Deuxième sess’

Bruno Govers

Après un passage-éclair à Charleroi au milieu des années 90, le Hennuyer veut à présent s’inscrire dans la durée parmi l’élite.

C hrist Bruno (27 ans) ne fait pas vraiment figure d’homme neuf en D1 cette saison. Mais c’est tout comme. Car avant d’entamer le championnat 2004-2005 avec les Coalisés, le natif de Solre-Saint-Géry ne comptait, en tout et pour tout, qu’une seule apparition au plus haut niveau. Une entrée en matière qui remontait à près de dix ans déjà, à une époque où il militait encore au Mambourg.

 » C’était en tout début de campagne 1995-96 « , se souvient-il.  » En raison de plusieurs indisponibilités, dues à la fois à des blessures et des suspensions, l’entraîneur, Luka Peruzovic, m’avait inclus dans l’effectif appelé à en découdre avec Waregem. J’étais âgé de 18 ans à peine et c’était la toute première fois que je goûtais à cet honneur. Je pensais, au départ, faire office de simple réserviste. Mais à mon grand étonnement, le coach m’aligna d’emblée. Pour un match inaugural, j’étais vraiment servi puisqu’en tant que défenseur, mon adversaire direct avait pour nom Souleymane Oulare, le fameux attaquant guinéen qui allait faire fureur, par la suite, au Racing Genk. Quoique je le dise moi-même, je n’avais pas le sentiment d’être passé à côté de mon sujet à cette occasion. Malgré tout, l’équipe s’en était retournée à Charleroi sévèrement battue : 4-1. Dans ces conditions, chacun comprendra que les absents eurent tôt fait de retrouver leur statut d’incontournable. En mon for intérieur, j’espérais toutefois que cette titularisation-là en appellerait d’autres. Et c’est pourquoi je n’avais pas hésité, dans la foulée, à parapher un contrat professionnel alors qu’il me restait une année d’études à accomplir en comptabilité. Malheureusement, cette rencontre au stade Arc-en-ciel devait demeurer sans suite. Il est vrai que la concurrence ne manquait pas dans mon secteur avec Marco Casto, Alex Teklak et Fabrice Silvagni. Quand Robert Waseige débarqua chez les Noir et Blanc en remplacement de Peruzovic, il n’y eut soudain plus de place pour moi et la direction, le président Jean-Paul Spaute en tête, m’encouragea à tenter ma chance ailleurs, arguant qu’il fallait parfois reculer pour mieux sauter « .

Des Zèbres aux Dogues

Rebondir, Christ Bruno le fait dans les rangs de l’Olympic voisin où il aboutit en 1997, après deux exercices chez les Zèbres. A La Neuville, il reste finalement quatre ans, en souquant ferme sous la coupe de deux meneurs d’hommes qui l’ont tout particulièrement marqué : Nebosja Malbasa d’abord, passé lui aussi chez les Dogues en provenance du Mambourg, et Danny Ost, qui sera à l’origine encore de son transfert au FC Strombeek.

 » Au départ, j’ai accusé le coup « , observe-t-il.  » J’avais abandonné l’école avec l’espoir de faire carrière en D1 et voilà que deux ans plus tard à peine, je me retrouvais au troisième échelon de la hiérarchie. Sous l’impulsion de Neba, j’ai cependant rapidement repris le dessus. C’était un pro jusqu’au bout des crampons et malgré que les séances de préparation étaient dispensées essentiellement en soirée, en raison du caractère semi professionnel du groupe, il n’hésitait jamais à donner des séances individuelles aux joueurs soucieux, comme moi, de se refaire un jour une petite place sous le soleil de l’élite. Je lui dois beaucoup, tout comme à Danny Ost d’ailleurs. Ce sont eux, en tout cas, qui m’ont convaincu de ne jamais renoncer. Cette ténacité a été récompensée en 2002 par un accès à l’antichambre de l’élite, au FC Strombeek, après une ultime saison en D3, chez les Francs Borains. En D2, je n’étais sûrement pas le plus doué de la bande au Singel. Mais à force de persévérance, je me suis attaché, au fil des mois, à gommer certaines lacunes. Je n’ai jamais rechigné non plus à jouer là où le staff sportif le réclamait : demi défensif, back droit ou gauche, je me suis toujours débrouillé sur n’importe quelle portion du terrain. Ma récompense, ce fut mon incorporation dans le futur noyau A du Brussels après que le président Johan Vermeersch en eut pris les rênes l’été passé. Je n’oublierai jamais ses paroles au moment de la signature de mon contrat : -Va pour un an, après on verra. Cette année-ci, au moment de discuter d’un nouveau bail, mais en D1 ce coup-ci, il m’a tenu exactement le même langage. Je le lui ai rappelé et il m’a rétorqué que c’était sans doute bon signe, compte tenu du chemin que j’avais accompli entre-temps (il rit) « .

Rien à perdre

Cette saison, en dépit d’une recrudescence des difficultés liée au contexte de la D1, Christ Bruno se rend toujours tout aussi indispensable. Inclus dans l’équipe de base dès l’entrée en matière de ses couleurs contre Genk, il s’étoffe en outre de sortie en sortie. Avec, comme point d’orgue absolu pour l’instant, son but d’anthologie, sur coup franc, au Standard. Un but suivi, par ailleurs, d’un assist, toujours au départ d’une phase arrêtée, sur le deuxième but de RichardCulek.

 » Depuis l’entame de la compétition, on a fait pas mal de cas de l’enrôlement d’un back gauche « , raconte-t-il.  » Si cet enrôlement n’a pas eu lieu, je me fais la réflexion que je n’ai probablement pas démérité jusqu’ici. De toute façon, je ne me pose pas de questions à ce sujet. J’aborde chaque joute avec l’idée que je n’ai strictement rien à perdre. Comment pourrait-il en être autrement, dans la mesure où, par rapport à certains de mes équipiers mon vécu en D1 est des plus limités. Pour moi, chacun des matches que je joue constitue un examen que je m’efforce de réussir. Après une première sess’ ratée en 1995-96, j’ai à c£ur de ne pas louper la deuxième chance qui m’est offerte. Par rapport à cette époque-là, le contexte est déjà foncièrement différent. D’une part, j’ai plus de planche. D’autre part, je suis devenu aussi beaucoup plus solide mentalement. J’en suis redevable aux rudes batailles que j’ai livrées aux étages inférieurs. Elles ont à la fois forgé mon caractère et dopé ma confiance. Il y a quelques années, jamais je n’aurais osé m’avancer sur le coup franc qui m’a permis de déflorer la marque au Standard. A présent, j’ai vu que le coup était jouable et je me suis avancé sans me mettre martel en tête. Mais pour joli et précieux qu’il ait été, ce goal ne change pas grand-chose pour moi. Je sais que pour durer, je dois tout simplement être performant de semaine en semaine. C’est un challenge que je relève avec délectation, car je suis pleinement heureux d’être à ce niveau aujourd’hui. Et je veux mettre tout en £uvre pour que cette joie demeure « .

Bruno Govers

 » J’ai forgé mon CARACTÈRE DE BATTANT EN D3  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire