Direct du gauche

Pierre Bilic

L’attaquant serbe défie les Rouches et les Zèbres dans la bataille pour l’UEFA.

Son aisance technique et sa dégaine de gaucher n’ont pas tardé à crever l’écran et à attirer le regard des spectateurs ou des entraîneurs adverses : ce gars-là est pétri de talent.

Solide, cet attaquant se distingue par une excellente lecture du jeu. Bon finisseur, il va droit au but, percute du gauche, se fait un plaisir de créer des espaces, ouvre le jeu, sert ses équipiers. Nenad Stojanovic (25 ans) ne roule cependant pas des mécaniques et les valeurs collectives reviennent souvent dans son discours.

 » Je suis persuadé que le football belge me va comme un gant « , dit-il avec un grand sourire.  » Les duels sont engagés mais je ne les crains pas. Malgré l’excellent quadrillage des terrains, les attaquants peuvent plonger dans les espaces. Quand je suis arrivé, lors du mercato d’hiver, mon temps de jeu était mesuré depuis le début de la saison. J’étais le joker de l’Etoile Rouge Belgrade. Même si j’avais été efficace dans ce rôle, j’étais à la recherche de sensations et d’automatismes. René Vandereycken, l’entraîneur de Genk, n’ignorait rien de ma situation. Dès lors, sans exercer aucune pression, il m’a intégré petit à petit dans ses concepts tactiques. Et, au fil du temps, j’ai pris part à des plages de plus en plus larges des matches de Genk. J’ai eu la chance de marquer assez rapidement et de délivrer quelques passes décisives. Cela a probablement facilité mon adaptation. De plus, tout comme Tomislav Mikulic, arrivé en même temps que moi, j’ai pu compter sur l’amitié de Mirsad Beslija qui joue à Genk depuis quelques années déjà. Tout à été mis en £uvre afin que je me sente tout de suite chez moi. Mon épouse est enceinte et attend des jumelles pour le mois de juin. Tout a déjà été réglé. Elles verront le jour en Belgique. Ma femme est rassurée, je suis tranquille. Quand on débarque d’une ville grouillante comme l’est Belgrade, cette sérénité est agréable « .

Même si à Genk les footballeurs mènent une existence paisible, le Racing limbourgeois, éliminé en quarts de finale de la Coupe de Belgique par le GBA, est dans l’obligation, selon son président, de se propulser en Coupe de l’UEFA. Ce billet pour le bonheur européen est au centre d’une belle bataille entre le Standard, Genk et Charleroi.

 » Genk ne dépend pas de la production d’un buteur  »

 » Genk dispose des meilleurs arguments « , prétend Stojanovic.  » Le groupe est très soudé. Tout le monde pense collectivement. Je suis un attaquant mais peu importe qui marque. Il n’y a pas d’égoïstes à Genk. Chacun est heureux quand un équipier réalise un exploit. Mon club a plusieurs formules tactiques. Il m’arrive de me retrouver en pointe, à gauche ou à droite en fonction du schéma tactique et des atouts de l’adversaire. Mais en général, je suis en pointe et Kevin Vandenbergh tourne autour de moi. Kevin a l’art d’être où il faut au bon moment. Dès lors, le moindre ballon peut être dangereux pour l’adversaire. La variété est une arme importante. Genk ne dépend pas de la production d’un buteur. Tout le monde apporte sa contribution. Nous avons été choqués par ce qui est arrivé à Thomas Chatelle lors de notre déplacement à Gand. Tout peut se produire en une fraction de seconde mais le groupe est riche. Le Standard dispose d’un effectif formidable avec de grands noms et c’est une formation expérimentée. Mais les Liégeois n’ont pas encore atteint notre degré de cohésion. Genk, c’est une grande famille. Charleroi est très bien organisé. Son parcours est très intéressant mais nous aurons la chance de recevoir cette équipe chez nous lors de l’avant-dernière journée. L’accueil sera chaud : notre stade est toujours plein à craquer. C’est un avantage mais il faut se méfier de joueurs comme Izzet Akgül, Orlando ou Toni Brogno et Charleroi dispose aussi d’un grand gardien. Je suis tout, le foot belge et européen. De plus, mon meilleur ami et témoin de mariage, Ninoslav Milenkovic, jouait au Lierse avant que je n’opte pour Genk… Il avait été mon équipier au FK Leotar Trebinje, en Bosnie-Herzégovine et je suivais ses résultats et donc ceux de la D1 belge qui est aussi connue chez nous grâce à Nenad Jestrovic, Goran Lovre, Ivica Dragutinovic, etc.  »

Joker d’or de l’Etoile Rouge

La carrière de Stojanovic débuta à l’Etoile Rouge Belgrade, en Serbie :  » J’avais huit ans et n’imaginais pas me lier à un autre club. Mon père a été gardien de but. Predrag, mon frère, joue aussi et a été victime de la même fracture que Chatelle. J’ai fait toutes mes classes à l’Etoile Rouge qui, pour m’aguerrir, me prêta durant trois ans à une série de petits clubs. Cela se fait beaucoup en Serbie et ce sont des moments intéressants pour un jeune qui doit s’adapter. J’ai fait mes débuts en D1 sous le maillot de Zeleznik Belgrade. C’était un premier pas et le vrai déclic s’est produit au FK Leotar où nous avons empoché le titre en 2002-2003. Avec 23 buts, j’ai été sacré meilleur buteur du championnat de Bosnie-Herzégovine. J’étais lancé. Je suis revenu à l’Etoile Rouge qui a réussi le doublé en 2003-2004. Le coach, Slavo Muslin, me demandait de tourner autour de Nikola Zigic. Il mesure 2,02 m et est un Jan Koller en puissance qui intéresse des clubs allemands.  » Il vaudrait sept millions d’euros sur le marché des transferts.

 » Je n’étais que le troisième attaquant derrière Zigic et Marko Pantelic. On m’appelait le joker d’or de l’Etoile Rouge mais cela ne me convenait pas. On me demandait d’être patient. Pour un jeune, ce n’est pas évident. Je suis resté à l’Etoile Rouge qui, après le doublé championnat/Coupe, était qualifié pour les préliminaires de la Ligue des Champions. Cette aventure se termina face au PSV Eindhoven au troisième tour qualificatif. L’Etoile Rouge avait gagné 3-2 à Belgrade mais fut laminée 5-0 en Hollande. Au premier tour de la Coupe de l’UEFA, nous avons été éliminés par le Zenit de Saint-Pétersbourg. Lille, Shakhtar et Metallurh Donetsk m’ont fait des propositions en hiver. L’offre de Genk était plus intéressante sur un plan sportif. Je connais mes qualités et j’ai confiance. Je suis certain d’avoir fait le bon choix avec un contrat de trois ans et demi. Ce club est stable, bien organisé, populaire et joue un rôle en vue en Belgique, se qualifie régulièrement pour l’une ou l’autre coupe d’Europe « .

Pierre Bilic

 » On dispose de MEILLEURS ARGUMENTS que le Standard et Charleroi  »

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