Démasqué

En D1, le gardien trouvait insupportable de ne vivre que 90 minutes de bonheur par semaine. Et pourtant, Visé vise la montée parmi l’élite.

Voici deux ans, Didier Xhardez (32 ans) a quitté la D1 alors qu’il évoluait à La Louvière. Pourtant, il était sûr de sa place. Depuis, le gardien s’est complètement investi footballistiquement et professionnellement à Visé.

Malgré un début de saison difficile, Visé a pu remonter à la sixième place du classement, à sept points du leader Zulte-Waregem. Comment expliquez-vous l’enchaînement de bons résultats?

Didier Xhardez: Tout d’abord, deux causes peuvent expliquer les contre-performances du début de saison. Premièrement, Visé a acquis de nombreux nouveaux joueurs. Il a fallu que les gars prennent leurs marques et cela a pris plus de temps que prévu. Et deuxièmement, toute notre ligne défensive a été décimée par des blessures. Maintenant, tout est en place et cela fonctionne plutôt bien. On arrive désormais à aligner les bons résultats. Avant, on s’est souvent relâché et on a perdu des rencontres qui semblaient pourtant à notre portée. Notre dernière victoire à Denderleeuw (1-3), s’inscrit dans la continuité de la fin du premier tour. En fait, on a tous compris. On s’est rendu compte du talent qui était présent dans le noyau. Mais attention, il ne faut pas imaginer que tout est acquis. Les joueurs ont réalisé un excellent travail mental. Le groupe a vraiment mûri par rapport au début de saison grâce à une remise en question perpétuelle. Cette année, Visé a voulu prendre une autre dimension. Le club s’est fortement professionnalisé. Nous ne sommes que trois amateurs dans le noyau. La montée en D1 dans les deux ans a été clairement annoncée. Il faut maintenant assumer notre statut de grosse cylindrée. Je pense sincèrement qu’on est sur la bonne voie.

Etes-vous satisfait de votre bilan personnel?

C’est toujours difficile de parler de soi. Honnêtement, je pense avoir rempli mon contrat de manière honorable. Je me suis fait une grosse entorse à la cheville face à Ingelmunster. J’ai raté trois matches mais j’ai pu revenir sans trop de difficultés. Totalement épanoui

Votre entraîneur, Gilbert Bodart, vous qualifie de travailleur. Est-ce cela qui fait votre force?

Oui, certainement. Toute ma carrière est axée sur un travail constant. Je suis arrivé sur le tard en D1, j’ai eu de nombreux problèmes physiques et je n’avais pas les qualités de certains. De fait, j’ai dû m’entraîner dur.

Vous avez quitté la D1 en 2001. Actuellement, êtes-vous pleinement satisfait de votre choix?

Oui, totalement. C’était un choix de vie dicté par des raisons extrasportives. Ma vie est beaucoup plus équilibrée et je suis très content. Je me suis totalement épanoui.

Que reprochiez-vous réellement à l’élite?

Je ne vais pas détailler mon argumentation. En général, ce sont le milieu, la mentalité, l’hypocrisie, le climat et les pratiques malhonnêtes qui m’ont déplu. Cette décision, je pouvais me la permettre car, à 30 ans, j’avais quand même acquis une certaine maturité. Pour moi, c’était ridicule de ne pas s’épanouir. Je ne voulais plus mettre un masque toute la semaine. Dorénavant, je suis peut-être amateur mais suis persuadé que ma mentalité professionnelle est bien meilleure que d’autres joueurs évoluant parmi l’élite. Sportivement, la D1 c’est évidemment autre chose. Les stades sont mieux remplis. Mais ma décision a été motivée par une multitude d’éléments. Je me sentais mal à l’aise. J’ai pesé le pour et le contre et je me suis donc demandé si, pour seulement 90 minutes de bonheur par semaine, ça valait le coup de continuer.400 km par jour

Comment évaluez-vous le niveau de la D2 par rapport à la D1?

A cause du calme du marché des transferts, j’ai l’impression qu’il y a eu un nivellement vers le bas en D1.En plus, les formations de D2 se sont quasiment toutes renforcées. J’en déduis que ces données ont atténué la différence de niveau. En D2, il y a plus de créativité qu’avant, à l’époque c’étaient seulement le réalisme et le physique qui importaient. Cette saison, le championnat est très ouvert. C’est tant mieux pour le suspense. Il faut être vigilant à tout moment. On peut basculer très vite. L’équipe qui parviendra à associer mental et technique remportera le championnat. Il y a de très bonnes équipes francophones: Eupen, Virton, qui a un peu faibli, et le FC Liégeois, que beaucoup voyaient descendre en D3. Je pense que de temps en temps, il faut être chauvin. Ce sont en tout cas de très bonnes surprises.

Quelles sont vos activités en dehors du football?

Je suis délégué médical, c’est-à-dire représentant pour une firme pharmaceutique. C’est un boulot très prenant car je couvre en moyenne 400 kilomètres par jour. Mais j’aime bouger. Grâce à mes études en éducation physique, j’avais les qualifications en chimie requises. Il fallait aussi avoir une forte personnalité et aimer le contact humain. Cela combiné avec le foot me façonne des journées très remplies. C’est évidemment assez difficile de s’organiser. C’est un boulot commercial et j’ai également des réunions. Exceptionnellement, j’arrive en retard à l’entraînement ou même, je le rate mais Gilbert Bodart se montre très compréhensif. Je l’en remercie d’ailleurs. En dehors de tout cela, je n’ai pas de réel hobby. Le peu de temps qu’il me reste, je le consacre à ma femme. En plus, elle me suit partout. Je suis vraiment bien avec elle. L’entourage d’un joueur est très important et on a souvent trop tendance à négliger cet aspect.

Imaginez un instant que Visé monte en D1! Que faites-vous? Recherchez-vous un autre club de D2?

Par superstition, je ne préfère pas y penser. En plus, je ne fais jamais de plans à long terme. Je crois que j’aurais alors tout le temps d’y penser. Je pense que désormais, on a vu le vrai visage de Visé.

Tim Baete

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