Des avis autorisés

 » A Charleroi, Enzo avait été propulsé à la tête de l’équipe dans un contexte délicat  » (Lucien Gallinella)

LucienGallinella, ancien rédacteur en chef de LaGazettedesSports, s’est lié d’amitié avec Scifo depuis de longues années.

 » A Charleroi, Enzo avait été propulsé à la tête de l’équipe dans un contexte délicat, suite au licenciement de ManuFerrera « , se souvient-il.  » Pour une question d’économie de salaires, cela arrangeait bien la direction qu’il prenne les rênes de l’équipe. Ce n’était pas un cadeau, mais pour un début, je trouve qu’il ne s’est pas trop mal débrouillé, d’autant qu’il n’a pas toujours été aidé par les gens qui l’entouraient. Depuis qu’il a embrassé le métier d’entraîneur, il doit faire face à des préjugés. J’ignore pourquoi, mais beaucoup de personnes ne le considèrent pas taillé pour ce job. Il ne répond pas, selon ses détracteurs, au profil de l’entraîneur-type. Moi, je dirais que c’est un homme plein de bon sens, correct et généreux, qui ne triche pas. Ce sont des qualités que les footballeurs professionnels apprécient. Par rapport à ses débuts à Charleroi, je trouve Enzo plus serein. Il a toujours gardé une certaine distance par rapport aux événements, mais aujourd’hui il est moins stressé. PhilippeDufermont a posé un geste extraordinaire en lui tendant une perche. Enzo l’a saisie comme un cadeau du ciel. Il ne s’y attendait pas du tout, et comme il est tout sauf ingrat, il donnera le maximum pour être à la hauteur. Ces premiers bons résultats, qui font suite à une bonne fin de championnat 2007-2008, vont instaurer une confiance entre lui et ses joueurs. Mouscron ne déplore pas de blessés, c’est aussi le signe que la préparation a été bien gérée. Le chemin est encore long, et il faudra confirmer, mais Enzo est en train de prouver qu’il peut devenir un excellent entraîneur.  »

 » Tubize était trop amateur pour lui « (Louis Derwa)

LouisDerwa, le manager de Tubize, est aussi l’avocat de Scifo. Il le connaît donc très bien.

 » Je ne suis pas d’accord avec ceux qui affirment que les deux premières expériences d’Enzo comme entraîneur s’étaient soldées par des échecs « , lance-t-il d’emblée.  » A Charleroi, il a dû travailler dans un club en pleine mutation, où le climat était un peu pourri. A Tubize, il a abandonné son costume de directeur technique pour enfiler le survêtement d’entraîneur après le départ de PatrickWachel. Il l’a fait pour dépanner, il n’était pas demandeur. Il devait simplement terminer la saison, et finalement, l’expérience s’est poursuivie. C’est lui qui, pour la première fois, a hissé Tubize à la première place de la D2, même si cela n’a duré qu’une journée. A cinq matches de la fin, il ne lui manquait qu’un ou deux points pour accéder au tour final. Il ne les a malheureusement jamais obtenus. Enzo a été confronté à un monde qui n’était pas le sien lorsqu’il était joueur : le monde amateur, où la moindre altercation à l’entraînement prend des allures de tragi-comédie alors que dans les grands clubs c’est monnaie courante. Un monde où il faut tout gérer, de l’aspect médical à la logistique, alors que lorsqu’il était joueur, il devait simplement se présenter au stade pour l’entraînement. Cela faisait beaucoup de paramètres à maîtriser, pour le jeune entraîneur qu’il était. Par rapport à cette période-là, il a gagné en expérience. Il a compris certaines choses, aussi. Il a appris à gérer son groupe au quotidien. Aujourd’hui, je le trouve apaisé, serein. Il a vécu des expériences dans des pays comme la France et l’Italie, côtoyé des entraîneurs réputés comme ArsèneWenger et GuyRoux qui peuvent être des sources d’inspiration. Compte tenu de son passé exceptionnel, il a toujours eu une relation un peu particulière avec les joueurs qu’il dirige, mais lui-même est toujours resté très modeste par rapport à tout cela. Il sait très bien que tous ses joueurs ne peuvent pas être aussi doués qu’il l’était lui-même. On lui a parfois fait un mauvais procès. Contrairement à ce que certains pensent, c’est un homme très humble, très à l’écoute des autres également. Il sait qu’il a encore beaucoup à apprendre dans le métier d’entraîneur. Mais je constate que les joueurs avec lesquels il a travaillé en ont généralement gardé un bon souvenir.  »

 » Il a toujours su ce qu’il faisait  » (Benoît Roul)

BenoîtRoul, ancien directeur général de l’Excelsior devenu simple administrateur, a vécu aux côtés d’Enzo depuis son engagement, fin décembre 2007.

 » Je fais partie de ceux qui ont toujours cru en Scifo « , dit-il.  » Je ne me permettrai pas d’émettre un jugement technique, car je n’ai aucune expérience footballistique, mais les statistiques m’apprennent que les anciens joueurs qui ont eu une carrière exemplaire sont souvent devenus de très bons entraîneurs. Je n’en veux pour preuve que la réussite de MichelPreud’homme, qui a réussi au Standard ce que ses prédécesseurs avaient tenté en vain pendant 25 ans : conquérir le titre. J’ai toujours su qu’Enzo pouvait nous apporter son approche du métier, son coaching, son regard. Ses débuts à Mouscron ont été laborieux, mais il savait ce qu’il faisait. Ses premiers mois coïncidaient avec une phase d’observation. Je constate qu’il a très bien cerné les lacunes de l’équipe. On y a remédié durant le mercato de janvier. Il fallait simplement lui laisser un peu de temps. On n’a pas toujours été tendre avec Enzo. Il y a quelques mois, certains tiraient encore sur lui à boulets rouges. Je trouvais que ces critiques n’étaient pas très objectives. Enzo lui-même est toujours resté très serein face à cela. S’il a changé en neuf mois ? Non, il est resté le même. C’est le regard qu’on lui porte qui a changé. Si l’on brûle très vite ce que l’on a adoré, l’inverse est vrai également.  »

 » Il correspond mieux aux joueurs que Brys  » (Bernard Decabooter)

Bernard Decabooter :  » Enzo est toujours resté le même, avec ses principes. Les relations avec les autres membres du staff se sont simplement un peu modifiées, à mesure qu’une confiance mutuelle s’installait. Enzo est attentif aux avis de chacun, même si c’est lui qui tranche en dernier recours. Lui et moi, nous nous voyons chaque matin pour comparer ce que j’avais envie de faire avec ce que lui-même avait envisagé. Un débat s’installe, et généralement, on trouve un consensus. Au début, la préparation physique s’effectuait souvent sans ballon parce que cela permettait de mieux cibler les objectifs, mais aujourd’hui, on essaie de plus en plus d’inclure des éléments de travail physique dans les exercices avec ballon, afin de rendre la préparation plus ludique. Enzo observe beaucoup, alors que GeertBroeckaert est plus porté sur la rigueur et la qualité de l’exécution. FranckyVandendriessche apporte aussi son point de vue, lorsqu’il s’agit de la préparation physique des gardiens. L’approche d’Enzo correspond peut-être davantage au métier de footballeur que celle de MarcBrys : il y a des temps forts durant la semaine et des périodes de relâchement. L’Anversois voulait une concentration maximale durant huit heures par jour. Scifo a débarqué à Mouscron durant une période où les joueurs étaient un peu perturbés : après un bon début de championnat, ils avaient traversé un énorme creux dont les raisons demeurent, aujourd’hui encore, mystérieuses. Tous les tests étaient bons. Il a pourtant dû se passer quelque chose pour que l’équipe flanche à ce point, mais quoi ? Aujourd’hui, le climat est plus serein et cela se ressent : même les réservistes sont de bonne humeur.  »

 » Il délègue et fait confiance aux spécialistes  » (Francky Vandendriessche)

Francky Vandendriessche confirme :  » Scifo est effectivement très différent de Brys. Mais à quoi bon parler du passé ? Ce que je peux dire, c’est qu’Enzo me surprend agréablement. Au départ, j’avais des doutes également, mais ils ont été rapidement effacés. Son point fort, c’est qu’il sait très bien corriger le groupe. Il a un très bon feeling, il sent très bien les moments où il doit serrer la vis ou au contraire relâcher la bride, les jours où les joueurs ont besoin d’entraînements intensifs ou au contraire plus légers. C’est sans doute dû au fait qu’il a lui-même été joueur. Dans ce domaine-là, son vécu constitue un avantage incontestable. Mais il a aussi réalisé beaucoup de progrès depuis janvier, surtout dans la manière de transmettre son message. Entre la connaissance théorique du football et l’art de transmettre cette connaissance aux autres, il y a parfois de la marge, mais Enzo est en train de franchir ce cap. Ce que j’apprécie également beaucoup chez lui, c’est qu’il respecte le travail de ses adjoints. Il sait déléguer les responsabilités et fait confiance aux autres entraîneurs pour les domaines où ils sont spécialisés. C’est un vrai travail d’équipe.  »

 » Il a l’étoffe d’un tout grand  » (Geert Broeckaert)

Geert Broeckaert est admiratif vis-à-vis de Scifo  » J’ai déjà côtoyé beaucoup de bons entraîneurs au cours de ma modeste carrière, mais je peux dire qu’Enzo deviendra un tout grand. Il gère très bien son groupe, a une vision très précise du football, sait où il veut arriver. Il a envie de tout savoir, à la fois sur sa propre équipe et sur l’adversaire. Je ne le connaissais que de réputation avant son arrivée à Mouscron. On a donc fait connaissance, on a échangé nos points de vue respectifs et on a pris le meilleur de chacun. On travaille ensemble depuis le mois de mars – NDLR : Broeckaert, qui a pris un congé sans solde dans l’enseignement, a rejoint le staff de l’équipe Première plus tard – et je ne peux que me louer de cette collaboration. Enzo ne cesse de me surprendre dans le sens positif, que ce soit sur le plan sportif ou sur le plan humain. Au départ, il ne connaissait pas les joueurs qui composaient le groupe de l’Excel. Je l’ai un peu aidé à les découvrir. On discute énormément : avant, pendant et après les entraînements. C’est un passionné, un fou de foot, comme moi. On forme un duo très complémentaire : lui un peu plus calme, moi un peu plus impulsif ; lui plus technique, moi plus physique. Un quatuor très complémentaire, car je m’en voudrais de ne pas y associer Francky et Bernard. C’est un travail d’équipe. Le temps où un entraîneur pouvait tout gérer seul, comme à mon époque, est révolu. A Mouscron, on a trouvé un équilibre, dans l’équipe mais aussi dans le staff. Cela se reflète même au niveau des transferts : il y avait un temps où l’on achetait sans réfléchir. Cet été, toutes les acquisitions ont été très pensées. Oui, je peux dire que beaucoup de monde s’est trompé à l’égard d’Enzo. Certains ont eu la critique facile : avant de le juger, il aurait fallu tenir compte des conditions dans lesquelles il a dû travailler à Charleroi et à Tubize. Je peux vous assurer qu’à Mouscron, il peut compter sur le soutien loyal de tout le monde. C’est bien la moindre des choses. Qui, en Belgique, peut se targuer d’avoir réalisé une carrière comme la sienne ? »

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