DIEGO SIMEONE, PRESSING ET RÉFLEXION

Quelles sont vos influences en matière de coaching ?

OUAHBI : J’aime le côté rassembleur d’Ancelotti. J’aime la pertinence dans le contenu de Guardiola et l’aspect tactique de Mourinho.

FERRERA : C’est une question de période. Il y a trois ans j’aimais beaucoup le jeu offensif de Jurgen Klopp. Depuis un an ou deux, j’aime ce que propose Diego Simeone avec l’Atlético. Son ambition, ce n’est pas de casser le jeu d’en face, mais de transcender chaque joueur.

OUAHBI : J’ai oublié de le citer lui aussi. Cette grinta qu’il arrive à transmettre aux joueurs, cette envie de souffrir sur un terrain, c’est impressionnant.

FERRERA : Griezmann, qui arrive comme une princesse l’été dernier, il arrive à le transformer en guerrier en quelques mois. Tu peux être le plus grand des tacticiens, être docteur tactique (sic), si tu n’es pas capable de t’adresser à un groupe avec de l’assurance, tu n’arrives à rien. A l’inverse, tu trouveras des coaches qui n’ont pas beaucoup de contenu mais qui dégagent quelque chose de tellement fort qu’ils arriveront à faire des résultats.

Y a-t-il un système de jeu que vous préconisez ?

FERRERA : Je pense que c’est un peu dépassé de parler de 4-4-2 ou 4-3-3, l’important c’est ce que tu fais quand tu as le ballon ou quand tu le perds. Je n’irai pas non plus au casse-pipe si je vois qu’un système ne convient pas à mes joueurs. On en a essayé un en préparation et je me suis vite rendu compte que ça n’allait pas. Et on est passé à autre chose.

Vous pensez que le foot prend une bonne direction en termes de jeu ?

OUAHBI : Il y a beaucoup plus de variété aujourd’hui qu’il y a dix ans.

FERRERA : C’est l’influence du Barça et de l’équipe nationale espagnole qui a tout raflé. Même si l’Espagne joue comme ça depuis des années et des années.

OUAHBI : Avant la domination du foot espagnol, on parlait beaucoup du gars costaud, rapide. On a commencé à comprendre grâce au foot espagnol qu’il fallait être aussi rapide dans la réflexion. Et ça a sauvé beaucoup de petits gabarits.

FERRERA : Le prototype du milieu défensif grand et costaud a disparu. Même en Belgique, ça n’existe plus ou pratiquement plus.

Et même un club comme Saint-Trond essaie de jouer au foot…

FERRERA : Je n’ai pas inventé le pressing haut mais j’ai vu que ça embêtait tout le monde. Il suffit de revoir le match de la dernière Coupe du Monde où le Chili a démonté l’Espagne avec son pressing. Alors, si même l’Espagne a du mal avec le pressing, imaginez les autres.

OUAHBI : Mais il faut oser aussi. En tant que coach de Saint-Trond, dire : On va aller chercher Bruges, chapeau.

FERRERA : A partir du moment où tu joues sur un terrain synthétique et que tu engages des joueurs techniques, il faut les faire jouer, sinon ils vont se faire chier. Quand t’as des bons joueurs, tu dois produire du jeu. Si j’avais 11 bouchers, on balancerait, ce serait différent.

OUAHBI : La grande évolution dans le foot belge, c’est l’amélioration des infrastructures chez les jeunes. Ça amène inévitablement des techniciens. Il n’y a pas si longtemps, on jouait encore sur des terrains où il était interdit de poser le ballon au sol.

FERRERA : Je me rappelle d’un math au Cercle avec les U12 d’Anderlecht où on avait fait 0-0. Pendant tout le match, le coach du Cercle avait demandé à ses joueurs de dégager le plus loin devant dès qu’ils récupéraient la balle. Et à la fin du match le délégué et le coach ont sauté de joie. Je me suis dit en moi-même : les pauvres enfants, ils n’ont rien appris.

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