Diables sauce rouche

Voici pourquoi l’entraîneur de Sclessin fonce vers la succession de Vandereycken.

Charleroi, Dender (avec le premier affrontement entre Johan Boskamp et MichelPreud’homme depuis que le Hollandais a été viré de Sclessin), Genk : il n’y a plus que trois clubs susceptibles de faire chuter le Standard dans le premier tour du championnat. Les Rouches ont négocié le test anderlechtois sans trop de difficultés : sans être brillants, ils ont prolongé leur brevet d’invincibilité.

Les chances de voir un Standard invaincu à la trêve sont grandes. Et les chances de voir Preud’homme (dont le contrat expire en juin 2008) toujours sur le banc liégeois au deuxième tour ? Là, on s’avancera moins : son flirt avec l’Union Belge est de plus en plus passionné, les sous-entendus et les déclarations de rapprochement se multiplient. Preud’homme coach des Diables Rouges dans quelques semaines, cela nous paraît plus que plausible. Voici pourquoi.

Déclarations publiques

La dernière interview de Luciano D’Onofrio, parue la semaine dernière dans Het Laatste Nieuws, ne va pas dans le sens d’un séjour prolongé du coach actuel chez les Rouches :  » A partir du 1er janvier, l’Union Belge ne devra même plus nous demander l’autorisation pour discuter avec Michel. S’ils veulent le faire plus tôt, ils peuvent me contacter. Je ne suis pas demandeur mais je suis ouvert pour une discussion entre toutes les parties concernés (…) Mon frère Dominique a toujours dû attendre la fin de saison pour savoir si son contrat d’entraîneur du Standard serait prolongé. Je n’ai pas de raison de donner cette certitude à Michel en décembre (…) Si Michel me dit qu’il veut entraîner les Diables à partir de l’été prochain, je ne lui mettrai pas de bâtons dans les roues (…) Michel a tout pour devenir, tôt ou tard, un bon entraîneur fédéral « .

Preud’homme signale qu’il a envie de rester au Standard mais avoue que les Diables l’intéressent. Le problème est qu’il ne peut pas attendre le mois de mai pour se retourner, car à ce moment-là, la décision de la Fédération aura été prise depuis longtemps. Il est coincé et la commission technique de l’Union Belge donnera dès ce week-end son avis sur le travail de René Vandereycken. Le comité exécutif prendra ensuite sa décision à son égard. Comme 15 membres de la CT font partie du CE (25 membres au total), la première n’est jamais contredite par le second… Si Vandereycken saute, comme on s’y attend, la fédé partira directement à la recherche d’un successeur. Et si on le contacte, comme c’est fort probable, Preud’homme devra donner très vite sa réponse.

Tensions

Ce n’est pas un secret : entre Preud’homme et Dominique D’Onofrio, les relations ne sont plus au beau fixe depuis longtemps. A l’époque où MPH était directeur technique du Standard, et DD son entraîneur, l’ancien gardien était le plus puissant des deux. Preud’homme était le patron direct de Dominique. Aujourd’hui, c’est l’inverse puisque DD a repris le costume de DT. Mais le courant ne passe pas. Les propos négatifs de D’Onofrio sont lâchés en petit comité mais ils sortent quand même et les journalistes présents en prennent bonne note. Comme quand il fait remarquer qu’il a terminé deuxième du championnat avec une équipe bien moins douée que celle de la saison dernière mais qu’on lui a quand même jeté des mottes de terre alors que Preud’homme reste l’idole du stade.

Dans ce contexte délicat, Luciano D’Onofrio doit se définir. Il a une relation très forte avec Preud’homme mais son frère reste son frère. Et donc, il navigue entre deux eaux, ne prend franchement position ni pour l’un, ni pour l’autre.

Actes manqués

La direction du Standard a gardé en travers de la gorge trois rendez-vous manqués de la saison dernière et du début de celle-ci :

1° le match de championnat perdu à Anderlecht, avec un Standard extrêmement prudent et Milan Jovanovic sur le banc ;

2° la finale de Coupe de Belgique perdue contre Bruges, avec une tactique rouche inédite, censée surprendre les Brugeois mais qui a surtout déstabilisé les joueurs liégeois ;

3° l’élimination aux portes des poules de la Coupe de l’UEFA, par Saint-Pétersbourg, avec une compo à nouveau étonnante lors du match retour.

Il n’en faut peut-être pas plus pour qu’aux yeux de Luciano, Michel soit encore un peu court pour le top.

Relève

Si Preud’homme quitte subitement le Standard, que ce soit en fin de saison ou dans quelques semaines, le club saura lui trouver un remplaçant. Parce qu’il y a toujours de bons coaches libres sur le marché, parce que le Standard garde un pouvoir d’attraction énorme et parce que les connexions prestigieuses de Luciano D. sont innombrables. A imaginer que le patron ne trouve personne pour remplacer Preud’homme, des solutions internes sont toujours envisageables. Manu Ferrera, T2 aujourd’hui, n’est pas chaud pour une promotion mais il est sans aucun doute capable de relever le défi. Et il y a toujours la carte Dominique. Les supporters ne seraient pas heureux de son retour soudain au premier plan mais la direction n’aurait sans doute pas peur de ressortir l’argument déjà entendu :  » Nous n’avons trouvé personne, donc il reprend du service « .

Finances

L’entraîneur de l’équipe nationale est très bien payé : son salaire annuel tourne autour des 500.000 euros bruts. C’est toutefois moins que les revenus de certains entraîneurs du top de notre D1. Preud’homme gagne plus au Standard. Il faut se souvenir du contexte émotionnel très particulier de son retour du Portugal, en janvier 2001. C’était l’enfant du pays qui revenait, une aubaine pour tous les Liégeois. Mais un retour pareil se monnaie, surtout quand l’enfant avait un salaire costaud à Benfica. Luciano a donc mis le paquet, et entre-temps, la reconduction du contrat de Preud’homme s’est faite sur les mêmes bases. Une rumeur nous a rapporté une conversation récente entre L. D’Onofrio et Jean-Marie Philips, le patron de l’Union Belge. D’Ono l’aurait appelé pour lui conseiller de prendre Preud’homme chez les Diables,  » et pour l’aspect financier, on peut toujours trouver une solution « . S’il y a une solution à trouver entre le Standard et la Fédération, cela voudrait dire que Preud’homme quittera Liège avant l’expiration de son contrat, car à partir de juin, le Standard ne sera plus du tout concerné par son salaire.

Urgence

Le caractère grave et urgent de la situation de l’équipe nationale plaide pour une nomination imminente de Preud’homme comme coach fédéral. Si Vandereycken est définitivement dégommé le week-end prochain, il sera important de désigner très vite son successeur. De préférence avant le 21 décembre, date où les délégations du Groupe E des éliminatoires pour le Mondial 2010 se rencontreront à Barcelone pour établir le calendrier. Le top de l’UB veut clairement le coach du Standard, Preud’homme ne cache pas qu’il est tenté par le défi, le Standard ne s’y opposerait pas : toutes les conditions sont réunies pour que l’on fonce, il n’y a plus de quoi tergiverser.

Avec un Preud’homme qui quitterait d’office le Standard dès janvier prochain ? Une solution transitoire semble aussi possible. De janvier à juin, il combinerait les fonctions d’entraîneur du Standard et des Diables. Cela susciterait inévitablement des grincements de dents, mais l’équipe belge ne disputera quand même que des matches amicaux d’ici l’été 2008, donc les risques de conflits d’intérêts restent limités.

Bonne presse

Parmi tous les noms que l’on a cités récemment pour la succession de Vanderecyken, celui de Preud’homme est sans aucun doute celui qui rassemble plus de suffrages dans tout le pays. Il est toujours resté très populaire en Wallonie. Et en Flandre, on lui reconnaît aussi de gros atouts : son passé de gardien de Malines et de l’équipe nationale, le fait qu’il habite dans le nord du pays et ait épousé une Flamande, et son bilinguisme.

Soutien du top

Le vrai patron de l’Union Belge n’est pas son président, François De Keersmaecker, mais son nouveau CEO, Jean-Marie Philips. Et on sait qu’entre lui et Preud’homme, l’entente est très bonne. Souvenez-vous du fameux plan Preud’homme, projet de refonte de notre football qui n’a jamais été mis en oeuvre car le Liégeois a quitté la Fédération avant de pouvoir passer à l’acte. Ce plan portait le nom de Preud’homme mais avait surtout été élaboré par Philips.

Le Comité exécutif qui va devoir prendre une décision concernant Vandereycken et son successeur se compose de près de 25 membres. Certains de ceux-ci ne sont pas du tout favorables à Preud’homme. Ainsi, Antoine Vanhove reste convaincu que Vandereycken est toujours l’homme de la situation – mais il semble être le dernier à toujours le penser. Guy Lambeets, le beau-père de Marc Wilmots, pousse la candidature de son beau-fils. Georges Ingelbrecht est tenté d’offrir le poste à Jean-François de Sart mais reconnaît lui-même que l’actuel coach des Espoirs a mal négocié certains grands rendez-vous (… en 99 0-2 contre les Pays-Bas et en 2005 1-3 contre l’Ukraine !). Pour le reste, les gros bonnets semblent plutôt pro-Preud’homme : Philips, Germain Landsheere, Herman Wijnants, David Delferière. Ensemble, ils devraient avoir assez de poids pour faire pencher la balance.

par pierre danvoye – photo: belga

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