Delangre-Gerets

Voici comment le Limbourgeois a jeté le 4-3-3 de l’OM aux orties et institué sa méthode basée sur le 4-4-2.

Comment s’est passée ton intégration en arrivant à Marseille ?

Eric Gerets : L’OM m’a très bien accueilli que ce soient les dirigeants, le staff technique, les joueurs et tout l’encadrement.

Par rapport au staff, justement, pourquoi as-tu conservé la totalité des adjoints de l’ancien coach ?

J’aurais bien aimé conserver la totalité des adjoints avec lesquels je travaille depuis plusieurs saisons mais il y avait le problème de la langue vu qu’ils ne s’expriment pas en français. De plus, en arrivant en cours de saison, le fait de garder le staff était plus facile pour moi car il connaissait le groupe ainsi que les problèmes de début de saison. Le rapport que mes collaborateurs m’ont fait sur chaque joueur, quant à leurs qualités et défauts, m’a permis de trouver immédiatement les solutions.

Qu’as-tu apporté comme modifications au niveau de l’approche mentale et des règles de vie du groupe ?

J’ai instauré la discipline que j’ai toujours préconisée dans tous les clubs et les pays où j’ai travaillé. Au début, ce n’était pas évident car c’était complètement différent des principes du coach précédent. Il a fallu quelques semaines d’adaptation mais, les résultats aidant, le groupe a bien réagi et le message est clair dans la tête des joueurs.

Au niveau du programme d’entraînement et des heures de rendez-vous, quels changements as-tu instaurés ?

Les heures de début d’entraînement sont restées à 10 h et à 16 h. J’ai toutefois obligé le groupe à rester ensemble pour manger lorsqu’il n’y a qu’une séance le matin. C’était un changement radical. De plus, la discipline est très stricte quant aux heures d’arrivée aux rendez-vous.

Quel est le programme type d’une semaine où il n’y a pas de match en semaine et où la rencontre est programmée le dimanche ?

Quand on joue le dimanche, il y a décrassage le lundi. Le début dépend de l’heure à laquelle le match de la veille a débuté et de l’endroit où il a eu lieu. Le mardi, c’est repos puis le mercredi, on s’entraîne deux fois. Enfin, il y a une séance programmée le jeudi, le vendredi et le samedi. Mais il faut bien avouer que, depuis mon arrivée, on n’a pas eu beaucoup de périodes sans match en milieu de semaine. Quand une confrontation supplémentaire est programmée, il n’y a alors jamais deux entraînements quotidiens.

Combien de matches as-tu visionnés pour te faire une idée du groupe avec lequel tu allais devoir travailler ?

J’ai analysé sur cassette tous les duels qui avaient eu lieu avant mon arrivée (NDLR : l’équipe avait 7 points sur 27 au moment de son arrivée) et j’ai pu me faire une idée des problèmes rencontrés par mon prédécesseur tout en consultant mon staff.

Qu’as-tu modifié dans le système de jeu et son animation ?

Avant mon arrivée, le système était le 4-3-3 avec un triangle dans le milieu du jeu dont la pointe était vers le bas, c’est-à-dire avec un demi-récupérateur et 2 soutiens d’attaque. J’ai remarqué un énorme déséquilibre en perte de balle et j’ai immédiatement décidé de jouer avec deux médians défensifs : Lorik Cana et Benoît Cheyrou. Djibril Cissé a connu quelques problèmes pour retrouver son niveau mais j’ai toujours cru en son retour. Mathieu Valbuena a explosé dès mon arrivée et Mamadou Niang est parti quelques semaines pour la CAN. Quand tout le monde est apte au service et en forme, l’équipe évolue le plus souvent en 4-4-2 (voir la compo ci-contre). Au milieu, Valbuena et Samir Nasri évoluent alors en tant que flancs très offensifs et ils doivent amener aussi le danger en plongeant vers l’axe. Dans certains matches, j’ai joué en 4-5-1 (ou 4-2-3-1) avec le seul Cissé en pointe, Niang comme flanc gauche et Nasri dans l’axe derrière le seul attaquant.

Es-tu un adepte de la rotation ?

Je suis contre et encore plus quand je dois reprendre une équipe en plein doute. Dans ce cas précis, les joueurs ont besoin de confiance et c’est en les alignant en match – si possible avec des résultats positifs – que cette confiance s’installe petit à petit. C’est dans ce domaine que j’ai le plus travaillé les premiers jours. Il fallait faire prendre conscience aux joueurs qu’ils avaient les capacités pour battre tout le monde. Marseille possède un fantastique public, qui peut aussi se révéler très cruel quand le niveau et les résultats ne sont pas à la hauteur. C’était le cas après neuf journées. Heureusement, la tendance s’est inversée…

C’est quoi la méthode Gerets ?

J’essaie simplement de faire passer chez mes joueurs la rage de vaincre que j’affichais quand je jouais et cette soif de victoire sans laquelle on ne peut faire des résultats. Je suis très exigeant avec mon groupe et je veux que chacun soit un vrai compétiteur. J’ai tendance à ne pas beaucoup changer de système car mes joueurs doivent avoir des repères. Le point qui me tient particulièrement à c£ur est de proposer un football offensif aux supporters, et encore plus avec un public comme celui de l’O.M. qui ne demande qu’à s’enflammer. Pour le reste, c’est une méthode pas compliquée du tout : le foot est et doit rester un jeu simple.

Né en 1963, Delangre joua comme défenseur au Standard de 1981 à 1992 (267m en D1 et 6b, champion en 82 et 83). Ex-chargé de cours à l’Ecole du Heysel, il coacha de la P1 à la D1 (Charleroi). Entraîne actuellement le CS Verviers en D3.

par étienne delangre

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