DISPOSITIF UNIQUE (1) pour ou contre ?

L’imposition d’un dispositif unique dans toutes les catégories de jeunes d’un club est-elle incontournable dans la définition de sa vision en matière de formation ?

A l’instar de ce qui se fait dans la majorité des clubs à l’étranger, en particulier aux Pays-Bas, beaucoup de nos clubs belges se définissent une vision en matière de formation des jeunes, souvent parce que le contexte économique est de plus en plus difficile. Comme former, c’est prévoir et anticiper sur l’avenir, il devient de plus en plus indispensable de développer une politique et une stratégie à long terme. Parmi les moyens généralement proposés, on retrouve pratiquement tout le temps l’idée de faire jouer les équipes suivant un schéma constant. Ainsi, que toutes les équipes d’âge d’un même club, des Cadets aux Juniors, s’alignent par exemple en un 4-3-3 classique n’est pas rare. D’autres optent plutôt pour un 4-4-2 ! Nous envisageons dans cette première partie le pour et le contre d’une telle philosophie. La seconde s’attachera à expliquer notre conception par rapport à ce problème.

Avantages

Pérennité et confiance : les chiffres qui donnent une idée de la disposition initiale des joueurs sur le terrain sont déjà révélateurs d’une certaine vision. Ainsi y a-t-il évidemment une grande différence d’approche du jeu lorsqu’on aligne d’emblée trois attaquants (4-3-3) au lieu d’un seul (5-4-1). Le dispositif préconisé correspond à la vision qu’a ce club par rapport à sa manière de concevoir le jeu à moyenne ou longue échéance : elle fait partie intégrante de sa philosophie dans le temps. Si cette vision est connue et constante, c’est évidemment un avantage, en particulier au niveau de la communication, pour tous les membres de cette association. Un cadre de référence constant constitue aussi une aide indiscutable dans le développement et le maintien de la confiance, indispensable à l’éclosion de tout footballeur.

Fonction liée à la place : l’animation de ce dispositif ou système de jeu est encore bien plus importante ! L’objectif principal est que chaque joueur soit responsable d’un certain nombre de tâches spécifiques à effectuer en possession et en perte de balle, liées à la position qu’il occupe. Si la numérotation est invariablement liée au dispositif choisi, on peut alors définir des fonctions liées à chaque numéro. Ceci représente un grand privilège car il suffit de se voir attribuer par exemple le numéro six pour que chacun sache automatiquement les responsabilités qui incombent à cette place !

Facilité de recrutement et d’intégration : si comme on s’y attend, le schéma de l’équipe Première est semblable et constant à celui des jeunes, il sera très facile d’y intégrer un pur produit de sa propre école de formation. A défaut, le recrutement extérieur sera quand même plus facile car les qualités recherchées sont parfaitement décrites et connues par le numéro du poste à pourvoir. De plus, de par la connaissance de la fonction et du numéro qui y est lié, le jeune promu ou le joueur recruté aura plus de chances de s’intégrer rapidement dans son nouveau groupe.

Inconvénients

Manque d’individualisation : certains joueurs qui ne correspondent pas tout à fait aux profils liés aux numéros ont plus de mal à se développer ou à s’exprimer. On risque de passer à côté de l’objectif quant à la révélation de certains talents chez les jeunes.

Créativité limitée : un système de jeu basé sur un dispositif constant ne laisse guère de place à l’initiative ou à l’esprit de créativité. Tant pour l’équipe Première que pour les jeunes, les joueurs et leurs entraîneurs sont souvent enfermés dans un certain carcan. On ne pourra plus engager n’importe quel entraîneur ! Par contre, c’est plus facile pour les adversaires d’anticiper et de s’adapter.

Risque de robotisation : le risque d’automatisation du jeu de l’équipe, sans effet de surprise ou sans possibilité d’adaptation, est grand. Lorsqu’un tel groupe est confronté à de mauvais résultats, il est souvent très difficile de trouver la solution.

Conclusion

Il y a du pour et du contre. Notre position par rapport à ce problème est une vision un peu plus souple, basée non pas sur un dispositif rigide, mais plutôt sur quelques principes de sélection et d’alignement incontournables que nous expliquerons dans la seconde partie à paraître plus tard. (A suivre)

par Frans Masson Directeur de la Formation à l’Union Belge.

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