bordelaise avec Zinedine Zidane, Richard Witschge et Bixente Lizarazu « .

Lors de la saison 1995-1996, Bordeaux débute sa saison dès le mois de juillet. Le club n’avait pas réussi à se qualifier pour une coupe européenne et s’était inscrit en Intertoto. L’aventure ira au bout. En gagnant la finale de cette coupe estivale, les Girondins accrochent un ticket pour l’UEFA où ils échoueront en finale en deux manches devant le Bayern Munich (deux défaites : 2-0 en Bavière et 3-1 à domicile).

 » Cette année-là, on a disputé 20 matches européens. Rien ne pouvait nous arrêter. On a joué contre le Rotor Volgograd sur un terrain gelé. On a subi la bronca du Betis Séville devant 25.000 spectateurs. La région restait sur une période de canicule mais un violent orage juste avant la rencontre avait rendu la pelouse glissante. Je me souviens que l’entraîneur de l’époque, Gernot Rohr, nous avait prévenu que le gardien espagnol s’avançait beaucoup et on s’est qualifié sur un lob de 40 mètres de Zidane. Puis, il y a eu le fameux match contre l’AC Milan de Roberto Baggio, Demetrio Albertini et George Weah. On avait perdu 2-0 à San Siro et on avait été vexé par les propos de Marcel Desailly. Il avait dit que c’était un bon score mais que 3-0 aurait été encore meilleur. Il nous prenait vraiment de haut et cela nous a motivés au retour. On a débuté la rencontre pied au plancher. Didier Tholot marquait dans le premier quart d’heure avant que Christophe Dugarry n’en plante deux autres. Tout le stade était derrière nous et la ville avait pris les couleurs girondines. J’ai pu échanger mon maillot avec celui de Baggio à l’aller et de Paolo Maldini au retour. Ces deux trophées sont encadrés désormais ! Pourtant cette saison-là, on avait été médiocres en championnat. On avait seulement terminé 15e car toutes les équipes nous attendaient, voulant faire tomber les héros européens. Finalement je ne garde qu’un mauvais souvenir. J’avais disputé la plupart de la campagne mais j’ai dû faire l’impasse sur la finale car deux jours auparavant, lors d’un match à Nice, je m’étais occasionné un arrachement du moyen adducteur. Mon absence n’a pas trop porté préjudice à l’équipe contrairement aux suspensions de Zidane et Dugarry lors du match aller « .

Sa guérison prend deux mois et Toyes se remet juste à temps pour participer à la deuxième aventure de la saison : les Jeux Olympiques d’Atlanta :  » Avec les Espoirs français, on avait forcé les portes des JO. On y allait avec certaines ambitions puisque sous la houlette de Raymond Domenech, le groupe comptait des noms comme Robert Pires, Florian Maurice, Patrick Vieira ou Vincent Candela. On a finalement perdu en quarts de finale contre le Portugal. De plus, on n’a pas pu goûter à l’ambiance olympique. On avait fait l’impasse sur la cérémonie d’ouverture car on disputait un match à Miami le lendemain. On ne s’est jamais rendu au village olympique car on était basé en Floride et je le regrette  »

Après quatre jours de congé, Toyes reprend l’entraînement à Bordeaux et découvre le nouvel entraîneur Rolland Courbis :  » En deux ans, le club avait consommé quatre coaches. Quand Courbis est arrivé, il ne m’a pas fait jouer. Je ne rentrais pas dans ces plans car il n’avait aucun intérêt financier à me faire jouer. Il avait fait venir des joueurs qui lui remplissaient sans doute plus les poches que moi. J’étais déçu et fâché sur certains membres de la direction qui participaient à ce jeu. On m’a vraiment délaissé. J’étais pourtant un pur produit bordelais et je restais sur une saison exceptionnelle « .

Chapitre II, Metz

Le joueur commence alors son second chapitre. Il part pour la Lorraine où, au sein du FC Metz, il boucle un nouveau cycle de six ans :  » Une autre grande expérience. Surtout lors de la saison 1997-1998. Comme avec Bordeaux en Coupe d’Europe, on pensait que rien ne pouvait nous arriver. On a mené le championnat pendant six mois. Et finalement on perd le titre lorsque l’on s’incline 0-2 face à Lens à quelques matches de la fin du championnat. Néanmoins, avec une équipe solidaire et quelques talents purs comme Danny Boffin, qui était infatigable sur son flanc, Robert Pires, Jocelyn Blanchard ou Rigobert Song, on a réussi un très beau parcours. Il y avait une belle ambiance dans le groupe. On sortait souvent faire la fête mais on était au poste le samedi et même quand on jouait mal, on gagnait 1-0 « .

Toyes connaîtra ensuite l’envers du décor. Le déclin après l’apogée.  » Metz n’a pas su construire quelque chose de solide. L’année suivante, on perd trois joueurs clés (Song, Pires et Blanchard). La direction avait reçu 15 millions d’euros pour ces transferts et elle aurait dû les investir en achetant de nouveaux joueurs. Cela nous aurait permis de nous qualifier en Ligue des Champions et le club aurait récupéré son investissement. Au lieu de cela, on s’incline lors du tour préliminaire face aux Finlandais du HJK Helsinki (0-1, 1-1). A l’époque, on ne comprenait pas notre échec mais ces Finlandais ont encore engrangé pas mal de points dans les poules « .

Le club ne se remettra jamais de cet épisode. D’année en année, les Lorrains glissent dans l’anonymat pour finalement tomber en D2 en 2002 :  » On est descendu sans s’en rendre compte. Chaque année, le club perdait de la valeur et ce qui devait arriver s’est produit et on a versé en D2. Heureusement, on s’est repris et on a réussi à remonter immédiatement. Pourtant, cela avait plutôt mal débuté. On se situait à la 15e place après 12 journées. Mais une défaite 0-3 contre Valence nous a servi de déclic et on a enchaîné deux séries de 11 victoires pour finalement arracher notre promotion « .

Il s’agira de la dernière saison de Toyes à Metz.  » Le club avait des problèmes financiers. Il y avait quatre joueurs en fin de contrat dont moi et nos contrats n’ont pas été prolongés. Cela se termine également par des regrets car après six ans et une montée, je pensais que la direction allait me proposer quelque chose « .

Chapitre III, Nancy

L’année passée, Toyes quitte la Moselle pour la Meurthe et Nancy, 54 km plus au sud, et reste en D2 :  » Ce fut une saison difficile car j’ai connu plusieurs périodes de petites blessures de dix jours. Je suis revenu en forme en janvier mais l’entraîneur Pablo Correa ne m’a jamais fait confiance. L’équipe tournait bien sans moi. J’étais venu apporter mon expérience mais cela n’a pas fonctionné « .

Chapitre IV, La Louvière

Le troisième chapitre se termine plus rapidement que prévu mais l’étranger le rattrape :  » J’ai découvert un nouveau paysage en venant en Belgique. Je me suis rapidement adapté et ce bon début de saison me conforte dans mon choix. On savait qu’il ne fallait pas s’exciter après les piètres matches amicaux. On doit apprendre désormais à gérer les moments de relâchement qui continuent d’émailler nos rencontres. Mais le groupe possède encore une belle marge de progression « .

Stéphane Vande Velde

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