DIMITRI DAVIDOVIC

Ce dont Dimitri Davidovic (71 ans) s’affirme le plus fier, c’est d’avoir toujours su conserver sa famille à ses côtés : ses deux enfants et ses trois petits-enfants.  » Ce n’est pas évident en football, surtout quand on voyage beaucoup « , dit-il. Le jour de notre rencontre, l’homme a également rendez-vous avec Neel De Ceulaer, avec qui il a encore joué au Lierse au début des années 70, participant à la fameuse campagne européenne qui avait vu les Jaune et Noir éliminer Leeds United, qui était alors un grand club, pour ne trébucher qu’en quarts de finale contre l’AC Milan.

C’est aussi à Lierre que Davidovic a fait la connaissance de sa femme, Ingrid.  » En la voyant, je lui ai proposé d’aller boire un café. Elle n’a cédé à mon insistance qu’au bout d’un an « , rigole-t-il. Dimi réside depuis longtemps à Berchem, à un jet de pierre du ring d’Anvers. Il retourne régulièrement à Belgrade, sa ville natale, pour y retrouver de vieux amis.  » Des gars avec qui j’ai joué au Partizan. Nos rencontres sont toujours agréables, même si elles tournent de plus en plus autour des maux dont souffrent les personnes d’un certain âge.  »

Davidovic a porté pendant onze ans le maillot du club serbe. Puis, en 1967, il s’est retrouvé aux Oakland Clippers, à San Francisco, via l’ancien directeur technique de l’Etoile Rouge, AcaObradovic. Ses yeux brillent encore à cette évocation :  » C’était l’époque du flowerpower ! Nous n’allions pas aux matches en car mais en limousines.  » Un coéquipier danois des Clippers l’a orienté vers le NEC Nimègue, où il a joué sous les ordres de Will Coerver, qui allait faire fureur, plus tard, avec sa formation des jeunes, basée sur la technique. Le président du Lierse, Bob Quisenaerts, fervent amateur de l’émission néerlandaise StudioSport, l’a alors remarqué.

Dimi a effectué son service militaire au terme de sa carrière.  » J’étais le plus vieux soldat de Yougoslavie « , se souvient-il.  » Puis un ami m’a appris qu’Eddy Wauters cherchait un jeune entraîneur pour l’Antwerp. J’y ai débuté ma seconde carrière, à 36 ans.  » Davidovic a entraîné le GreatOld à trois reprises. Il était sur le banc lors du miracle face à Vitosha Sofia, quand l’Antwerp, mené 1-3 à cinq minutes du coup de sifflet final, s’est imposé 4-3.  » Deux policiers se tenaient derrière le banc car j’avais reçu des menaces de mort. Ça a commencé au Beerschot et ça s’est poursuivi chez l’ennemi héréditaire, à l’Antwerp. Heureusement que nous avons battu les Bulgares ce soir-là.  »

En 1991, il a découvert l’Arabie, à Al-Wasl. Will Coerver, son ancien coach à Nimègue, y avait lancé une académie de jeunes et l’avait recommandé.  » J’ai fait mon premier speech par 45 degrés. Devant neuf joueurs. Les autres traînaient à l’intérieur et je les ai renvoyés. Après deux semaines, ils étaient tous ponctuels.  » Davidovic, qui a mis un terme à sa carrière en 2012, conserve de bons souvenirs aussi de ses aventures dans le Golfe, aux Emirats Arabes Unis et au Qatar.  » C’est au Partizan que tout a commencé mais le club que j’ai aimé le plus, c’est Al Ittihad, en Arabie saoudite. J’y suis allé six fois, avec un contrat sans cesse revu à la hausse. Nous avons battu tous les records du club et gagné huit trophées, dont la Coupe d’Asie des vainqueurs de coupes.

Je n’ai jamais eu de problèmes avec des présidents forts, pour autant que je puisse y faire mon travail, sans m’occuper d’autres aspects. Le Beerschot, par exemple, était un club fantastique mais il était malheureusement divisé. Y travailler n’était pas facile.  » En Arabie, il est arrivé qu’un cheikh, assisté d’un bataillon de conseillers, ne soit pas d’accord avec sa composition d’équipe.  » Je lui ai dit : – J’éprouve un profond respect pour vous mais vous devez aussi respecter mon travail et me faire confiance. C’est moi qui compose l’équipe. Nous avons gagné ce match de manière convaincante. Les joueurs avaient appris ce qui s’était passé via-via et ils ont joué pour moi. Il faut forcer sa chance dans un moment pareil. Si nous avions perdu, je me serais retrouvé le lendemain à l’aéroport, avec mes valises.  »

PAR GEERT FOUTRÉ

 » Je n’ai jamais eu de problèmes avec des présidents forts.  » – DIMITRI DAVIDOVIC

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire