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DELIRIUM MERTENS

Et si Dries Mertens devenait le meilleur buteur de la Serie A ? A Naples, tout le monde l’adore. Pour quelle raison ? Nous avons pris la température au pied du Vésuve.

« Where are you from ? « , demande Antonio lorsque nous prenons place dans son taxi. De Belgique ? Sa réaction ne se fait pas attendre.  » Le pays de Dries ?  » Le soleil brille, et la circulation est à l’arrêt, comme toujours. Subitement, le véhicule s’engage dans un rond-point par un trou de souris où, à première vue, seul un scooter pourrait se faufiler. Bienvenue à Naples. Ici, on sait que lorsqu’un scooter peut passer, une voiture peut passer aussi.

La ville où réside Dries Mertens est, après Rome et Milan, la troisième d’Italie. Elle compte 970.000 habitants. Ici, les automobilistes se demandent si l’inventeur du code de la route n’avait pas mieux à faire, ce jour-là. Un coup de klaxon et beaucoup d’audace, cela suffit, non ?

Aujourd’hui, Naples possède aussi ses zones piétonnières. Dans l’une d’entre elles, au centre touristique de Santa Lucia, on déjeune à la terrasse du For a Mar,FuorialMare en dialecte napolitain, avec vue sur la mer. La première fois que Dries est venu déjeuner ici, le propriétaire, Marco Varriale, a voulu l’installer dans un coin tranquille.

 » Mais il a insisté pour s’asseoir à la terrasse, au milieu des autres clients. Il est revenu souvent, et je ne l’ai jamais vu refuser un autographe ou une photo. Certains prennent leurs distances vis-à-vis des fans, d’autres se mêlent à eux, comme Pepe Reina, Marek Hamsik, Lorenzo Insigne et Dries.  »

Lorsqu’on demande à Marco d’en dire un peu plus sur Mertens, les superlatifs fusent.  » Molto umile, très humble. Un vrai professionnel. Un homme au grand coeur. Un vrai Ciro, un gamin des rues napolitaines, toujours en éveil.  »

Dans un petit film réalisé dans le restaurant et que l’on peut visionner sur YouTube, on voit Dries en train de cuire une pizza. Pourrait-il se reconvertir dans la restauration, au terme de sa carrière ? Marco rigole : ‘Il vaudrait peut-être mieux qu’il essaie un autre métier, malgré tout.’

Si Mertens quitte Naples, Marco perdrait un bon client, mais il ne se fait pas trop de soucis à ce sujet.  » Dries va rester. Cette saison, il est le joueur qui fait la différence. Il faut donc le payer au prorata de ses mérites. Pour l’instant, il ne figure pas parmi les joueurs les mieux payés de Naples, loin de là.

Aurelio De Laurentiis est un homme d’affaires avisé. Mais, pour gagner des trophées en sport, cela ne suffit pas. Ce n’est pas en achetant des joueurs bon marché et en les revendant avec une solide plus-value qu’on deviendra champion. S’il le faut, j’allongerai ce qu’il manque, s’il subsiste une différence entre l’offre et la demande. Dries restera un bon client de mon restaurant.  »

ÉLOGES D’UNE LÉGENDE

Dans la librairie locale, qui appartient à la chaîne Feltrinelli, on trouve pas mal d’ouvrages sur l’histoire de Naples et sur le club qui fait la fierté de la ville. Dans Il Romanzo del Grande Napoli, qui relate l’histoire du club jusqu’en 2016, le nom de Mertens apparaît sur neuf des 269 pages. Mieux même : dans un autre ouvrage, ‘Napoli da A a Z’, une page entière lui est consacrée.

C’est près du double de la place accordée au footballeur-culte par excellence : Giuseppe Bruscolotti. Celui-ci détient tous les records en matière de matches joués, a été titulaire de 1972 à 1988, et a porté le brassard de capitaine de 1978 à 1984.

Aujourd’hui, Bruscolottigagne toujours sa vie dans le quartier où il a bâti sa légende comme footballeur. Personne n’a porté autant de fois le maillot du Napoli que cet arrière droit intransigeant auquel les meilleurs attaquants évitaient de se frotter : 511 matches entre 1972 et 1988.

Désormais âgé de 65 ans, il gère un bureau de paris dans la Viale Augusta, à portée de fusil de San Paolo. Il ne tarit pas d’éloges à l’égard de notre compatriote :  » Mertens nous a surpris. Inscrire 20 buts en Serie A, ce n’est pas donné à tout le monde. C’est la marque d’un vrai buteur. Et, selon moi, il n’a pas encore atteint ses limites. Il est rapide, très bon en un-contre-un et efficace dans les 16 mètres.  »

Il faut dire qu’en Serie A, jadis réputée pour ses défenses intransigeantes, les stoppeurs du calibre de Bruscolotti se font rares :  » Seule la Juventus possède encore quelques défenseurs qui jouent à l’italienne et ne laissent pas un centimètre à leur opposant direct. Les autres respectent le schéma mis en place par leur entraîneur. Les joueurs gardent leur position et restent bien alignés, mais lorsqu’un attaquant s’approche des 16 mètres, ce n’est pas cela qu’il faut faire. Il faut, à la limite, le prendre par le cou.  »

FIERTÉ DES GENS DU SUD

Que manque-t-il à Naples pour devenir champion ?  » Pour encore progresser, il faut engager des joueurs expérimentés capables de préserver un résultat.  » Il prend comme exemple la mésaventure survenue il y a quelques semaines, lorsque Naples menait 0-3 à Empoli, avant le sursaut de l’équipe locale qui est revenue à 2-3 et a bien failli égaliser.

 » Alors qu’Empoli n’avait encore inscrit que 15 buts jusque-là. Naples est incapable de préserver un résultat. L’équipe compte beaucoup de jeunes joueurs, qui doivent être guidés sur le terrain par de vrais leaders. Gonzalo Higuaín n’en était pas un. Certes, il marquait beaucoup, mais il n’arrêtait pas de se plaindre auprès de ses partenaires.  »

Et Diego Maradona il ne le faisait pas, lui ?  » Non. Il se montrait toujours respectueux envers ses partenaires. Maradona a fait de Naples une équipe qui gagne, il a donné de la fierté aux gens du sud. Il nous a insufflé de la confiance, à nous ses coéquipiers, mais aussi aux habitants de la ville.  »

Les joueurs ne souffrent-ils pas de la pression, de cette passion que vouent tous les Napolitains au seul club du top que compte la ville et qui reportent donc tous leurs espoirs sur eux ? Bruscolotti :  » Cela peut peser, en effet. Un joueur qui habite à Naples ne peut pas se déplacer en ville sans être importuné. C’est le revers de la médaille. Mais les habitants poussent aussi les joueurs vers la victoire. Ils ont contribué à la conquête du titre. Il faut pouvoir vivre avec cette pression.  »

MAURIZIO SARRI, L’ARME SECRÈTE

A la porte 16 du Stadio San Paolo, par laquelle pénètre généralement le noyau dur des supporters, nous retrouvons Saverio Passaretti, le président de la fédération italienne des supporters du Napoli Club. A 7 ans, il venait déjà au stade avec son père. En 1960, l’enceinte pouvait encore accueillir 90.000 spectateurs. Passaretti avait 26 ans lorsque Maradona a offert au Napoli son premier titre :

 » L’arrivée de Maradona a été un électrochoc. Naples n’avait jamais rien gagné et subitement, en 1984, voilà que débarque le meilleur footballeur du monde. Sa seule présence a suffi à susciter des craintes chez les adversaires et à rendre les nôtres meilleurs.  »

Il avoue avoir été surpris par Mertens :  » N’oubliez pas qu’avant cette saison, il était essentiellement un joker qui faisait la différence en montant au jeu en deuxième mi-temps. A l’époque, il était en balance avec Insigne sur le flanc gauche. Aujourd’hui, ils sont tous les deux incontournables : Insigne à gauche, et Mertens en numéro neuf.

Dries est devenu un joueur de niveau européen. Il a toujours été un homme au grand coeur, très disponible et très apprécié depuis le début par les Napolitains.’

Mais l’arme secrète de Naples, c’est l’entraîneur Maurizio Sarri.  » Il rend les joueurs meilleurs. L’an passé, Higuaín a inscrit 36 buts sous sa direction. Cette année, il a décelé chez Mertens une capacité à évoluer comme centre-avant, ce que personne n’avait encore osé avant lui. Il ne s’est pas trompé : Mertens a déjà inscrit 20 buts et pourrait devenir le meilleur buteur de la Serie A. Sarri parvient à retirer le meilleur de chaque joueur.  »

Mertens pourrait-il rester, selon lui ?  » Je crains que, si un club dépose une offre faramineuse sur la table, Naples le laisse partir. Mertens approche des 30 ans. Son prochain contrat sera le dernier gros contrat de sa carrière. Et puis, après cela, on ne pourra plus le revendre. Mais j’espère qu’il restera malgré tout. Nous avons besoin de joueurs de ce tempérament et de cette qualité.  »

AMBASSADEUR DE CHOIX

Le journal local le plus populaire est Il Mattino. Ce quotidien fait un peu office de baromètre. Depuis ses locaux, on n’est qu’à une minute du boulevard maritime d’où on aperçoit le Vésuve et Capri. Les journalistes peuvent toujours s’inspirer de ce décor, car ils ont du mal à approcher les stars de l’équipe. Roberto Ventre suit Naples depuis six ans. Il n’a interviewé Mertens qu’une seule fois. Est-il étonné par les prestations du Diable Rouge ?

 » Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi performant à cette position, en tout cas. Nous savions tous qu’il avait du talent. Avec sa vitesse et sa facilité à dépasser ses adversaires en un-contre-un, il est l’un des meilleurs joueurs de ce type, avec Insigne. En Europe, je ne vois qu’EdenHazard qui soit capable de le concurrencer dans ce rôle.Et Lionel Messi,bien sûr. Les Napolitains aiment ce genre de joueurs, déroutants dans les 16 mètres. Ils leur rappellent Maradona.  »

Francesco De Luca, qui est une référence au journal Il Mattino, constate que le club a dû laisser partir ses meilleurs joueurs, ces trois dernières années, parce qu’ils avaient une clause libératoire dans leur contrat : c’était le cas d’Edinson Cavani, d’Ezequiel Lavezzi et d’Higuaín.

 » Dans le contrat de Mertens, il n’y a pas ce genre de clause. Les Napolitains regretteraient son départ. Pas seulement pour ses buts, mais aussi pour la publicité positive qu’il offre à la ville via les réseaux sociaux. Dries est une agence de publicité ambulante pour Naples. Il poste de belles photos, des commentaires positifs, mais aussi des critiques fondées et des remarques judicieuses. Il est très attaché à la ville et est l’un de ses meilleurs ambassadeurs, ce qui est exceptionnel. Le gardien Reina est pareil, tout comme Hamsik qui vit ici depuis dix ans. Les autres joueurs ne mettent jamais un pied en ville, ils vivent reclus sur eux-mêmes. On peut rencontrer Dries dans une pizzeria. On peut même se faire prendre en photo avec lui. Il est devenu un vrai Napolitain. L’entraîneur précédent, Rafael Benítez, était pareil. Ce n’est pas le cas de l’entraîneur actuel, Sarri, qu’on ne voit jamais en ville.  »

INTÉRÊT DE CHINE

De Luca admet que Mertens a étonné les journalistes et les supporters.  » Nous n’avons jamais douté de ses qualités, mais nous n’avons jamais pensé qu’il deviendrait aussi bon. Jadis, Insigne et lui se faisaient concurrence sur le flanc gauche. La blessure d’Arek Milik en octobre, a fait leur bonheur à tous les deux. ManoloGabbiadini, qui était l’alternative à l’époque (et qui joue à Southampton depuis janvier, ndlr), n’a pas su saisir sa chance et Sarri a opté pour Mertens. Aujourd’hui, Insigne et lui jouent 90 minutes, et sont les meilleurs joueurs de Naples.  »

Aujourd’hui, Mertens gagne 1,2 million net par an. Il ne figure même pas dans le Top 5 des joueurs les mieux payés de Naples, alors qu’il est décisif. Au Nouvel An, le club lui a proposé un nouveau contrat qui lui offrirait à peu près le double, mais selon De Luca, l’ancien joueur de Naples, Fabio Cannavaro, qui a déjà attiré Axel Witsel en Chine, lui aurait proposé un salaire similaire à celui du Liégeois : 15 millions d’euros.

 » C’est quatre ou cinq fois plus que ce que Mertens pourrait gagner à Naples.  » De Luca craint donc que le Napoli ne puisse pas retenir Mertens.  » D’autant que De Laurentiis ne va jamais au-delà d’une certaine limite. C’est sa priorité? : ne pas endetter le club.  »

Une demi-heure d’une route sinueuse et escarpée qui longe la mer nous mène à Posillipo, le quartier chic où les notables ont leur palazzo, avec vue sur la baie. A cinq kilomètres de l’historique Palazzo Donn’Anna, où habite Dries, on trouve l’un des meilleurs restaurants de Naples. Mertens est un client fidèle de la Trattoria da Cicciotto, à Marechiara.

Gianluca Capuano est un homme chaleureux, on le sent dès la première poignée de main. Avec son frère Vincenzo, il fait partie de la quatrième génération de propriétaires. Les murs de l’établissement sont ornés de photos de Diego Maradona, de Fabio Cannavaro et de l’actrice Ornella Muti.

Les joueurs ne fréquentent pas seulement le restaurant pour la qualité de sa cuisine, mais aussi parce qu’ils s’y sentent à l’aise, affirme Gianluca.  » Dans cette ville tellement passionnée, il est parfois difficile de faire la part des choses, entre son métier et sa passion. C’est pourquoi, mes employés n’ont pas le droit de prendre des photos, ou de demander des autographes, des maillots ou un ticket pour le match.  »

CIRO NAPOLITAIN

Mertens est apprécié parce qu’il est devenu à moitié Napolitain, affirme le propriétaire.  » Pour s’en convaincre, il suffit de l’observer pendant un match, mais aussi au restaurant. Il rit, gesticule, raconte des blagues et amuse la galerie.  »

Que ferait Gianluca dans la situation de Dries ?  » Je lui ai dit qu’à sa place, je n’hésiterais pas à accepter l’argent chinois.  » Gianluca a suivi la trajectoire d’un autre ami et concitoyen, Fabio Cannavaro, jusqu’à la Juventus et au Real Madrid.  » Partout où il a joué, on trouvait un bon mélange entre les joueurs expérimentés, majoritaires, et deux ou trois jeunes. C’est avec cette formule qu’on remporte des trophées.

Naples a opté pour la formule inverse, avec les jeunes majoritaires et trois joueurs expérimentés : Dries, Insigne et Hamsik. Naples paie des sommes de transfert importantes, en espérant pouvoir revendre les joueurs encore plus cher plus tard, mais ce n’est pas le club qui offre les meilleurs salaires.  »

Dans toutes les libraires napolitaines, on trouve des ouvrages de Maurizio de Giovanni.Ses romans policiers, qui sont également traduits en français et en allemand, se déroulent dans le Naples des années 30 et aussi dans le Naples actuel. Quotidiennement, il publie également une chronique à propos de son autre passion, le club de football du Napoli, dans le Corriere del Mezzogiorno, un supplément du Corriere della Sera.

 » De nombreux joueurs n’ont pas réussi à gagner l’affection du public, malgré des prestations haut de gamme. Cavani, par exemple, a inscrit beaucoup de buts, mais les Napolitains ne l’ont jamais considéré comme l’un des leurs, au contraire de Lavezzi, qui marquait pourtant peu et était parfois indiscipliné. Mertens a été, depuis son arrivée, considéré comme un vrai Napolitain.

Il est malin, rapide, et ses prestations ne sont jamais linéaires, c’est une succession de hauts et de bas. Sa manière de jouer, de parler, de gesticuler, est napolitaine. C’est pourquoi, nous lui avons aussi donné un nom typiquement napolitain. Mertens est notre Ciro. Nous l’aimons beaucoup. Les Napolitains regretteraient un éventuel départ, pas seulement d’un point de vue footballistique, mais aussi affectif. Hamsik et Reina sont très appréciés aussi, mais Mertens est l’un des nôtres. Il n’est pas né ici, comme Insigne, mais c’est un frère ou un neveu.  »

SEULE ONDE POSITIVE

 » Le club se dit qu’il a acheté Milik pour 32 millions d’euros. Mais les tifosi veulent voir Mertens à cette position. En 20 matches, il a inscrit 20 buts. Avec Mertens au centre-avant, Naples a déjà inscrit neuf buts de plus que l’an passé avec Higuaín, qui a certes marqué à 36 reprises, mais était notre seul buteur. Aujourd’hui, le Napoli compte trois joueurs dans le Top 10 des meilleurs joueurs de la Serie A : Mertens, Hamsik et Insigne.

Le problème est que la Juventus a un budget trois fois supérieur à celui de Naples, ce qui n’empêche pas les Napolitains de lutter pour le titre. Comment De Laurentiis compense-t-il la différence de budget ? En achetant Higuaín pour 40 millions et en le revendant pour 90 millions, en achetant Lavezzi pour 5 millions et en le revendant pour 30 millions, en achetant Cavani pour 17 millions et en le revendant pour 67 millions.

D’un point de vue économique, c’est une sacrée performance. D’un point de vue économique, c’est une autre histoire : on revend son meilleur joueur au club qui vous a précédé d’une place au classement. On renforce donc la concurrence tout en s’affaiblissant soi-même.  »

Cela ne contribue pas à rendre De Laurentiis populaire :  » Il habite à Rome, et a déplacé le centre d’entraînement d’un faubourg de Naples à Castel Volturno, dans la province de Caserte (et donc pas dans la province de Naples, ndlr). Le club a donc coupé ses attaches avec la ville, mais reste adoré par les Napolitains.  »

Ce premier titre a changé Naples.  » Il nous a fait prendre conscience que le Sud pouvait aussi gagner. Nous estimons que Rome détient le pouvoir et l’influence. Naples n’a pas de pouvoir, que ce soit sur le plan politique ou économique. La région ne compte qu’une seule entreprise cotée en Bourse, alors qu’elle abrite un dixième des habitants de l’Italie. Le produit national brut de la région est le plus bas d’Italie, plus bas que celui de la Grèce. La seule onde positive émane du club de football.  »

DELIRIUM MERTENS

Anna Trieste est une Napolitaine très populaire, qui a un blog et qui envoie des tweets lors de chaque match du Napoli pour le quotidien local Il Mattino. Parfois, ces tweets concernent Mertens. Comme :

 » Sans Mertens, nous sommes une équipe comme les autres. Avec Mertens, nous sommes ‘Il Napoli’.  »

Ou :  » J’aime Mertens car, dans son regard, on a l’impression de voir un élève qui vient d’apprendre que son professeur ne viendrait pas.  »

Elle a donné à Mertens un prénom napolitain : Ciro.  » Car, avec sa taille, son caractère et sa grinta, il ressemble à un gamin de rues napolitain.  » C’est lors d’un match européen contre Wolfsburg en 2015 qu’elle l’a baptisé ainsi :  » Il était sur le banc, mais il se levait sans cesse pour encourager ses partenaires. Il criait et gesticulait de la même façon que les gamins de Naples qui jouent dans la rue. Le prénom de Ciro lui allait comme un gant.  »

Elle apprécie beaucoup Dries, cela va de soi :  » Impossible de ne pas l’aimer. Que ce soit l’homme ou le footballeur. Il est toujours en éveil, se sent comme un poisson dans l’eau en ville, et ne se contente pas de visiter les lieux touristiques. Il se rend aussi dans des quartiers où habitent les Napolitains lambda.  »

Elle était déjà tombée sous le charme de notre compatriote avant qu’il ne soit repositionné comme centre-avant :  » Je dis toujours : lorsque Dries monte au jeu, le ciel s’éclaircit. Il gâte le public. Ce n’est sans doute pas un hasard si l’anagramme de son nom est ‘tremens’ comme dans delirium tremens. J’en ai donc fait un titre : ‘Delirium Mertens’.

Quelle part de Naples se trouve-t-elle dans Mertens, et quelle part de Mertens se trouve- t-elle dans Naples, après trois ans ?  » Une part importante. On le voit lorsqu’un autre joueur joue à sa place au centre-avant. L’équipe perd alors beaucoup de sa superbe. A l’inverse, il y a aussi une part importante de Naples dans Mertens. Dries est un gamin de rues italien qui, par erreur, est né en Belgique.  »

PAR GEERT FOUTRÉ À NAPLES – PHOTOS BELGAIMAGE

 » Dries est une agence de publicité ambulante pour Naples.  » – FRANCESCO DE LUCA, JOURNALISTE À IL MATTINO

 » Inscrire 20 buts en Serie A, ce n’est pas donné à tout le monde. C’est la marque d’un vrai buteur.  » – GIUSEPPE BRUSCOLOTTI, ANCIENNE VEDETTE DU NAPOLI

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