Dernière chance

L’ancien international est parti suivre un traitement naturel dans son pays d’origine. En cas d’échec, ce sera la fin de carrière.

Mardi dernier, GordanVidovic est allé passer une résonance magnétique chez le Dr Declerck à Anvers. Il en est ressorti quelque temps plus tard, avec de bonnes ou de mauvaises nouvelles ?  » Bah ! 50/50… « , grommelle-t-il dans ce langage qui lui appartient. Entendez par là qu’il ne sera pas opéré, mais qu’à part cela, les perspectives ne sont pas trop réjouissantes. Il marche normalement, n’a pas l’air de trop souffrir mais on le devine tracassé malgré tout. On le serait à moins.  » Alwaysthatknee ! Bullshit !  »

Toujours le même genou, en effet. Ce n’est pas pire qu’avant, mais certainement pas mieux. Comment est-ce arrivé ? Bêtement, comme toujours. Lors du match amical contre les Israéliens du Maccabi Petah Tikva, voici deux semaines, il a chuté et un adversaire lui est retombé sur le genou. Evacué, l’ancien international n’est plus réapparu sur le terrain. D’aucuns craignent d’ailleurs qu’il ne foulera plus jamais une pelouse de D1.

GeorgesLeekens n’est pas loin de partager cet avis.  » Les miracles, cela existe, mais ils ne se reproduisent pas à répétition. On verra le diagnostic qu’établira le médecin qu’il est parti consulter dans l’ex-Yougoslavie. Mais, personnellement, je ne suis pas très optimiste. J’ai pris connaissance de son dossier, mais je ne tiens pas à dévoiler des secrets médicaux. On sait que son genou est en mauvais état. Il n’a plus de ligaments croisés et, maintenant, le cartilage a été touché. J’ai peur qu’une décision douloureuse doive être prise « .

JeanLucMassin, l’un des kinés de l’Excelsior Mouscron û celui qui a réceptionné les résultats des examens pratiqués par le Dr. Declerck et qui a traité le joueur, se veut plus optimiste.  » En fait, je ne peux pas me prononcer pour l’instant « , précise-t-il.  » Lorsque Vido répond que c’est du 50/50, c’est vraiment cela. Déjà, lorsqu’il avait été opéré une première fois, on ne lui donnait qu’une chance sur deux de rejouer. Lorsqu’il était remonté sur le terrain, son genou s’était remis à gonfler et il avait dû être réopéré pour être nettoyé. Cela n’avait pas changé grand-chose. Vido appréhendait la résonance magnétique. Il redoutait le pire, qu’on ne lui a pas annoncé : le Dr Declerck a estimé que, cette fois, l’opération n’était plus nécessaire. La gravité des lésions n’est pas supérieure à ce qu’elle était avant l’accident d’il y a 15 jours. C’est le point positif. S’il avait dû être réopéré, je pense qu’on pouvait conclure, dès à présent, à la fin de carrière de Vido : le joueur n’avait plus envie de repasser par toutes les étapes de la revalidation. Ce ne sera pas le cas, heureusement. Il n’empêche que le cartilage est abîmé et qu’il y a de l’arthrose. Vido est capable de marcher droit, mais lorsqu’on met en jeu les parties externes de son genou, il souffre terriblement. Maintenant, on verra ce que donnera le traitement qu’il suivra dans son pays d’origine. C’est un traitement naturel, qui a déjà été appliqué avec succès à d’autres footballeurs, basketteurs et athlètes, et dont je ne suis pas spécialiste. Je peux donc difficilement me prononcer sur les chances de réussite. Vido lui-même est en tout cas parti en étant très optimiste « .

Lorsque le destin s’en mêle

Georges Leekens connaît bien Gordan Vidovic. C’est lui qui l’avait fait venir du FC Cappellen, en 1995. Lui, aussi, qui avait fait de cet avant-centre de formation, un défenseur. Lui, également, qui en a fait un international. Fidèle à lui-même, Vido a quitté les Diables Rouges au moment où LongCouteau a quitté la fédération. L’ironie du sort veut que, peut-être, l’ancien international soit obligé de mettre un terme à sa carrière au moment où son entraîneur fétiche revient au club.

Leekens :  » C’est possible. Lorsque le destin s’en mêle… Je l’ai toujours apprécié. Lorsqu’on le connaît bien, c’est un garçon fantastique. Mais il est introverti et n’a pas toujours été bien compris par tous. Mentalité, caractère, intelligence : voilà ses principales caractéristiques. Il se savait limité mais, dans le championnat de Belgique, il peut se rendre très utile. Au début, j’ai parfois dû le forcer à travailler et il s’est fait violence. Il n’a jamais reçu le moindre cadeau. Et surtout pas en Belgique. Il a toujours répondu sur le terrain. On a prétendu que je l’avais protégé. C’est faux : il a été soumis à un régime bien plus strict sous ma direction que sous celle d’autres entraîneurs. Mais il l’a toujours accepté. Avec lui, point n’est besoin de longs discours. Lorsque je lui ai demandé de se reconvertir d’attaquant en défenseur, un quart d’heure de discussion a suffi. Il est devenu international. Cela n’a pas été facile non plus. Il connaissait la mentalité qui régnait en Belgique et savait qu’on n’allait rien lui pardonner. Les immigrés ne sont pas toujours bien acceptés, LuisOliveira pourrait en témoigner également. Mais, pour Vido, le football a toujours constitué un défi, et il l’a souvent relevé avec bonheur. Il a su gagner le respect de ses partenaires, à défaut de celui du public et de certains journalistes. Il a disputé la Coupe du Monde 1998, avec LorenzoStaelens comme partenaire dans l’axe de la défense. Lorsqu’il a été invité à prendre place sur le banc, il n’a pas rechigné. Déjà, à l’époque, son genou n’était pas à 100 %, et lorsqu’il était obligé de jouer tous les trois jours, c’était trop. Je pense qu’il a arrêté sa carrière internationale à temps. Il ne m’a jamais déçu. Compte tenu de ses capacités, il a eu une belle carrière « .

Il était très affûté

A 35 ans, depuis le 23 juin, Vido aura-t-il la force et la volonté de fournir les efforts nécessaires pour revenir une nouvelle fois ?  » Ce n’est pas la volonté qui lui manque « , estime Leekens.  » Il l’a déjà démontré précédemment, en revenant après une saison catastrophique. Et l’âge n’a pas d’importance : c’est dans la tête que cela se passe. Certains joueurs de 35 ans affichent une mentalité supérieure à certains joueurs de 20 ans. Mais on ne peut pas lutter contre le destin. Lorsque les blessures vous empêchent de pratiquer votre métier, il faut parfois renoncer « .

La saison dernière, Vidovic avait disputé dix rencontres de championnat. Un but, un assist, un carton jaune. C’est peu. Déjà, son genou lui avait joué des tours. Mais, cette année, il était bien revenu.  » Il avait effectué une très bonne préparation « , confirme Leekens.  » Il y a longtemps que je ne l’avais plus vu aussi affûté. Il avait perdu du poids, était très motivé. Il s’était affirmé vis-à-vis du groupe et avait déjà fait taire une partie de ses détracteurs. A certains moments, il était le meilleur homme sur le terrain dans les matches amicaux. Lorsqu’il a dû abandonner ses partenaires, contre le Maccabi Petah Tikva, on a vu la différence : l’équipe avait perdu son organisation. Désormais, il faudra se débrouiller sans lui. J’espère me tromper, mais j’ai mes doutes sur ses capacités à retrouver toutes ses facultés « .

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