Descendez!

Du 8 au 24 février, Salt Lake City accueille les 19e Jeux Olympiques d’hiver.

Sven Hannawald, vainqueur du tournoi des Quatre Tremplins, va-t-il rééditer son exploit aux JO? Ou préférez-vous le patinage artistique, avec Michelle Kwan et Yevgeny Plushenko? Peut-être êtes-vous supporter de Georg Hackl, qui pourrait écrire une page d’histoire en bob en remportant une médaille d’or pour la quatrième fois de suite? Le Prince Albert de Monaco en sera à sa cinquième participation. Le hockey sur glace promet, car les professionnels de la NHL peuvent enfin participer à la joute olympique.

Les 19e Jeux Olympiques d’hiver proposeront de tout mais en Europe, l’attention générale se portera plutôt sur le ski alpin. Qui sont les spécialistes de la descente, du Super G, du slalom géant et du slalom? Quel est le plus polyvalent? Petit tour d’horizon.

Descente

Normalement, elle était dévolue à HerminatorHermann Maier mais il a été grièvement blessé dans un accident de la route fin août. Bilan: fracture compliquée de la jambe droite, les nerfs de la gauche touchés et une croix sur cette saison. L’Autrichien a tout fait pour braver les pronostics mais le 16 janvier, il a dû se faire une raison: il souffre encore trop et est loin de sa condition idéale. Il ne veut pas entendre parler de Salt Lake City : « Je vais en vacances dans un pays chaud, sans télévision ».

Trois Coupes du Monde au général, deux titres mondiaux, deux titres olympiques, le tout en quatre ans. Qui va assurer sa succession? Peut-être son compatriote Stephan Eberharter, son éternel dauphin. Lors des deux derniers mois, ce dernier a gagné sept épreuves de Coupe du Monde et son triomphe sur la légendaire Hahnenkamm de Kitzbühel a fait impression.

Eberharter se méfiera surtout de ses coéquipiers, les champions du monde Hannes Trinkl, Christian Greber ou Fritz Strobl, et de l’Américain Daron Rahlves, peut-être sublimé par son public. La descente olympique est tracée selon ses voeux. La piste Grizzli de Snowbasin a été dessinée par le Suisse Bernard Russi, champion olympique en 1972. C’est une sorte de rodéo: elle est courte, raide et remplie de bosses. Idéale pour des techniciens comme Rahlves. Seuls les Américains ont d’ailleurs pu s’entraîner sur cette piste. Les épreuves de Coupe du Monde programmées la saison passée ont été annulées à cause du mauvais temps.

Deux grandes dames effectuent leurs adieux: Pernilla Wiberg et Picabo Street. La Suédoise compte quatre titres mondiaux, deux olympiques et elle a gagné la Coupe du Monde générale en 1997. Mais 13 ans et autant d’opérations au genou lui suffisent. Comme Picabo Street. L’Américaine a surmonté trois graves blessures. Elle a remporté l’argent dans la descente olympique de 1994 et l’or au Super G de 1998. Toutefois, on se dirige plutôt vers une lutte entre Isolde Kostner et Hilde Gerg.

Super G

Stephan Eberharter est aussi l’homme à battre en Super G, une discipline faite pour les skieurs rapides mais plus courte et plus technique que la descente. L’épreuve n’est reprise au programme olympique que depuis 1988. Eberharter pourrait être le premier à gagner la descente et le Super G.

« J’ai gagné tant d’épreuves cette année que je suis délivré de toute pression ». Daron Rahlves a été sacré champion du monde de la discipline la saison passée, dans l’antre du loup, ce qui lui a valu le surnom d’ Austrian Nightmare. A retenir aussi, le Suisse Didier Cuche, sur le podium des quatre Super G de la saison. A Nagano, il avait obtenu l’argent.

Côté féminin, Hilde Gerg est favorite. Polyvalante, l’Allemande a gagné quatre courses, en Super G et en descente, en décembre et janvier. En 1998, elle a remporté l’or au slalom olympique. Suite à une fracture du tibia en février 2000, elle ne supporte pas les nouveaux skis courts et s’est tournée vers la vitesse. Elle conserve une plaque de 30 centimètres dans la jambe. Déprimée par ses piètres résultats, Gerg (26 ans) a failli arrêter l’année dernière mais sa médaille de bronze au Mondial lui a rendu courage.

« C’est fou: cette saison, j’ai atteint davantage que ce dont je rêvais pour l’ensemble de ma carrière ».

Slalom géant

Didier Cuche (22 ans) a attendu son premier succès pendant quatre ans. Le slalom géant d’Adelboden, devant son public, lui a réussi. Il a dédié son triomphe à son compatriote Silvano Beltrametti. Le 8 décembre, celui-ci a été victime d’un crash à Val d’Isère et est resté paralysé.

Cuche attribue une part de son succès à un autre coéquipier, Michael Von Grunigen. Celui-ci va regretter ses duels avec Hermann Maier. Ces six dernières saisons, les deux hommes se sont partagés le slalom géant, gagnant chacun trois Coupes du Monde. Ils se sont aussi partagé huit des neuf victoires la saison passée. Maier aurait défendu son titre face à Von Grunigen, champion du monde en titre. Médaille de bronze en 1998, il en est à ses quatrièmes JO. Il doit se méfier du Français Frédéric Covili, étonnante médaille de bronze au dernier Mondial, avec un centième d’avance sur Maier.

Sonja Nef, l’Autrichienne Michaela Dorfmeister et quelques Scandinaves se disputereont le titre. Nef (29 ans) ne manque pas de talent mais elle a les nerfs fragiles et six opérations au genou l’ont freinée. Grâce à un psychologue du sport, la Suissesse se maîtrise mieux. La saison passée, elle a gagné six slaloms géants sur huit et le titre mondial. Son succès éventuel sera aussi celui de l’Autriche: Nef y habite, son entraîneur et son petit ami sont autrichiens et elle a un fanclub local.

Slalom

L’épreuve des techniciens; comme Bode Miller ou Ivica Kostelic. Miller (24 ans) est le grand espoir américain. Suite à sa première victoire en slalom géant en décembre, Miller s’est autoproclamé nouveau héros du ski, tout en gagnant trois autres épreuves. Il est parfois victime de son style « tout ou rien ».

Le Croate Ivica Kostelic, frère aîné de Janica, est de la même trempe. Il a subi cinq opérations au genou depuis 1998 mais le premier slalom de Coupe du Monde à Aspen lui a fait oublier ses maux. Il a gagné alors qu’il avait le dossard 64. Il est en tête de la Coupe du Monde en slalom.

Sa soeur rêve également. Agée de 20 ans, Janica a survolé la saison passée avec huit victoires d’affilée. A son retour à Zagreb, elle a reçu 1.256 roses, une fleur par point obtenu en Coupe du Monde. Elle a déçu au Mondial, terminant cinquième. Le slalom fait trinquer les genoux: durant l’été, elle a été opérée à trois reprises.

La lutte sera passionnante. La championne du monde, Anja Paerson, a la meilleure technique. Elle a gagné trois slaloms de suite cette saison mais le style de la Suédoise est si agressif qu’elle n’atteint pas toujours l’arrivée.

L’Américaine Kristina Koznick et la Française Laure Pequegnot sont impressionnantes. Pequegnot a ouvert la saison avec une première victoire en Coupe du Monde, victoire dédiée à sa compatriote Régine Cavagnoud, décédée en octobre des suites d’une collision avec un entraîneur allemand, à l’entraînement.

Combiné

Une descente et deux manches de slalom en un jour, voilà le programme, réservé aux plus polyvalents, comme le Norvégien Kjetil Andre Aamodt. Depuis ses débuts en 1987, il a remporté des médailles dans toutes les disciplines. Il compte 15 podiums, Jeux et Mondiaux confondus. Il a réalisé une première l’an dernier en étant sacré champion du monde de combiné pour la troisième fois de suite. Il compte également s’attaquer à la descente de Salt Lake City.

Qui dit Aamodt, dit aussi Lasse Kjus. Ils ont progressé de concert et se connaissent. Kjus a accumulé les trophées et on se souvient surtout de ses cinq médailles au Mondial de 1999. Une dans chaque discipline, donc, et une mieux que Zurbriggen, Jean-Claude Killy ou Toni Sailer. Bien qu’une sinusite chronique lui joue des tours, il est toujours présent aux grands rendez-vous.

Les Autrichiennes Renate Goetschl et Michaela Dorfmeister sont concurrentes. Toutes deux sont rapides -elles briguent des médailles dans les épreuves de vitesse et ont chacune un titre mondial en descente- et savent limiter les dégâts en slalom. Toutefois, les Jeux ne réussissent pas à Goetschl: en 1994 et en 1998, elle a échoué en descente comme en combiné.

Inge Van Meensel

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