Delangre – Preud’homme

Quand le coach des Rouches explique les bases de ses succès.

Michel, d’après toi, dans quel domaine as-tu le plus évolué par rapport à ta première expérience de coach ?

Michel Preud’homme : La différence est déjà énorme en matière de connaissance du championnat puisque lors de mon arrivée au Standard, je débarquais de l’étranger après sept années d’exil et donc une ignorance des équipes, des joueurs et du niveau réel de la compétition. En 2001, je découvrais également le job d’entraîneur et me contentais d’utiliser ce que j’avais connu en tant que joueur et ce que mes différents coaches m’avaient apporté de positif. Le fait d’avoir coaché une première fois le Standard, puis d’avoir fait un break, m’a permis de revenir plus fort dans ma tête et aussi de ne plus commettre les erreurs commises dans le passé. On appelle cela se servir du vécu, chose qu’il m’était bien évidemment impossible de faire lors de mon retour du Portugal. Je pense avoir progressé aussi au niveau de la gestion journalière du groupe et je commets, je pense, moins d’erreurs lorsque des petits conflits se présentent.

Te considères-tu comme un entraîneur proche du groupe ou autoritaire ?

Un entraîneur doit faire preuve d’une autorité naturelle et le fait d’avoir été un joueur de haut niveau permet d’imposer plus facilement le respect. Par contre, lorsque les règles établies en début de saison, en concertation avec les joueurs, ne sont pas respectées, je suis alors très strict.

En dehors de la période de préparation, combien de séances par semaine consacres-tu à la tactique ?

Lorsque le match a lieu le samedi et qu’il n’y a pas de rencontre programmée en milieu de semaine, il y a trois séances de tactique + les phases arrêtées qui sont répétées la veille du match. Ces trois entraînements ne sont pas nécessairement consacrés à la tactique dans leur globalité. Les bases mises en place en début de saison reviennent chaque semaine et constituent un rappel continu des grands principes. Certaines parties de séance représentent les petits détails que l’on veut mettre en pratique par rapport à l’adversaire.

Joues-tu beaucoup en fonction de l’adversaire ou as-tu tendance à vouloir imposer ton jeu ?

J’essaie de ne pas trop changer le système de base et quand je m’adapte à la tactique adverse, c’est plutôt dans un souci de profiter de ses points faibles que de contrer ses points forts. Ceci dit, je choisis plutôt mon dispositif en fonction de mes joueurs disponibles ou vis-à-vis de leur forme physique que par rapport aux adversaires.

Es-tu un coach qui consulte beaucoup son staff et ses joueurs ?

Avec mon staff, on discute énormément et j’écoute toujours son avis même si je prends les décisions définitives. Mais on est souvent d’accord Je prends rarement l’avis des joueurs même si je désire absolument qu’ils le donnent quand on teste de petites nouveautés. Si les joueurs ne se sentent pas à l’aise par rapport à ces innovations, ils doivent le faire remarquer car j’ai besoin de joueurs libérés dans leur tête.

Comment organises-tu le scouting ?

C’est Stan Vandenbuys qui va généralement observer les adversaires. Je le fais rarement mais je vois 2 à 3 fois l’opposant sur vidéo. Ensuite, on en parle ensemble mais on est souvent d’accord car on connaît très bien les autres équipes.

Estimes-tu ton système plus équilibré avec Marouane Fellaini au centre et Axel Witsel décalé vers un côté ou alors en jouant avec deux véritables médians de flanc ?

Même si je dois veiller à l’équilibre de mon bloc-équipe, je choisis surtout le système par rapport à la forme individuelle des joueurs et j’essaie, quand j’ai des indisponibilités, de ne pas tout chambouler et dans la mesure du possible de remplacer poste pour poste. Pour prendre un exemple, à Bruges, j’avais placé Grégory Dufer et Salim Toama sur les flancs de l’entrejeu mais si Steven Defour avait été disponible, il en aurait été autrement.

Lorsque l’équipe est en possession de balle sur un flanc, est-ce que les 2 joueurs de l’autre côté peuvent participer librement à l’offensive ?

En début de match ou lorsque le score est favorable, je demande toujours de conserver une supériorité numérique par rapport aux adversaires qui ne défendent pas beaucoup. Donc, si un attaquant et un soutien axial sont passifs en perte de balle chez l’opposant, les deux joueurs du flanc opposé peuvent participer, à charge aux deux défenseurs centraux et au médian défensif de rester en position. Le défenseur latéral peut aussi rentrer côté intérieur pour permettre à Marouane de s’engager offensivement.

Si tu avais toutes les possibilités dans ton noyau, quel système aimerais-tu expérimenter ?

Le 3-4-3 est le système qui m’attire énormément et que j’aimerais parvenir à mettre en place. Peu d’équipes -même au top niveau- l’utilisent et mon groupe ne recèle peut-être pas les joueurs adéquats pour le pratiquer. De plus, psychologiquement, changer quelque chose qui fonctionne bien n’est peut-être pas la meilleure solution !

par etienne delangre

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