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L’Union Nationale des Bulletins Officiels de Clubs (UNBOC) et son pendant néerlandophone NUC (Nationale Unie der Clubbladen) fêtent cette année leurs 70 ans. Mais le vade-mecum des fans semble en voie de disparition.

Avenue Houba de Strooper, 8 septembre 2018. Si, en cours de semaine, la fameuse  » Maison de Verre  » de l’Union Belge ressemble à s’y méprendre à une fourmilière, ce samedi-là, le calme y règne en maître. Sauf dans une petite arrière-salle, où se réunit le Conseil d’Administration de l’UNBOC-NUC, lisez l’Union Nationale des Bulletins Officiels de Clubs-Nationale Unie der Clubbladen.

L’un des points à l’ordre du jour est l’excursion prévue le 6 octobre à Deinze, avec visite du Château de Ooidonk, suivie d’un banquet.  » J’ose espérer que nous serons une vingtaine  » observe Marcel Dingemans (74 ans), président de l’antenne flamande du groupement.  » À la fin des années ’70, près de 80 bulletins étaient affiliés chez nous. Aujourd’hui, il n’y en a plus que 20, dont 14 seulement en version papier.  »

Le nombre d’adhérents a fléchi de concert, de telle sorte que les  » anciens  » sont plus nombreux que ceux qui assurent le contenu de ces bulletins à l’heure actuelle. Ces vieux de la vieille n’en continuent pas moins à se réunir de manière épisodique. Pour parler foot, chiffres et…souvenirs dans toutes les acceptions du terme.

Car lors des retrouvailles semestrielles dans le giron de l’un des membres, comme à Deinze ce coup-ci, une réception est chaque fois prévue chez le bourgmestre local qui, en échange de son hospitalité, se voit offrir un petit cadeau par l’assemblée.

L’Antwerp Clubblad, un bulletin à l’aune du matricule 1

 » Jadis, l’aspect touristique n’était pas un vain mot dans le monde du football  » précise Dirk Willocx (40), responsable de l’Antwerp Clubblad depuis 17 ans.  » Les supporters mettaient à profit un déplacement à Ostende pour profiter d’une journée au littoral. Ils se promenaient d’abord sur la digue, avant de manger une spécialité locale puis de se rendre au match. Tout cela a vécu.

De nos jours, pareil trip ressemble à s’y méprendre à un voyage organisé, avec acheminement en car sur le lieu de la rencontre et retour après coup. Les consignes sont devenues tellement strictes que les fans visiteurs ne peuvent pas entrer au stade avec un exemplaire de notre bulletin de club. Et ce, par ordre de police. Incroyable mais vrai !

Les réunions de l’UNBOC-NUC sont, pour nous, une façon de se replonger dans le temps. À une époque où le football était encore une véritable excursion et où l’on pouvait encore fraterniser avec les fans adverses. Avant que la loi-football ne s’en mêle…

Willocx, historien et archiviste de l’Antwerp, consacre à peu près tous ses moments libres à la rédaction de l’Antwerp Clubblad, dont une nouvelle mouture est prévue lors de chaque match à domicile. Et ce, même si les hasards du calendrier prévoient trois joutes d’affilée au Bosuil durant une seule et même semaine. Un véritable tour de force quand on sait que le bulletin de club du Great Old anversois compte quelque 60 pages.

 » Il n’en allait pas autrement, autrefois, chez la concurrence  » se souvient-il.  » Mais à force de réduire le nombre de parutions, bon nombre de bulletins de clubs ont fini par disparaître. Il est hors de question, chez nous, de suivre cet exemple. Même si le travail de rédaction est conséquent, je continue à m’y atteler avec passion. L’Antwerp est le matricule 1 du football belge. Son bulletin de club se doit d’être à la même hauteur.  »

L’Antwerp Clubblad est tiré à 1200 exemplaires. Une partie est distribuée gratuitement aux partenaires commerciaux du club ainsi qu’à ses collaborateurs mais le reste est vendu deux euros pièce.  » Nous comptons 150 abonnés « , dit Willocx.  » Les jours de match, nous écoulons encore 700 magazines en moyenne. Grâce à ces ventes, nous affichons un bénéfice annuel d’une dizaine de milliers d’euros que nous ristournons au club.  »

La version papier Shot, du Cercle Bruges, tire sa révérence après 92 ans

Tous les bulletins de clubs n’affichent pas la même verdeur que l’Antwerp Clubblad, malgré l’âge canonique de l’entité à laquelle ils sont attachés. C’est le cas de SHOT, l’organe du Cercle Bruges, qui a tiré sa révérence en 2016 après 92 ans d’existence. Au moment de sa disparition, c’est l’ancien militaire de carrière, Georges Debacker (61) qui en était la principale cheville ouvrière.

 » Pendant vingt ans, j’en ai été le rédacteur en chef amateur  » sourit-il.  » Je n’ai jamais gagné le moindre franc ni le moindre euro dans cette fonction. Si j’avais dû être rétribué au prorata du nombre d’heures passées à l’élaboration de ce magazine, je serais riche maintenant. Mais tel n’était pas mon but. J’avais le Cercle dans le sang et j’étais prêt à tout pour l’aider.

Planifier, chercher des sponsors, photographier, rédiger, étiqueter, distribuer : j’ai tout fait pour ces couleurs vert et noir que j’ai toujours portées dans mon coeur. À la longue, l’entreprise est devenue de plus en plus ardue. Au départ, je trouvais encore des gamins qui, en échange d’une barre de chocolat, vendaient la revue.

Par la suite, j’en ai récompensé d’autres à hauteur de 5 francs (12 cents, ndlr) par exemplaire écoulé. Plus tard, c’est passé au double. Malgré tout, je ne parvenais pas à sensibiliser le jeune public.

Encore heureux qu’à la fin, il n’y avait que deux accès ouverts les jours de match, ce qui limitait les coûts. Au cours des plus belles années, SHOT pouvait tabler sur 1200 exemplaires. Par après, ils ont été ramenés à 900. Histoire de diminuer les coûts, je livrais moi-même pas mal d’exemplaires aux abonnés. De la sorte, le Cercle faisait des économies.

Mais en 2015, une nouvelle CEO a fait son apparition (Katrien Houpe, ndlr). Elle a convaincu le Conseil d’administration que la revue était déficitaire. J’ai bondi : comment était-il possible de se faire entuber de la sorte ? Mais en 2016, tout était bel et bien fini.

Au moment où Monaco est entré dans la danse, avec des moyens financiers accrus, certains m’ont demandé si SHOT allait à nouveau paraître. Je n’y étais pas réfractaire mais, l’âge aidant, je ne tenais plus à m’en occuper seul et j’en ai avisé le président Frans Schotte.

Comme personne n’a levé son petit doigt, c’est resté lettre morte. Une frange de fans a maugréé et un compromis a fini par être trouvé puisqu’une fenêtre SHOT est visible sur le site internet de l’association. L’organe existe donc toujours, fût-ce d’une autre manière. J’y apporte toujours mon écho, mais l’ensemble me demande moins de travail. ce qui n’est pas négligeable.  »

L’Echo Sportif du Racing de Bruxelles, premier bulletin de club en 1903

À propos, précisément, du mot écho, on signalera que le premier bulletin de club avait pour nom, précisément, L’Echo Sportif. Sa première édition remonte au 29 janvier 1903 et il se voulait l’organe officiel du Racing Club de Bruxelles. C’est Frank König qui l’avait tenu sur les fonts baptismaux. D’ascendance suisse, cet homme fut l’un des premiers touche-à-tout du sport dans notre pays. Champion de Belgique du 100 et du 400 mètres à la fin du 20ème siècle, il s’essaya aussi à la boxe, au cricket, à l’aviron, au rugby, ainsi qu’à notre futur sport-roi, remportant quatre titres de champion avec le Racing Club de Bruxelles en 1897, 1900, 1901 et 1908.

Lors des JO de Paris, en 1900, à la faveur desquels notre équipe représentative de foot obtint la médaille de bronze, c’est lui qui en était le chef de délégation. Pour l’épauler dans sa tâche de rédacteur en chef à l’Echo Sportif, König put compter dès le départ sur un compagnon tout aussi éclectique que lui : Rodolphe William Seeldrayers. Fondateur, en 1893, de l’Ixelles Football Club – devenu ensuite le Sporting Club d’Ixelles avant de fusionner avec le Racing Club de Bruxelles quatre ans plus tard -, ce pionnier du sport belge se distingua aussi au tennis, en natation, au hockey sur gazon, de même qu’en golf.

Après sa carrière active, celui que l’on surnommait Billy devint président de l’URBSFA de 1929 à 1937 avant d’accéder à ce même poste, en 1954, mais à la FIFA cette fois. Brillant orateur, il avait une toute bonne plume aussi et c’est sous le pseudonyme de Spectateur qu’il rédigeait ses billets dans l’EchoSportif. La parution, imprimée sur papier rouge, eut d’emblée beaucoup de succès. Son format fut agrandi tour à tour le 28 janvier 1904 puis le 25 octobre 1910. Il est vrai qu’indépendamment des activités footballistiques du Racing, il couvrait également l’athlétisme, le tennis, la boxe, l’escrime, le cyclisme, la natation, le hockey et qu’il relatait aussi les activités des boy-scouts.

L’Echo Sportif a existé pendant près d’un demi-siècle. Le 15 janvier 1950, il a été remplacé par un bi-mensuel répondant au nom de Royal Racing. Lui aussi relatait les activités de toutes les sections du club omnisports bruxellois. Même si, au fil du temps, et vu le déclin du club sur le plan du foot, d’autres disciplines avaient pris le pas : le hockey et le tennis, entre autres.

C’est l’Union qui sourit dixit Benoni  » Bobinus  » Vander Gheynst

Au même titre que le Racing Club de Bruxelles, c’est l’Union Saint-Gilloise qui tient le pavé, sur le plan du ballon rond, au début du siècle passé. Et les Jaune et Bleu ne veulent bien sûr pas demeurer en reste en matière de bulletins de club. Aussi, dès le mois de septembre 1908, paraît leur publication, intitulée tout bonnement  » Le Football « .

Les comptes rendus y sont d’abord assurés par un certain Albert Mestag avant que Benoni Vander Gheynst, qui signe sous le nom de plume Bobinus, ne reprenne la main dès l’année suivante. Le succès de ces quelques feuilles, rédigées par celui qui allait être surnommé  » le barde de Saint-Gilles  » est immédiatement au rendez-vous. Et c’est sous le titre de Sport Gai qu’est diffusé en 1910 un ouvrage regroupant les articles parus dans  » Le Football  » du 20 janvier 1909 au 15 juin 1910. Une première pour un bulletin de club en Belgique.

Interrompue pendant la Première Guerre mondiale, la diffusion reprend ses droits après le conflit armé et voit un artiste y signer simplement les caricatures de ses initiales A.L. D’aucuns croient qu’il s’agit là du célèbre affichiste Amédée Lynen.

Bobinus aura laissé à la fois un héritage écrit et oral chez les Saint-Gillois. Car c’est lui qui a composé, en 1912, le Chant des goals, toujours en vogue aujourd’hui dans les travées du Parc Duden avec son couplet des plus célèbres :  » C’est l’Union qui sourit « . La Grande Guerre va interrompre la publication du journal, qui sortira pour la dernière fois début 1940, avant de connaître une coupure en raison du nouveau conflit armé.

Il faut attendre 1945 pour revoir un journal officiel du club. C’est notre ancien collègue Jacques Lecoq qui va en être la cheville ouvrière. Son nom :  » LA BUTTE « . Il cessera de paraître en 1949, suite à la descente de l’Union en D2 avant de revoir le jour le 6 novembre 1955 et de s’inscrire dans la durée jusqu’au 30 avril 1967.

Ensuite, la nouvelle mouture de l’organe officiel de l’Union s’appellera  » Union 72 « , un slogan lancé par la direction unioniste qui avait programmé, pour cette année-là, le retour du club saint-gillois au plus haut échelon. Le premier numéro sortira de presse le 1 octobre 1967. Le 9 septembre 1973, nouveau changement de dénomination : cette fois, les fans de l’Union prendront le pouls du club par l’entremise du journal  » Royale Union « , rebaptisé  » L’Union  » le 8 janvier 1975 avant de redevenir  » Royale Union  » le 7 décembre 1975.

Et le mouvement de balancier n’est pas fini : le 11 novembre 1981, le journal est à nouveau appelé  » UNION  » et redevient  » LA BUTTE  » le 11 septembre 1983. En raison des coûts élevés d’impression et de la progression du numérique, la direction décidera de ne plus publier ce vade-mecum des fans à partir de la saison 2013-14.

Bulletin du Royal Daring Club de Bruxelles, Jeudi Sport, le Rouge et Noir

Qui dit Union songe inévitablement à son rival ancestral, le Daring. Celui-ci se fend d’abord d’un hebdomadaire appelé  » Bulletin du Daring Club de Bruxelles  » et axé exclusivement sur le football. Le 5 janvier 1928, celui-ci est relayé par  » Jeudi Sport  » dont le sous-titre est :  » Revue Hebdomadaire des Sports Athlétiques Amateurs « .

Dans chaque livraison, deux articles seulement sont liés au Daring mais ils pèsent de tout leur poids quand il s’agit de régler les comptes avec le voisin saint-gillois, ou avec Alfred Verdyck, le secrétaire-général de l’URBSFA, surnommé régulièrement le  » petit Napoléon  » du football belge.

En 1957, le Daring reviendra à un livret 100 % football, baptisé LeRouge et Noir en vertu des couleurs du club. Celles-ci, à travers tout le pays, servent d’ailleurs souvent d’appellation dès lors qu’un bulletin de club voit le jour. C’est le cas au Léopold, vénérable ancien du foot bruxellois, qui fête ses 125 ans cette année, et dont l’organe est Le Rouge et Blanc

*Avec la collaboration de FOOT 100 (Bruno Dubois pour le Racing Club de Bruxelles), Marc Coudijzer (Standard) et Yves Van Ackeleyen (Union).

PAR BRUNO GOVERS ET KRISTOF DE RYCK*

C’est dans  » Le football « , sous la plume de Bobinus, que paraît en 1912 le  » Chant des goals  » avec son refrain célèbre  » C’est l’Union qui sourit « .

Dans Standard Magazine, au début des années ’60, Roger Petit, secrétaire général des Rouches, s’insurge contre l’anderlechti-sation du football belge.

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