Plusieurs Africains ont quitté le club l’été dernier. D’autres doivent partir en janvier.

Beveren n’est plus le FC Côte d’Ivoire. Depuis le limogeage de Jean-Marc Guillou, le club démantèle sa colonie africaine parce qu’il veut redevenir un cercle familial et régional en offrant de nouveau leur chance aux jeunes du cru. Il y a quelques semaines, Constant Kipre Kaiper, Alexandre Tokpa, Abdoulaye Diawara Diabis et Herman Beugre Pacheco ont été priés de se chercher un employeur pendant la trêve. Les intéressés reprochent au club un manque de communication et de respect.

Kaiper :  » Je le sentais venir depuis le début de la saison. Je l’ai appris en lisant le site du club. Il aurait dû nous prévenir. Je suis sous contrat jusqu’en juin mais je préfère partir en janvier si possible. La plupart des clubs s’intéressent à ce qu’un joueur peut apporter en fonction de ses ambitions. Pas Beveren. Il est hypocrite s’il ne nous a pas avoué le motif de notre mise à l’écart « .

Diabis :  » Cela fait mal car nous avons défendu le maillot de Beveren pendant trois ans. Il n’est pas obligé de nous garder mais aurait pu faire preuve de plus de respect. Le coach n’en a jamais parlé mais il m’a brusquement écarté alors que je ne jouais pas moins bien. Je m’incline devant une décision sportive mais j’ai l’impression qu’on nous reproche d’être Noirs « .

Tokpa s’est adressé à Walter Meeuws :  » Il ne m’a pas donné de motif, affirmant qu’il s’agissait d’un choix et que le club ne pouvait garder tous les Africains. Il m’a conseillé de partir dès que possible. En effet, mieux vaut que je joue, pour continuer à progresser « .

Vivant en communauté à Beveren, les Ivoiriens ont le c£ur encore plus gros à l’heure du départ.

Tokpa :  » Beveren nous a vraiment adoptés. Le public nous a toujours soutenus, même quand l’équipe était pratiquement africaine. Nous étions en harmonie avec les supporters. Même pour un match de bas de tableau contre Mouscron, le stade était comble. Enfin, un footballeur doit s’incliner, il sait qu’il n’effectuera pas toute sa carrière au sein d’un même club « .

Les trois hommes sont visiblement affectés sans se sentir malheureux. Ils sont même convaincus de sortir plus forts de l’épreuve.

Diabis :  » Tous les grands footballeurs ont traversé des moments difficiles. Ils vous forgent le caractère. Nous conservons de bons souvenirs, comme la campagne en Coupe UEFA il y a deux ans « .

Topka opine :  » On n’apprend rien quand tout va bien. Je distingue ma vie professionnelle de ma vie privée. Quand je suis en famille, j’oublie le football. Je me suis aussi fait beaucoup d’amis ici. Je ne les oublierai jamais « .

Diabis :  » Nous avons battu tous les grands clubs avec la Réserve. Cela signifie que nous sommes bons et que nous travaillons. C’est essentiel pour rester en forme. Nous conservons le plaisir de jouer. Sans cela, comment convaincre les scouts qui nous visionnent ? »

D’un transfert réussi dépend sans doute le reste de leur carrière. Si Emmanuel Eboué a été transféré à Arsenal, beaucoup d’Ivoiriens n’ont pas vraiment réussi. Secreto et Tia, partis plus tard, et le Congolais Bikinda, pour ne citer qu’eux, éprouvent toutes les peines du monde à trouver embauche. Tokpa :  » Tout rentrera en ordre. Nous finirons par trouver un club. Evidemment, rien n’est jamais acquis en football, mais c’est aussi le cas des titulaires actuels. Ils peuvent se blesser et louper le reste de la saison. Nous essayons de rester positifs. Il y a tellement de jeunes joueurs qui ont périclité dans un club puis éclaté dans un autre… Il y a bien un club auquel nous pouvons être utiles sur cette terre « .

PETER MANGELSCHOTS

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