Déjà fini?

Défaits dans le match-clef de la poule, les Belgian Lions ne doivent plus se faire trop d’illusions pour la qualification à l’Euro 2003.

Les Belgian Lions avaient commencé leur campagne en remportant, en guise de préparation, le tournoi d’Amsterdam face à des adversaires faiblards comme la Hongrie et les Pays-Bas.

Trois jours plus tard, en Grèce, ils sont retombés de haut: 88-49. Après la défaite en Grèce, on a téléphoné à Julien Marnegrave et à Dimitri Lauwers. L’ancien coach de Louvain a décliné l’invitation de se joindre au staff technique tandis que le distributeur de Cholet a estimé qu’il manquait de compétition…

Dimanche, au Sart-Tilman face à Israël, les Belgian Lions ont fait illusion. Jim Potter et Daniel Goethals, décevants en Grèce, sont mieux entrés dans le match. A la mi-temps, nos compatriotes avaient toujours l’avance (36-31). Mais, à partir du moment où les visiteurs resserrèrent leur défense, ils prirent le commandement des opérations et ne le lâchèrent plus. Au bout du compte, ce fut une nouvelle déception: 69-75. Sachant que l’Espagne et la Grèce sont inabordables dans le groupe, notre seule chance de qualification était de devancer Israël à la troisième place. Déjà battus à domicile, nous ne devons déjà plus guère nous faire d’illusions.

« Il n’y a pas de miracles », constate Jacques Stas. « Comment peut-on rivaliser avec des équipes comme l’Espagne, la Grèce et Israël, qui viennent de disputer le Championnat d’Europe en septembre et qui s’étaient adonnés, dans cette optique, à une longue préparation dont ils recueillent toujours les fruits. Déjà qu’intrinsèquement, ils sont plus forts que nous ».

Pour les Lions, la préparation a été -une fois de plus- réduite au strict minimum. Depuis le mois de janvier, et le repêchage miraculeux en tant que meilleur quatrième, il n’y a guère eu d’activités si ce n’est un stage à Arles-sur-Tech, à la fin juin.

Stas: « Tout le monde n’était pas présent et il y a encore eu des défections ».

Tomas Van den Spiegel (Joueur de l’Année), avait déclaré forfait dès le mois d’août en raison d’une blessure au genou encourue avec Bologne. Eric Struelens a tiré sa révérence, Dimitri Lauwers s’est blessé avec Cholet et Herbert Baert avec Liège. Sans compter que Christophe Beghin et Goethals, pour des raisons diverses, n’ont rejoint le groupe que sur le tard.

Bien moins de qualité qu’en 1993

« Soyons réalistes », poursuit Stas. « Il n’y a plus une génération comme celle qui participa à l’EURO 1993. On ne peut pas trouver dix joueurs belges qui ont le potentiel pour aller défier les Grecs sur leurs terres. Cette situation risque hélas d’encore empirer au fil du temps. Combien de Belges jouent-ils l’Euroligue? Cinq ou six, en comptant Eric Struelens, Jean-Marc Jaumin et Tomas Van den Spiegel… qui ne sont pas là. C’est très bien de briller avec Anvers, Wevelgem ou Louvain, mais un Championnat d’Europe, c’est d’un autre niveau ».

De l’équipe qui participa à l’EURO 1993 à Berlin, il reste le coach Tony Van den Bosch, Goethals et Stas… un capitaine que Van den Bosch avait même bombardé assistant-coach. Une décision qui a suscité bien des commentaires. Giovanni Bozzi, le coach de Charleroi, avait dit: « Jacques est le meilleur distributeur de Belgique, laissons-le distribuer. Il aura encore le temps de coacher plus tard ».

« Je ne peux pas être sur le terrain et sur le banc en même temps », dit Stas. « Je veux bien aider Tony le jour où je serai 12e homme, mais pour l’instant, ce n’est pas le cas. Plus tard, j’ai envie de rester au contact de l’équipe nationale. Comme entraîneur de jeunes, je serais partant tout de suite. Assistant du coach fédéral? Pourquoi pas? Mais il ne faut pas que la cause soit perdue d’avance, sinon à quoi bon commencer? »

La voie du coaching semble en tout cas toute tracée: « En principe, il me reste deux ans de basket après cette saison-ci. A Charleroi ou ailleurs. Coacher un club me plairait, c’est sûr. Aurai-je la chance de pouvoir passer sans transition du terrain au banc, comme l’a fait Yves Defraigne à Mons-Hainaut? Une autre possibilité, avant de se lancer, serait de partir un an à l’étranger pour être l’assistant d’un grand coach européen et apprendre à son contact. Quelqu’un comme Dusko Ivanovic, par exemple ».

Comment faire progresser le basket belge?

Car Stas a envie de faire progresser le basket belge et l’équipe nationale en particulier. On le sent toutefois perplexe face à l’ampleur de la tâche: « Ce qu’il faudrait faire? D’abord, former des jeunes. Ensuite, établir un règlement qui oblige tous les clubs à céder leurs joueurs à l’équipe nationale. Il faudrait aussi obliger les clubs à aligner un certain nombre de Belges en championnat. Si une limitation du nombre d’étrangers est possible dans les autres pays, pourquoi pas chez nous? On pourrait également imaginer qu’une sélection belge participe au championnat en guise de préparation au Championnat d’Europe. Mais là, c’est sans doute voir trop loin ».

C’est presque résigné -une attitude qui ne lui ressemble pas- qu’il constate: « Lors de chaque campagne avec l’équipe nationale, on repart à zéro avec un nouveau responsable. Lorsqu’on revient chez les Belgian Lions après quelques mois d’absence, on constate que les problèmes qui existaient précédemment sont toujours là. Seuls les hommes ont changé. Yvan Slangen est plein de bonne volonté, mais c’est sa première expérience à la tête de l’équipe nationale et des erreurs sont commises. Par exemple, lors du tournoi d’Amsterdam, nous n’avions pas de serviettes sur le banc. C’est un détail… Mais quand ce ne sont pas les serviettes qu’on a oublié, ce sont les bouteilles d’eau. Ou alors, on oublie de nous réveiller pour partir en déplacement. Pour le premier entraînement, on avait donné rendez-vous au Sart-Tilman. Certains joueurs se sont retrouvés au Blanc-Gravier. Conclusion: au lieu de débuter à 10 heures, l’entraînement a commencé à 11h30. Il y a toujours quelque chose ».

« Trop de problèmes à court terme… »

« Le problème financier demeure aigu également: Yvan Slangen disposera-t-il des moyens pour réaliser tout ce qu’il a en tête? Au vu des expériences précédentes, on peut se montrer sceptique. Il se trouve toujours certaines personnes pour penser qu’on peut aussi y arriver en ne faisant que la moitié de ce qui avait été prévu. Tout le monde a certainement envie que l’équipe nationale progresse, mais en dépensant le moins d’argent possible. La meilleure solution serait sans doute d’arriver à une certaine privatisation de l’équipe nationale et de trouver un homme fort qui puisse s’investir à temps plein dans la recherche de sponsors, puisque la fédération n’a pas les moyens de le faire ».

En tant que capitaine, Jacques Stas sert de lien entre les joueurs et le staff. Un rôle qu’il prend très au sérieux. « Au début de la campagne, j’ai réuni les joueurs pour être à l’écoute de leurs griefs et les transmettre au staff. Ce qu’il est ressorti de ces discussions? Beaucoup de choses, mais en particulier le fait que les joueurs sont là parce qu’ils ont été appelés, sans plus. Ils regardent ce qui va se passer. Et souvent, ils sont déçus. Je ne retrouve plus cette fierté et cette motivation à défendre la cause belge qu’il y avait autrefois. Après, lorsqu’ils retournent dans leur club, ils se demandent ce qu’ils sont venus faire en équipe nationale. Ils constatent que l’organisation est meilleure au club qu’au sein des Belgian Lions, alors qu’en principe, ce devrait être le contraire. Si, en ce qui me concerne, j’ai conservé cette fibre patriotique, c’est parce que le virus m’a été transmis dans les équipes nationales de jeunes. Je suis international depuis l’âge de 12 ans, je sais que c’est à travers toutes ces étapes que j’ai pu progresser et atteindre la D1. J’ai gardé cet état d’esprit. Mais tout le monde n’a pas eu la chance de vivre les mêmes expériences ».

Après avoir été à l’écoute de ses coéquipiers, Stas s’est réuni avec le staff. « Dans un premier temps, on a essayé de résoudre les problèmes à court terme. J’espère qu’on se reverra plus tard pour aborder des problèmes plus conséquents. Mais il y a tellement de problèmes à court terme… »

Daniel Devos

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