Deux increvables

Voici pourquoi les deux sours sont des championnes d’exception.

Les Américaines Serena (qui redevient n°1 mondiale à l’US Open après avoir battu Jelena Jankovic en deux sets) et Venus Williams sont des championnes d’exception. Depuis dix ans, elles marquent le tennis féminin de leur empreinte et même lorsqu’on les croit définitivement perdues pour la compétition de haut niveau, elles parviennent à revenir sur le devant de la scène, domptant la volonté des plus jeunes.

La première fois qu’une Williams a été en pole position, c’était en … 1999 quand Serena, la cadette, s’est imposée chez elle, à l’US Open. Sixième joueuse mondiale à 17 ans, elle a enchaîné les exploits, sortant Monica Seles (USA), quatrième mondiale, en quarts de finale ; Lindsay Davenport (USA), deuxième, en demi et la leader planétaire Martina Hingis (SUI) en finale… Un succès historique – une joueuse noire américaine ne s’était plus imposée à New York depuis Althea Gibson en 1958 – qui allait être suivi par sept autres sacres en Grand Chelem, Serena étant la dernière joueuse à avoir triomphé au moins une fois dans chacune des levées. De son côté, Venus, un an plus âgée que sa chère s£ur, a gagné le premier de ses sept titres majeurs en 2000, à Wimbledon. Ce qui veut dire que, de 1999 au début de l’US Open 2008, les deux Williams avaient remporté par moins de 15 tournois du Grand Chelem et n’ont terminé la saison sans succès qu’à deux seules reprises, en 2004 et 2006.

A vrai dire, elles ont été et sont toujours les joueuses de la décennie. Et n’ont partagé le gâteau qu’avec une certaine Justine Henin qui est leur cadette mais est déjà, comme chacun sait, à la retraite. A elles trois, les Williams et Henin avaient gagné, toujours avant l’édition 2008 des Internationaux US, 22 des…36 derniers tournois majeurs ! Soit presque deux tiers, c’est dire que les autres ont dû se partager quelques miettes. Il est d’ailleurs assez intéressant de remarquer que ces miettes ont le plus souvent été mangées en l’absence de l’une ou de plusieurs membres de ce trio exceptionnel.

Aidées par leur physique mais il y a plus…

Comment expliquer la longévité et la domination de ces deux s£urs ? Tout d’abord, athlétiquement, quoi que certains en disent, elles sont un cran au-dessus de toutes les autres. Venus, est longiligne et profite de la longueur de ses membres pour asséner des coups droits dont la rapidité provient de l’accélération de la boucle. Serena, utilise sa masse musculaire à la perfection et décoche elle aussi des coups droits, certes moins fluides que ceux de Venus, mais pas moins puissants. Grâce à ces mêmes armes, elles sont toutes deux, avec Davenport, les meilleures serveuses du circuit féminin, Venus parvenant régulièrement à envoyer sa première balle à plus de 200 kilomètres heure, une vitesse que beaucoup de joueurs aimeraient approcher.

A ces armes naturelles, il faut également ajouter une soif de vaincre jamais démentie et, surtout, une capacité que les Russes aimeraient bien leur voler : une sérénité totale au moment de conclure un match important. Comme beaucoup de sportifs américains de haut niveau, les Williams ne montent pas sur le terrain en ayant peur de quoi que ce soit. Elles savent qu’elles font partie des meilleures et, donc, ne doutent jamais d’elles-mêmes. Là où une Maria Sharapova (RUS) tremble comme une feuille, Venus et, encore plus Serena, vont frapper plus fort. Cette faconde en a énervé beaucoup, qui pensaient que les filles de Richard étaient prétentieuses. Il n’en était rien car connaître sa véritable valeur est nécessaire pour se maintenir au top.

L’autre force des Williams est cependant à chercher ailleurs que sur le terrain. Chaque fois qu’elles ont senti qu’elles en avaient assez de passer toute leur vie dans des avions ou des hôtels, elles ont fait un petit break (profitant parfois de blessures), cherchant dans d’autres activités des raisons de vivre une passion. A plusieurs reprises, elles se sont investies à fond, qui dans la mode, qui dans la comédie ou, ensemble, dans les affaires. Et, dès qu’elles revenaient sur le circuit, elles étaient à nouveau motivées comme aux plus beaux jours. A vrai dire, à plusieurs reprises, on a réellement cru qu’elles ne parviendraient pas à retrouver le top niveau. On se trompait. Preuve en est les victoires obtenues depuis 2007 alors que 2006 avait été une très mauvaise année pour la famille.

Jusque quand joueront-elles ? Impossible de le dire. A 27 et 28 printemps, elles sont tellement imprévisibles que nul – même pas elles-mêmes, sans doute – ne pourraient avancer la date de leur fin de carrière. Et puis, soyons francs, tant que l’opposition sera aussi inconstante que l’actuelle, elles savent toutes les deux qu’elles peuvent triompher à chacune de leurs apparitions. Elles seraient donc bien sottes de quitter le circuit aujourd’hui. Et sottes, justement, elles ne sont vraiment pas !

par patrick haumont

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