Des départs & un divorce

Les vraies raisons qui ont poussé Wilmots à se séparer de certains de ses collaborateurs.

L’équipe nationale aura donc vécu une année pleine. Avec un avant-Mondial centré sur la passion et l’émotion et un après plus électrique. Récemment encore, Dag Allemaal offrait une tribune aux gens évincés par Marc Wilmots en cours de route et proposait l’image d’un sélectionneur omnipotent. Pourtant, la réalité est plus nuancée. Chaque éviction – il n’est pas correct de parler de licenciement à partir du moment où ces personnes n’étaient pas des employés de l’Union Belge mais recevaient un contrat par jour de travail presté : leurs services étaient donc loués ! – répondait à une raison objective pour certains, subjective pour les personnes concernées, mais recevable pour tout le monde. En aucun cas, on ne peut parler d’écartement abusif.

Prenons le cas du chauffeur du bus, dont le comportement ne plaisait pas aux joueurs, irrités de se voir harceler pour obtenir des maillots.

Même chose pour le cuisinier, Wim Casteleyn, légitiment déçu de ne pas vivre son rêve de Coupe du Monde. D’après nos sources, celui-ci, le succès des Diables Rouges aidant, avait voulu surfer sur la vague, négociant un contrat d’exclusivité avec une société de management. Pas de problème jusqu’au moment où la société a voulu vendre des produits et livres de recettes siglés au nom de  » Wim Casteleyn, cuisinier des Diables Rouges « . Or, la marque  » Diables Rouges  » ne peut être utilisée que par l’Union Belge, qui a donc décidé de tancer Casteleyn, obligé de faire marche arrière.

Mais ce n’est pas l’unique raison de son départ. Selon un membre de la Fédération, l’Union Belge a peu apprécié la liste énorme d’aliments demandés par Casteleyn pour partir au Brésil. La plupart de ces aliments étaient disponibles, à un coût moindre, sur place. Casteleyn le savait puisqu’il avait effectué des voyages de repérage au Brésil. Alors pourquoi cette liste énorme ? Ultra-prévoyance ou volonté de se fier à des sociétés belges ?  » Le Brésil, ce n’est pas la Belgique « , se défend Casteleyn.  » Je n’ai rien fait de mal et rien à me reprocher. Après 14 ans, on m’a juste dit qu’il n’y avait plus de place pour moi « .

Le divorce Maesschalck-Wilmots

Dernier départ en date : Lieven Maesschalck. Entre Wilmots et Maesschalck, tout s’est déréglé petit à petit. Pourtant, au départ, une vraie amitié lie les deux hommes. Le premier couac apparait peu avant le départ pour le stage en Suède. Disposant des pleins pouvoirs pour la composition du staff médical, Maesschalck propose à Wilmots d’ajouter un ostéopathe. Réticent pour la simple et bonne raison qu’un des kinés en place dispose déjà d’une spécialisation en ostéopathie, Wilmots se serait laissé finalement persuader. Frédéric Van Burm débarque alors au stage en Suède.

Assez vite, cela ne fonctionne pas entre lui et Wilmots, qui doit une première fois le remettre à sa place, lui reprochant d’avoir interrompu une séance d’entraînement et obligé Adnan Januzaj à retirer son maillot pour le soigner.

Mais le point de rupture est atteint en fin de stage. Le dernier jour, Wilmots offre quartier libre à ses joueurs et à son staff, fixant une heure limite de retour à l’hôtel. Plusieurs sources nous ont confirmé que Wilmots aurait attendu dans le lobby de l’hôtel, en compagnie de Serge Borlée, et aurait remarqué que Van Burm n’avait pas respecté l’horaire. A quelques jours du Brésil, le sélectionneur a immédiatement perçu une menace pour l’esprit de groupe.

Wilmots aurait alors demandé illico presto à Maesschalck de lui signifier son congé. Wilmots lui annonce également qu’il va le remplacer par un ostéopathe qu’il connait bien.

Pour Maesschalck, c’est une gifle. Non seulement, on renvoie son protégé mais en plus, on désigne un remplaçant sans son aval. C’est la première fois que Wilmots marche sur ses platebandes mais pour lui, c’est une fois de trop.

Lors du retour en Belgique, à Knokke, où les Diables Rouges terminent leur préparation avant le départ pour le Brésil, Maesschalck tempête et ne décolère pas. Il faut l’intervention du docteur De Clercq pour le calmer. Wilmots n’apprécie pas ce comportement et lui aurait lancé :  » Pour une personne, tu fous le bordel ?  » Mais il sait qu’il a besoin de ce kiné, devenu si populaire après la diffusion du documentaire Les Diables au coeur.

Rupture consommée

Pour partir au Brésil, Wilmots opte donc pour Dimitri Lowette, qui dispose d’un diplôme de kiné, avec des spécialisations en ostéopathie, bandages et en acupuncture. Rapidement, Maesschalck le voit comme un concurrent et lui mène la vie dure pendant toute la Coupe du Monde. Entre Wilmots et Maesschalck a véritablement débuté une guerre de pouvoir avec Lowette au milieu du jeu de quilles. Le reste du staff subit également les dommages collatéraux.

De plus, durant la Coupe du Monde, à plusieurs reprises, la composition de l’équipe est connue par les médias avant l’officialisation. Wilmots soupçonne son kiné, sans réelle preuve. Au retour de la Coupe du Monde, il a un entretien avec Maesschalck lors duquel tout est mis à plat, chaque partie décidant de faire son mea culpa.

Pourtant, la rupture est consommée. Le dernier acte intervient avant le début des éliminatoires. Selon un membre de la Fédération, l’Union Belge est prévenue par mail, par la femme de Maesschalck, que celui-ci ne sera pas présent pour le match contre Andorre mais bien lors du déplacement en Bosnie. Or cela ne cadre pas du tout avec le mode de fonctionnement du sélectionneur. Pas question pour Wilmots qu’un membre du staff brosse la moitié du programme. Il le lui fait savoir : c’est tout ou rien.

Maesschalck ne l’entend pas de cette oreille et tente de forcer la décision. Son service de communication envoie un mail à celui de la Fédération les prévenant qu’il va confirmer par tweet sa présence lors du déplacement en Bosnie. L’Union Belge parvient à l’en dissuader mais pour Wilmots, la ligne rouge est franchie. Il ne reste plus qu’à communiquer la fin de la collaboration entre les deux hommes. Elle tombera le 28 octobre. Wilmots attend de ses collaborateurs fidélité, discrétion et respect des règles établies par lui. Toute une série de choses qui ne cadraient plus avec les libertés prises par Maesschalck. Sa présence dans les médias et le fait qu’il communique sur les blessés irritaient particulièrement le sélectionneur et son staff.

Si la collaboration se termine, les ponts entre les deux hommes ne sont pas rompus, le tweet de félicitation de Maesschalck à Wilmots lors de la remise du prix Raymond Goethals en atteste. Les deux hommes n’excluent d’ailleurs pas de travailler ensemble ultérieurement. Contacté par nos soins, Marc Wilmots n’a pas voulu faire de commentaire. Quant à Maesschalck, il a affirmé, via son attaché de communication  » vouloir respecter l’accord de confidentalité conclu avec Steven Martens. « 

Reste que sur tous ces dossiers, Wilmots a été envoyé en première ligne. Dans les médias, c’est lui qui est passé pour le décideur ultime. Or, les dirigeants de l’Union Belge connaissaient parfaitement les tenants et aboutissants. Pourquoi ne pas l’avoir protégé en assurant la communication et la responsabilité de ces départs ? Sans doute une manière de dire à Wilmots :  » Tu as voulu le premier rang, à toi de prendre le vent en cas de tempête !  »

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTOS: BELGAIMAGE

 » Maesschalck a essayé de forcer sa présence en Bosnie par un tweet. L’Union Belge a réussi à l’en dissuader.  »

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