Agée de 34 ans, elle a été la figure de proue du volley belge pendant des années. La saison passée, elle avait déjà annoncé ses adieux et organisé une fête avec Kato Snauwaert, avant de se laisser convaincre de rempiler. Maintenant, elle met fin à sa carrière, sans fête, donc.

Pourquoi arrêtez-vous?

Anja Duyck : Nous pensons agrandir la famille. Je pourrais continuer mais je me fatigue plus vite, et mentalement aussi, je suis lasse. Malgré tout, j’aurais encore été utile à l’équipe.

Ne songez-vous pas à une autre fonction, comme celle d’entraîneur?

Peut-être… Sacha m’y incite. De toute façon, je suis toujours mon instinct. On verra bien.

Vous avez combiné le volley avec vos études puis votre emploi d’assistance en architecture. N’était-ce pas trop lourd?

La combinaison sport études l’était, surtout que nous nous entraînions trois fois par semaine, à Torhout. A mes débuts en D1, seules les étrangères étaient professionnelles. Je ne pense pas que beaucoup de joueuses puissent actuellement combiner travail et volley en D1. Se lever à six ou sept heures pour rentrer entre 11 h et minuit, c’est dur. On n’a pas de temps pour soi-même. Encore faut-il avoir un employeur compréhensif, surtout quand vous vous produisez en Coupe d’Europe.

Le volley est-il différent en Wallonie et en Flandre?

Dore Wellens avait parfaitement organisé Herentals: paiements ponctuels, deux ou trois kinés, un médecin… Quel qu’eût été mon club suivant, l’adaptation aurait été difficile. Charleroi était radicalement différent. Les gens y sont plus chaleureux. Ils vous encouragent même quand vous jouez mal et après le match, c’est la fête. éa me plaît. J’ai besoin de m’amuser. D’un autre côté, il faut accepter qu’il y ait moins de rigueur. Disons que la mentalité est plus latine. Jamais pro

Vous n’avez jamais été professionnelle, vous ne vous êtes pas expatriée. Vous ne le regrettez pas?

J’ai eu quelques offres de l’étranger. En général, elles n’amélioraient pas nettement ma situation financière. Vivre seule pour le volley pendant dix mois n’en valait pas la peine. Non que j’aurais souffert de la solitude car vous pouvez m’envoyer n’importe où et au bout d’un mois, je tirerai mon plan et je connaîtrai des tas de gens, mais j’avais un travail ici. L’offre de Cannes était tentante mais j’aurais été sportive professionnelle et maintenant, je devrais chercher du travail.

En 1996, vous avez cependant tout essayé pour être transférée au Japon.

J’ai envoyé la cassette de mon meilleur match mais ça ne suffisait pas. Ils ont enrôlé une internationale néerlandaise. J’ai pâti de la faiblesse de l’équipe belge. J’ai regretté cet échec. Ce transfert était de courte durée et j’aurais pu prendre un congé sans solde. En plus, il s’agissait d’une grosse somme.

Arrêtez-vous aussi le beachvolley?

Oui, même si j’ai hésité plus longtemps. J’ai toujours été ambitieuse. J’ai raté le titre ces deux dernières saisons. Je n’ai pas été bonne. Je ne veux plus ressentir cette déception. Jouer pour la troisième ou quatrième place ne me satisfait pas.

Vous rêviez de participer aux JO en beachvolley. Etait-ce réaliste?

Honnêtement, oui. C’était possible avec Ulrike Deforce. Nous nous complétions et le niveau des tournois internationaux que nous avons disputés n’était pas si élevé. Ulrike ne partageait pas mon ambition, sinon, c’eût été faisable. Ma première année avec Katrien De Decker a été excellente. Nous y croyions mais le niveau s’est relevé et nous n’avions aucun soutien de la fédération. La plupart des équipes qui participent aux Jeux viennent du circuit professionnel. J’ai investi du temps et de l’argent, payé des voyages, pris sur mes vacances. Trouver des sponsors n’était pas facile.

L’intérêt de la presse pour le volley féminin décroît.

C’est grave. Il n’y avait rien dans les journaux le jour de la finale de la Coupe. Pourtant, le volley féminin n’est pas mal du tout. Depuis plusieurs années, une équipe belge participe presque chaque fois au FinalFour. Kieldrecht a même gagné une Coupe d’Europe. Certes dans la Top Teams Cup, la moins importante, mais quand même. Tongres aligne une formidable équipe. Avenir belge

Quel est l’avenir de votre discipline en Belgique?

Comme chez les messieurs, deux équipes émergent. La structure de Roulers et de Maaseik est plus stable que celle de Tongres et de Kieldrecht. L’avenir n’est pas si sombre.

L’équipe nationale a rejoint la série A. Si elle y assure son maintien, la fédération espère obtenir l’organisation de l’EURO 2007. éa semble prometteur?

L’équipe nationale a toujours dû repartir de zéro. Chaque fois, les joueuses y investissaient beaucoup d’énergie puis on faisait table rase de tout pour choisir un autre projet. L’équipe actuelle est brillante. J’espère qu’elle conservera la confiance de la fédération.

Y a-t-il des jeunes pousses, de l’école de volley, par exemple?

Angie Bland en vient et Frauke Dirickx en est le plus beau fleuron. Si d’autres pointent? Je n’en sais rien mais il y a quand même peu de jeunes Belges qui émergent en D1.

Beaucoup de vos collègues masculins trouvent le volley féminin intéressant pour y voir de jolies filles…

C’est bête. Le volley féminin est un sport superbe. On ne peut le comparer au volley masculin, où la force et la vitesse jouent un rôle plus important, mais chez nous, on voit plus de gestes techniques. La finale de cette année a été d’un haut niveau. Et je ne pense pas qu’il y ait tellement de belles fesses à admirer. Peut-être les joueuses devraient-elles s’habiller de manière plus sexy… Mieux vaut qu’on s’intéresse au volley féminin à cause de ça que de n’y prêter aucune attention.

Vous avez été le porte-drapeau du volley féminin belge grâce à vos qualités mais aussi à votre apparence. Est-ce que ça vous a gênée?

Jamais, même si je me suis toujours demandé pourquoi. Je ne m’intéresse guère à mon apparence. Par contre, je donne toujours mon avis. C’est sans doute pour ça qu’on m’interroge si souvent. Ce qui m’a embêtée, ce sont les remarques du style: -Est-elle Joueuse de l’Année à cause de son physique?

Quel effet ça fait-il d’être entraînée par son mari?

Je n’ai jamais été avantagée. Sacha a même été plus sévère à mon égard. Mes coéquipières s’exprimaient de manière plus réservée à son sujet en ma présence. Elles crachaient leur venin mais quand j’arrivais, on se taisait. éa a changé. Elles savent qu’elles ne doivent pas se retenir devant moi.

Avez-vous pu dissocier volley et vie privée?

Pas au début. Nous étions souvent sur la même longueur d’ondes. Sinon, c’était la bagarre. Maintenant, nous ne nous disputerons plus à ce propos.

Roel Van den Broeck

« Le volley féminin est plus technique que le masculin »

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