Directeur général

Bruno Govers

Il avait planché sur ses premiers dossiers bien avant le 3 janvier. Confidences…

Alain Courtois: « En parcourant l’organigramme du club, lors de mes récentes vacances en Egypte, j’ai remarqué qu’il y avait bon nombre de similitudes entre le boulot que j’avais accompli dans l’optique de l’EURO 2000 et le fonctionnement du club. De la billetterie à la sécurité, il y a 22 fonctions à pourvoir au Sporting. Lors du Championnat d’Europe, je chapeautais tout. Ici, Michel Verschueren régentait l’ensemble avec succès: le RSCA suscite le respect tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nos frontières.

Changer les acquits n’a aucune raison d’être. Mais certains aspects peuvent être peaufinés. Ma toute première préoccupation sera de rencontrer les responsables de chacun de ces départements, en vue de savoir quelles modifications peuvent être envisagées pour demeurer au sommet. Car il faut une remise en question continuelle. Mais mon absolue priorité est la création d’un centre de formation. Comme dans le football français qui vit son âge d’or, depuis 98… J’ai deux modèles en tête. Le premier est le FC Metz où le président, Carlo Molinari, a réalisé un projet grandiose au départ de rien, sinon d’un bureau, d’un crayon et d’une solide dose de réflexion. Le deuxième, c’est Arsenal où une aile du complexe d’entraînement est occupée par le noyau de Première et l’autre par les plus belles promesses. Une proximité qui suscite l’émulation. La mise sur pied de cette entreprise nécessitera six millions d’euros au bas mot. Mais dans la mesure où le Sporting prendra en charge un certain nombre de jeunes, il me paraît normal d’interpeller les autorités pour un appui, que ce soit sur le plan de la commune-même d’Anderlecht, de Bruxelles ou de la Région, vu que le Sporting fait figure d’ ambassadeur ».

RSC Anderlecht-Bruxelles

« Les classes dirigeantes ne se rendent pas compte à quel point Anderlecht frappe l’imagination. Un exemple parmi d’autres: en tout début de saison, j’ai fait fonction de représentant de l’UEFA lors de la rencontre européenne entre Fenerbahçe et les Glasgow Rangers. La toute première question de l’arbitre, le réputé Italien Pierluigi Collina, à mon adresse, fut de savoir précisément comment allait le Sporting. Des scènes pareilles, j’en ai vécu à tire-larigot. Mais le club n’est guère apprécié à sa juste valeur par la commune ou dans un cadre plus large. A l’époque de l’EURO 2000, nous avions commandé un sondage dans les divers pays participants afin de savoir quelles villes avaient la cote aux Pays-Bas et chez nous. Notre capitale n’était guère prisée car la plupart des gens voyaient en elle la ville des technocrates. Grâce au sport et au football en particulier, certaines cités ont pris une autre dimension. Je songe à Manchester ainsi qu’à Liverpool. Dès lors, pourquoi Anderlecht, club-phare de la capitale de l’Europe, ne pourrait-il pas contribuer aussi à cette notoriété,… quitte à se voir gratifier d’une compensation financière en retour?

Ah, l’argent! Comment se fait-il que des clubs reçoivent une aide de la Commission européenne et d’autres pas? Comment expliquer que certaines nations jouissent d’un climat fiscal favorable mais que nous sommes à la traîne dans ce secteur? Filip De Wilde payait 18% d’impôts au Portugal. Chez nous, son salaire est raboté de près de 60%: ce n’est pas normal. Il faut une plus grande uniformité à ce niveau. Dans un autre ordre d’idées, de nouvelles sources de financement s’imposent si Anderlecht veut rester compétitif par rapport à des entités qui présentent un budget autrement plus important.

En matière de ticketing, il n’y a guère d’améliorations possibles: avec près de 25.000 spectateurs, le Sporting est arrivé à son plafond. Les droits de télévision étant ce qu’ils sont, le seul créneau que l’on peut encore développer est le commercial au sens large: sponsoring, merchandising, catering… Pas moins de 300 sociétés sont représentées au stade Constant Vanden Stock. Elles sont synonyme d’opportunités qui n’ont peut-être pas encore toutes été explorées. En réalité, il conviendrait d’en arriver à une situation où le club pourrait aisément subvenir à ses besoins indépendamment d’une saison moindre. Il en est ainsi à Manchester United, par exemple, qui peut se permettre de ne pas tenir le haut du pavé pendant deux ou trois ans sans réelle incidence sur sa santé pécuniaire ».

Pas d’entrée en bourse

« Au rayon des segments à développer, je songe à développer le merchandising sur Internet et à une chaîne de télé privée, à l’instar de ManU. Mais je suis réfractaire à une entrée en bourse; j’ai analysé ces dernières années la démarche de tous les clubs qui ont effectué ce pas. L’ultime en date était la Juventus. Au départ, l’action des Turinois était cotée 1,45 euro. Quinze jours plus tard, en raison de contre-performances sur le terrain, elle avait chuté de manière vertigineuse. Je n’ose imaginer pareille plongée pour un club de moindre envergure, comme le nôtre. Je ne pense pas que nous soyons parés pour franchir ce pas. D’ailleurs, s’il en avait été ainsi, le RSCA l’aurait probablement fait, vu que les plans en la matière existent depuis un certain temps déjà. Personnellement, je souhaite bonne chance au SC Charleroi qui a pris la décision d’être un précurseur dans ce domaine en Belgique. Je ne le perçois nullement comme une gifle envers Anderlecht. Je prétends toujours que pour être dans le bon, il faut à la fois inspirer les autres mais également s’inspirer d’eux. Le RSCA a souvent montré le bon exemple. Avec ses loges et business seats, par exemple, qui vont jusqu’à faire saliver un grand d’Europe comme Barcelone. Mais le Barça lui-même constitue à coup sûr pour nous une référence en d’autres secteurs. Son musée, par exemple, doit être source d’inspiration pour nous. Ou une salle des trophées.

Je n’ai certes pas encore abordé les contingences purement sportives; ayant encore tout à apprendre de la vie de cette cellule. Mais ce qui me préoccupe, c’est de savoir pourquoi les jeunes étrangers, présents en masse dans la commune, ne font pas leur trou en équipe première. Je rejoins en tout cas l’avis d’ André Drouart, l’échevin des Sports, lorsqu’il affirme qu’il y a peut-être un Zinedine Zidane à Cureghem. Autrefois, pour le compte de la fédé, j’avais développé le projet du football inter-quartiers et j’avais été frappé par le nombre d’éléments d’origine africaine dominant leur sujet. Il serait utile de développer des synergies entre les mondes politique et sportif sur ce point. C’est pourquoi je plaide ardemment en faveur de la constitution d’un groupe de travail où les deux parties seraient représentées. La classe dirigeante doit comprendre qu’il lui en coûtera moins d’aider les clubs à occuper les jeunes qu’à financer des campagnes destinées à combattre la délinquance et la drogue ».

Bruno Govers

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