Deux méchants DIABLES

On se demande pourquoi l’Union Belge a décidé de payer les amendes frappant Bart Goor et Eric Deflandre. La FIFA avait respectivement infligé des sanctions de cinq et trois matches de suspension et de 6.500 et 5.000 euros d’amende aux capitaine et vice-capitaine des Diables Rouges après le dernier Espagne-Belgique de Santander. On se souvient de ce qui avait justifié l’exclusion des deux internationaux belges dans la tourmente : le premier avait craché en direction de Xavi et le second usé d’un langage grossier à l’égard de l’arbitre danois Kim Milton Nielsen.

La FIFA, soucieuse de fair-play, a très justement appliqué ses règlements à la lettre. Et comment peut-on trouver cela exagéré ? Jan Peeters, le président de l’Union Belge, a été très clair dès le début de l’affaire sur la conduite de ses deux Diables : ils étaient indéfendables. Et dès l’annonce de la peine, il ne s’est pas dit motivé du tout d’aller en appel. Moins parce qu’il craignait éventuellement une sanction plus lourde que parce qu’il était d’accord avec la sanction. Peeters est un ancien juge de la jeunesse…

Les deux joueurs ont personnellement manifesté leur velléité passagère d’aller en appel en leur nom personnel et le coach fédéral Aimé Anthuenis a pesé de tout son poids pour tenter de persuader l’Union Belge de le faire. Mais le comité exécutif a été inébranlable et c’est tout à son honneur. Car comment défendre l’image de l’autorité arbitrale en Belgique si on trouve des circonstances atténuantes aux comportements des deux Diables à Santander ? Il y a des principes avec lesquels il faut être intransigeant.

Mais on aurait préféré que l’Union Belge soit conséquente jusqu’au bout, ce qu’elle n’est pas en payant les amendes des joueurs. Avec quel argent ? Celui des cotisations des clubs, des sponsors ? L’Union Belge explique son point de vue en disant qu’elle a toujours payé les amendes récoltées par ses Diables Rouges en matches internationaux !

Elle a tort depuis toujours et ferait bien d’oublier ce principe… Car en payant les amendes, l’Union Belge scinde la sanction de la FIFA et donne clairement l’impression que les suspensions sont déjà suffisamment lourdes en elles-mêmes. Elle fait aussi passer de façon paternaliste le message qu’elle reste tout de même, aussi, derrière ses joueurs et qu’elle leur masse les épaules pour les aider à faire passer l’amère pilule.

Elle sort de son rôle ici. Si elle estime que Goor et Deflandre méritent leur sanction, elle doit aider la FIFA à la leur faire subir jusqu’au bout. Que les deux gaillards assument et on tourne la page. De toute façon, on ne veut même pas considérer l’impact totalement anecdotique des douloureuses sur la fortune des deux joueurs. Ce serait obscène.

M ichel Preud’homme, membre du comité exécutif de l’Union Belge, a plaidé pour un appel auprès de la FIFA, en arguant û comme d’autres û que la Belgique ne devait pas admettre d’être considérée comme un petit pays. Mais cet argument ne tient pas la route à la lumière de ce qui s’est passé au dernier EURO quand l’Italien Francesco Totti avait craché sur un joueur danois. L’UEFA lui avait immédiatement infligé une sanction de trois matches de suspension et la fédération italienne (pourtant un grand pays de football !) n’avait pas bronché.

L’UEFA avait très correctement motivé sa décision basée sur les images de la télé (Totti n’avait pas été exclu) par le fait que le joueur était engagé dans un tournoi de courte durée et ne pouvait être remplacé dans le noyau de Giovanni Trapattoni. Et en ce qui concerne Goor, la FIFA a infligé quatre matches de suspension plus un û automatique û pour avoir été exclu suite à deux cartes jaunes. Le Diable, lui, est engagé dans un tournoi de longue durée, espérons-le. Il pourrait reprendre avec les Diables le 7 septembre 2005 contre Saint-Marin, tandis que Deflandre serait opérationnel le 4 juin de la même année pour le match retour en Serbie & Monténégro. Et quels joueurs devraient prendre leurs places dans l’équipe d’ici là ? On verrait bien Koen Daerden et Vincent Kompany… mais c’est une autre histoire. Plus amusante !

par John Baete

QUE LES DEUX GAILLARDS ASSUMENT et on tourne la page

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