DIRK DEMOL

Le champion de Belgique Stijn Devolder fonce vers la victoire en 2008.

 » Contrairement à Paris-Roubaix (que Demol a remporté en 1988, ndlr), je n’ai jamais cassé la baraque au Ronde mais j’y ai vécu un moment inoubliable. En 1986, j’ai attaqué pendant 170 km avec Marc Van Geel, jusqu’au Vieux Quaremont. C’était prévu d’avance car la course passait par Bavikhove, mon village, où j’avais beaucoup de supporters. Ceux-ci m’encourageaient bien entendu énormément et j’en avais la chair de poule.

J’ai quand même remporté le Ronde à plusieurs reprises, mais en tant que directeur sportif : deux fois avec Fabian Cancellara (2012 et 2014, ndlr) et une fois avec Stijn Devolder. Cette victoire, en 2008, est un peu particulière en raison de ma relation avec Stijn. J’étais persuadé depuis ses débuts professionnels qu’il remporterait un jour une grande classique. Après son titre de champion de Belgique en 2007 et notre passage de Discovery Channel à Quick Step, nous avions travaillé spécifiquement en vue du Ronde pendant des semaines. Le jour de Milan-Sanremo, nous avions même reconnu l’intégralité du parcours menant à Meerbeke, à l’exception des cinquante premiers kilomètres. Après cela, Stijn avait encore roulé derrière la voiture jusque chez lui, à Deerlijk, alors qu’il tombait de la grêle. Il tenait à avoir ces 265 km dans les jambes.

Cela s’est avéré payant car, le jour de la course, Stijn avait des ailes. Tom Boonen était notre leader mais j’ai vite remarqué qu’il n’était pas super. J’ai donc tenté de convaincre Wilfried Peeters, qui était dans la voiture avec moi, de laisser Stijn partir dans une échappée sans collaborer. Ça n’a pas été facile mais Peeters a fini par accepter. Lorsque le peloton est revenu, avec Boonen, j’ai encore insisté : Laisse Stijn démarrer ! Wilfried a hésité mais, dix secondes après qu’il eut dit oui, à 25 km de la ligne, Stijn a pris la fuite. Son avance s’est rapidement chiffrée à trente secondes et même lorsque Flecha, Langeveld et Nuyens se sont rapprochés, je n’ai pas eu peur car je savais qu’aucun d’eux ne pourrait le reprendre. Ma seule crainte, c’était que Peeters lui ordonne d’attendre Boonen mais il ne l’a pas fait. De plus, Stijn a été malin : il a retiré son oreillette sous prétexte qu’il y avait de la friture sur la ligne, comme on l’avait convenu auparavant (il rit). Son solo a été sublime, lui seul était capable de faire cela. Même Lance Armstrong m’a envoyé un SMS directement après l’arrivée pour me dire combien il avait été impressionné.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire